Systèmes de transfert fermé, les résultats de l’étude réglementaire divulgués
Les résultats de l’étude comparative d’exposition des opérateurs lors de l’utilisation de trois systèmes de transfert fermés, dont easyconnect, viennent d’être dévoilés par CropLife Europe. Le niveau de protection lors du remplissage du pulvérisateur atteint 98 %.
À l’initiative de CropLife Europe, easyconnect, EasyFlow® et GoatThroat ®, Systèmes de transfert fermé (STF) de produits phytopharmaceutiques vers le pulvérisateur, ont été expérimentés en conditions réelles à l’automne 2021. L’ensemble des données brutes a été soumis le 2 juillet à l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA). Une publication scientifique à comité de lecture est par ailleurs en cours de rédaction pour donner accès plus largement à ces bons résultats. Ensuite, les agences européennes d’évaluation des substances phytopharmaceutiques de chaque pays pourront s’emparer de ces valeurs de protection des applicateurs lorsqu’elles devront définir les conditions sécuritaires d’application des produits. Raison pour laquelle l’objectif réglementaire de ces tests nécessitait de les réaliser sous bonnes pratiques de laboratoire (BPL), avec validation de tous les éléments par une tierce partie. Pour mieux prendre en compte les contraintes sur le terrain et la diversité des pratiques, l’expérience a été programmée dans des exploitations agricoles de quatre pays : Allemagne, Espagne, Pays-Bas et France.
Des essais pour valider le degré de sécurité en situation de fatigue
« Tous ces dispositifs avaient déjà passé avec succès les examens exigés pour obtenir la norme ISO 21191/2021 relative aux STF, explique Julien Durand-Réville, responsable santé prévention chez Phyteis. Néanmoins, lors de ces tests normatifs, le calcul précis de l’efficacité de ces systèmes pour protéger les opérateurs n’était pas établi. C’est désormais fait, et dans des situations d’usages extrêmes. En effet, chaque opérateur suivi, n’avait au préalable de l’étude jamais utilisé ces systèmes et a dû manipuler successivement 28 bidons pour chacun des 3 systèmes. Il entrait ainsi dans un comportement « automatique » pour mieux prendre en compte de la fatigue et d’éventuelles fausses manipulations ».
Au total, 1 008 opérations de remplissage réalisées par douze opérateurs ont été tracées dans l’étude européenne. Les équipements de protection individuelle (EPI) et sous-vêtements collecteurs utilisés ont été soigneusement découpés et analysés afin de détecter d’éventuelles traces de résidus sur les EPI et même sous les EPI (pour étudier l’effet cumulé de l’usage d’un STF et d’EPI).
Plus de 98 % de réduction de l’exposition aux produits phytos
Que révèle l’étude ? Les trois systèmes montrent une réduction significative de l’exposition de l’opérateur par rapport aux valeurs de référence issues du modèle d’évaluation européen, l’AOEM (Agricultural Operator Exposure Model) utilisé par l‘EFSA.
Pour easyconnect et EasyFlow®, le potentiel de réduction de l’exposition par rapport à l’AOEM est établi entre 98,3 % et 99,6 % (selon les percentiles et les deux formulations retenues). Easyconnect est le système qui semble aujourd’hui être retenu par la majorité des sociétés de protection des cultures engagées dans la mise en place des STF.
Pour GoatThrow®, la réduction de l’exposition ressort quant à elle entre 72.6 % et 93,2 %. Le nettoyage des conteneurs avec le système GoatThroat®, effectué manuellement par agitation et le fait que le système nécessite de plonger et retirer un tuyau rigide dans le bidon, peuvent expliquer ce décalage. « Le facteur de fatigue de l’opérateur lors du rinçage manuel des 28 conteneurs est probablement très important, conduisant à une moindre vigilance des agriculteurs à nettoyer correctement l’équipement et à retirer la sonde en fin d’intervention, relève Julien Durand-Réville. Conséquence, des contaminations supplémentaires sont générées en comparaison à un suivi correct des instructions d’emploi de ce matériel. »
Ces hypothèses sont renforcées par les résultats de tests préliminaires qui avaient été réalisés avec moins de cinq containeurs manipulés à la suite, les résidus détectés sur les EPI étaient également très faibles pour GoatThroat®.
« Si on cumule l’usage de STF et d’EPI, le résultat de réduction des trois systèmes est similaire et proche d’empêcher entièrement l’exposition des opérateurs, précise Julien Durand-Réville. C’est vraiment efficace dans la vraie vie. »