L’indicateur de risque HRI-1, futur baromètre européen pour évaluer la réduction de l’utilisation des pesticides
L’Europe retient l’indicateur de risque harmonisé (HRI-1) pour évaluer la mise en œuvre du Green Deal et l’application du futur règlement sur l’utilisation durable des pesticides. Cet indicateur est à croiser avec les conditions agronomiques pour plus de pertinence. En France, il fait partie de la boite à outils des indicateurs du Plan Ecophyto.
La Commission européenne a présenté le 22 juin son projet de révision de la directive sur l’utilisation durable des pesticides, en règlement. Celui-ci concrétise les objectifs de réduction de pesticides de la stratégie Farm to fork du Green Deal. Pour suivre les progrès accomplis par les agriculteurs de chaque pays afin d’atteindre globalement en Europe une réduction de 50 % de l’utilisation et des risques liés aux produits phytosanitaires, elle a choisi l’indicateur HRI-1.
HRI-1, plus pertinent que le Nodu du plan Ecophyto
Créé en 2019, déjà appliqué, HRI-1 pour Harmonised risk indicator for pesticides est un indicateur calculé à partir des ventes de produits phytosanitaires qui prend en compte la toxicité de la molécule. Il correspond à la somme des quantités de substances actives vendues en année N, pondérée par les coefficients liés à leur classification toxicologique. Ces données sont classées en quatre groupes.
« L’indicateur HRI-1 est un moyen de mesurer la réduction des risques, il est plus pertinent que le Nodu établi en France pour suivre le plan Ecophyto, explique Pierre-Yves Busschaert, responsable des affaires économiques Phyteis. Outre sa complexité, le Nodu ne prend en compte que les quantités de substances actives (QSA) vendues par les distributeurs agricoles aux agriculteurs. Il ne reflète pas l’évolution des pratiques agricoles. Construit à partir des données de l’agriculteur, l’Indicateur de fréquence de traitement (IFT), autre baromètre du plan Ecophyto utilisé régionalement, est plus pragmatique. »
Ne pas dissocier l’utilisation des pesticides des situations agronomiques
Phyteis et son organisation européenne CropLife sont favorables à l’amélioration des indicateurs de risques existants comme HRI-1 et au développement d’indicateurs prenant en compte les situations agronomiques spécifiques des Etats membres ainsi que la performance de l’agriculture. « L’indicateur HRI-1 pourrait aussi être croisé avec un indicateur de productivité agricole pour plus de cohérence avec les enjeux de sécurité alimentaire, de compétitivité de l’Europe et avec un indicateur de pression des bioagresseurs», complète Pierre-Yves Busschaert.
Comment sont définis les quatre groupes de risque HRI-1 ?
Les groupes 1 et 2 correspondent aux substances actives et aux micro-organismes autorisés.
- Pour le groupe 1, ces substances sont inscrites dans la partie D de l’annexe du règlement d’exécution (UE) no 540/2011. Leur niveau de risque est faible. Il concerne 17 substances actives en 2019.
- Pour le groupe 2, elles relèvent des parties A et B de l’annexe du règlement d’exécution (UE) no 540/2011. Une quarantaine de microorganismes et environ 395 substances chimiques sont recensées dans ce groupe.
Le groupe 3 concernent les substances actives approuvées dont la substitution est envisagée. Ce sont les produits classés cancérigènes (CMR 1 – 2), les substances toxiques pour la reproduction de catégorie 1 A ou 1B ; et/ou les perturbateurs endocriniens lorsque l’exposition des êtres humains est négligeable (Catégorie F). D’autres substances comme le cuivre ne répondant à ces critères sont dans ce groupe (Catégorie E). 72 substances au total sont répertoriées en France en 2019.
Le groupe 4 rassemble les substances actives qui ne sont pas approuvées en vertu du règlement (CE) no 1107/2009. Les ventes associées à ces substances correspondent essentiellement aux ventes réalisées dans le cadre de dérogation « 120 jours ».
Indicateur HRI-1 et Ecophyto
En France, entre 2018 et 2019, l’indicateur HRI-1 a montré un recul de 33,5 % des ventes de produits pour le groupe des substances approuvées ou réputées approuvées (groupe 2). Les diminutions les plus importantes sont celles du glyphosate (-3 624 tonnes par rapport à 2018) suivi par le mancozèbe (-2 846 tonnes). Pour les substances candidates à la substitution (groupe 3) c’est-à-dire celles pour lesquelles des solutions alternatives sont recherchées, le repli est de 44 % .