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Comment protéger les cultures en agriculture biologique ?

Les agriculteurs qui répondent au cahier des charges de l’agriculture biologique peuvent utiliser des produits de bioprotection pour lutter contre les insectes et les maladies. Ces solutions doivent répondre à trois conditions : être appliquées sur les cultures en dernier recours, les substances doivent être autorisées au titre de deux règlements européens et les produits bénéficier d’une autorisation de mise en marché en France.

La protection des cultures contre les bioagresseurs est incontournable, quel que soit le modèle agricole. En agriculture biologique comme en agriculture conventionnelle, la base de la réflexion s’appuie sur de l’agronomie. Une combinaison de pratiques culturales limite le développement des maladies, les attaques d’insectes et réduit le stock de semences de mauvaises herbes dans le sol.

Toutefois, lorsque la pression des bioagresseurs devient trop forte, menace le rendement et la qualité de la récolte, le cahier des charges de l’agriculture biologique autorise le recours aux produits phytopharmaceutiques sous plusieurs conditions. « Les produits utilisés doivent bénéficier d’une autorisation de mise sur le marché en France qui est délivrée par l’Anses, explique Philippe Michel, directeur affaires réglementaires et juridiques chez Phyteis. Les substances actives composant ces produits doivent être autorisées au titre du règlement européen 1107/2009 mais également explicitement mentionnées à l’annexe I du règlement européen n° 2021/1165. »

Ces produits possèdent alors la mention Utilisable en agriculture biologique (UAB). En septembre 2022, la base ephy de l’Anses recense 2 109 usages appartenant à la catégorie UAB, un produit pouvant être appliqué sur une ou plusieurs cultures pour une ou plusieurs cibles. La liste UAB totalise en fait 172 produits phytosanitaires uniques. Près de 60 % d’entre eux figurent aussi sur la liste des produits phytopharmaceutiques de biocontrôle régulièrement publiée par la DGAL. Spécifique à la France, cette liste fait l’objet d’une définition réglementaire en 2014, inscrite dans le code rural.

 Quel est le critère commun à tous les produits utilisables en AB ?

Globalement la mention Utilisable en AB concerne les produits composés de substances de base ou à faible risque telles que définies dans le règlement 1107/2009, de micro-organismes ou des substances naturelles ou inspirées par la nature. Il peut s’agir d’éléments minéraux, d’extraits de végétaux, de substances d’origine animale, d’huiles essentielles, de médiateurs chimiques…

Qu’est-ce qui distingue les produits de biocontrôle ?

L’inscription sur la liste positive des produits phytopharmaceutiques de « biocontrôle » publiée par la DGAL est soumise à des conditions. Les produits concernés ne doivent pas posséder certaines caractéristiques de dangers toxicologiques ou environnementales. «De plus, pour être inscrit sur la liste des produits de biocontrôle, la substance active ne doit pas être candidate à la substitution, complète Philippe Michel. Le cuivre, dont le renouvellement communautaire est prévu en 2025, est dans ce cas, le soufre non. » Quant aux produits phytopharmaceutiques listés comme produits de biocontrôle en France, ils ne figurent pas tous sur la liste UAB. Plus de 75 % sont dans cette situation.

Dans le cadre de la lutte biologique, préconisée en AB, les agriculteurs peuvent avoir recours aux macro-organismes comme les trichogrammes lâchés en juin dans les parcelles de maïs, pour parasiter les larves de pyrales. Eux-aussi sont inscrits à une liste officielle des macro-organismes pilotée par l’Anses. Ceux vivants déjà à l’état naturel en France, n’ont pas de contraintes d’emploi et ne sont pas soumis à un avis préalable de la part de l’Anses.

Les solutions de bioprotection utilisables en AB s’appliquent en dernier recours

Toutefois pour que les agriculteurs en bio puissent utiliser ces produits et disposer du label AB, la réglementation impose en plus un cheminement précis dans la conduite de la protection de leurs cultures ainsi qu’une justification de l’application. Les produits phytopharmaceutiques UAB sont à appliquer après avoir mobilisé une liste de méthodes agronomiques préventives (lutte biologique, choix des espèces, techniques culturales…) et curatives (biofumigation, méthodes mécaniques et procédés thermiques,…) . Ces moyens sont définis dans le règlement 2018/848.

Toutes les solutions de bioprotection des cultures utilisables en agriculture biologique s’adressent à l’agriculture conventionnelle

REPÈRES

Usages en agriculture biologique

2109 usages appartenant à la catégorie « agriculture biologique »

172 produits uniques

  • Près de 60 % sont de biocontrôle
  • Environ 40 % sont des fongicides
  • Plus de 20 % sont des insecticides
  • 12 % sont des attractifs (phéromones et kairomones)

Source base e-phy, septembre 2022