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Parole d'expert

Comment évolue l’exposition de la population française aux résidus de pesticides ?

Chaque année, l’Efsa publie au printemps son rapport sur l’exposition des européens aux résidus de pesticides. Julien Durand-Réville, responsable santé Phyteis explique les études que mène la France. et précise les évolutions réglementaires.

En France, quelles études suivent l’exposition des consommateurs ?

Au niveau national, Santé Publique France évalue, à travers l’étude Esteban, l’imprégnation de la population générale française âgée de 6 à 64 ans à divers facteurs. Dans ce cadre, elle prend en compte l’exposition aux contaminants, aux métaux lourds et aux pesticides. Cette étude est reconduite régulièrement. Une cohorte mère-enfant, complémentaire, est également en place au niveau national. Il s’agit de la cohorte Elfe (Étude longitudinale française depuis l’enfance) qui s’appuie notamment sur des analyses d’urines. En parallèle, chaque année, la DGCCRF et le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire effectuent des prélèvements ciblés et aléatoires sur des aliments. Ces analyses permettent d’évaluer leur taux de conformité. Agrégées par l’Efsa au niveau européen dans son programme annuel de surveillance, ces données participent à l’évaluation des risques alimentaires en Europe.

Quels sont les résultats de l’étude Esteban menée par Santé Publique France ?

Le 15 décembre 2021 Santé Publique France révélait les résultats de son programme national de biosurveillance pour la période 2014-2016. L’étude s’intéresse notamment aux niveaux d’exposition des Français à cinq familles principales de pesticides, ainsi qu’aux PCB, dioxines et furanes. Point important, cette étude considère toutes les sources potentielles de contaminations, via l’alimentation, l’eau et l’air. Ceci, qu’elles soient d’origine domestique, professionnelle ou agricole.

Plusieurs conclusions sont rassurantes. Globalement, de moins en moins de Français présentent des traces de pesticides dans leur organisme. Cette proportion a baissé de manière significative par rapport à l’Étude nationale nutrition santé (ENNS) de 2006-2007. Extrêmement faibles, ces traces sont par ailleurs souvent inférieures aux expositions que l’on constate dans les études nord-américaines similaires. La baisse de l’exposition des personnes va probablement se poursuive dans les années à venir. Ces progrès reflètent l’amélioration des profils des produits, des pratiques agricoles.  Également, ils démontrent l’efficacité de la réglementation française qui permet de réduire les expositions.

Comment évolue en parallèle l’évaluation du risque des pesticides ?

En premier lieu, rappelons que quantification ne signifie pas danger. Le risque dépend de l’exposition, le danger est un potentiel.

Ensuite, l’évaluation des produits phytopharmaceutique en Europe repose sur une base scientifique solide. Les substances actives les plus récemment mises sur le marché présentent en moyenne une toxicité́ significativement plus faible que les plus anciennes. En 60 ans, on observe une diminution par 10 de la toxicité́ moyenne des substances actives C’est le reflet d’une évolution continue de la science, de la règlementation et de l’innovation. Par ailleurs, nous sommes actuellement à la 4e génération de règlements européens pour l’évaluation des produits phytopharmaceutiques. À chaque étape, la Commission européenne ajoute de nouvelles études. Les molécules récemment mises sur le marché, comme les anciennes, doivent répondre aux nouveaux critères, toujours plus strictes. Enfin, nous sommes le premier secteur qui travaille spécifiquement sur les effets cumulés des résidus de substances.