Le Sclérotinia du colza
Le sclérotinia du colza, connu sous le nom de pourriture blanche, est l’une des principales maladies du colza. A l’heure actuelle, seule une approche combinatoire préventive permet de limiter les risques d’infection et de pertes de rendement.

Le champignon Sclérotinia sclerotiorum, responsable de la maladie, peut infecter une large gamme de cultures, telles que le soja, le tournesol, le colza, le melon, etc. Chaque attaque représente une opportunité pour le champignon de se multiplier et d’enrichir le sol en sclérotes.
Il n’existe pas de traitement curatif contre le sclérotinia. Bien qu’aucune attaque massive de sclérotinia n’ait été observée depuis 15 ans, les agriculteurs doivent maintenir une stratégie préventive. Celle-ci passe par une combinaison de différents leviers permettant de limiter son développement.
Le cycle de développement du sclérotinia du colza
Le sclérotinia du colza se développe principalement au printemps, lorsque les conditions climatiques sont douces et humides.
Les sclérotes (structures de conservation du champignon dans le sol) germent lorsque la température dépasse 5°C et par humidité élevée pendant environ 10 jours. Très résistants, ils peuvent vivre dans et à la surface du sol pendant 5 à 10 ans.
Par conséquent, le sclérotinia représente une menace de longue durée pour la culture de colza.
Par la suite, les sclérotes produisent des apothécies, qui sont de petits disques beiges au ras du sol. Chaque apothécie peut libérer entre 2 et 30 millions d’ascospores en quelques jours.
Les ascospores sont alors transportées par le vent et se déposent sur les pétales de colza. En tombant sur les feuilles ou à l’aisselle des feuilles, les pétales contaminés créent un environnement humide favorable à la germination du mycélium. Quand les conditions sont favorables, celui-ci progresse le long de la feuille pour atteindre la tige.
Le champignon se propage ensuite à l’intérieur de la plante, formant un manchon blanchâtre centré sur le point d’insertion de la feuille. Ces taches de pourriture, entraînent une rupture de l’alimentation des parties hautes de la plante et son échaudage.
En cas d’attaque sévère, les tiges peuvent se plier et entraîner de la verse.
La nuisibilité du sclérotinia du colza
Le sclérotinia du colza est une maladie très nuisible qui peut entraîner des pertes de rendement significatives.
Les pertes de rendement peuvent atteindre jusqu’à 20 quintaux par hectare dans les cas les plus sévères. On estime les pertes de l’ordre de 1 à 1,5 q/ha par tranche de 10 % de tiges attaquées. Les attaques sur les ramifications sont cependant moins nuisibles, sauf si plus de 50 % d’entre elles sont atteintes.
Bien que la fréquence des attaques sévères soit relativement faible, le sclérotinia reste la maladie la plus préoccupante et préjudiciable pour le colza.
Stratégie de protection combinatoire contre le sclérotinia du colza
Pour limiter et maîtriser le sclérotinia du colza, il est essentiel d’adopter une approche préventive combinant plusieurs leviers de gestion.
Rotation des cultures
Afin de limiter l’accumulation de sclérotes dans le sol, il est essentiel d’éviter la succession de cultures sensibles au sclérotinia (tournesol, soja, cultures légumières). Plus la rotation est longue et diversifiée, plus le risque d’infestation diminue.
Densité de semis
Un semis trop dense crée un microclimat humide favorable à la maladie. Pour réduire ce risque, il est conseillé de diminuer la densité de semis et d’augmenter l’écartement entre les rangs. La culture gagne ainsi en aération.
Traitements fongicides
Les traitements fongicides actuellement disponibles contre le sclérotinia doivent être appliqués de manière préventive. Le moment clef pour leur application est le stade G1. Celui-ci correspond à la chute des premiers pétales.
Afin de se préparer pour le stade G1, il est recommandé d’identifier le stade F1, qui marque le début de la floraison (50 % des plantes avec une fleur ouverte). Le stade G1 intervient 6 à 12 jours plus tard, en fonction des conditions météorologiques et de la variété.
Ces dernières années, l’apparition de souches de sclérotinia résistantes à certains fongicides a rendu nécessaire une gestion plus raisonnée des traitements. Afin de guider cette gestion, l’Anses, l’Inrae et Terres Inovia publient chaque année une note commune listant des recommandations.
A noter que les traitements contre le sclérotinia ont également un impact sur l’ensemble des maladies affectant le colza.
Biocontrôle
Le biocontrôle offre une approche complémentaire aux fongicides conventionnels. Ces solutions présentent une efficacité plus modérée (20 à 30 % dans des conditions favorables). Elles s’inscrivent cependant dans une démarche agroécologique et contribuent à la réduction des intrants chimiques.
Certaines bactéries possèdent des propriétés fongicides naturelles et/ou peuvent agir comme stimulateurs des défenses naturelles (SDN).
Il existe également une solution de biocontrôle innovante utilisant un champignon parasite spécifique du sclérotinia (Coniothyrium minitans). Celui-ci se nourrit des sclérotes. Il réduisant ainsi leur stock dans le sol et diminuant le risque de contamination des cultures lors des saisons suivantes. L’application répétée dans le temps de la solution permet d’adapter au mieux les programmes fongicides chimiques complémentaires.
La protection combinatoire contre le sclérotinia du colza en 2030
Le recours à des variétés de colza moins sensibles au sclérotinia constitue une piste intéressante. Mais ce levier en est encore à ses débuts.
Ces nouvelles variétés devront par ailleurs être résistantes à d’autres maladies afin d’assurer une protection globale des cultures.
Le biocontrôle représente aujourd’hui environ 5 à 7 % du marché des fongicides, en termes de valeur et de surface traitée. Bien que sa part soit encore modeste, il est amené à se développer. Il pourrait jouer un rôle de plus en plus important dans les années à venir.