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Phyteis

Le biocontrôle prend de plus en plus ses marques

L’actualité est riche sur la thématique du biocontrôle avec le lancement de l’association ABBA, biocontrôle et biostimulation pour l’agroécologie. Alors, comment les viticulteurs appréhendent-t-ils ces biosolutions ? Le biocontrôle devient-il un pilier de l’approche combinatoire pour protéger la vigne ? Enquête auprès des adhérents de Phyteis dans le cadre du Sitevi qui s’est tenu du 28 au 30 novembre à Montpellier.

Quelle est la clé d’entrée des produits de biocontrôle dans les itinéraires techniques de protection de la vigne ? Majoritairement, elle reste la baisse de l’Indicateur de fréquence de traitement (IFT). Établi dans le cadre du Plan Écophyto, il constitue l’une des références de la certification Haute valeur environnementale (HVE).

« Associés ou non aux produits phytosanitaires, positionnés en début ou fin de cycle de la vigne selon le niveau de pression des bioagresseurs, toutes les options d’utilisation des produits de biocontrôle sont possibles, complète Christophe Zugaj, directeur de la communication De Sangosse. De plus, ces produits se combinent à d’autres produits de bioprotection tel que  le cuivre, utilisable en agriculture biologique.»

Le biocontrôle plus facilement adopté en combinatoire

Désormais, les produits de biocontrôle sont considérés comme des solutions à part entière. Aussi, ils s’insèrent dans les itinéraires techniques. « La stratégie combinatoire reste le moyen le plus pédagogique pour que ces produits soient largement adoptés », précise Jean-François Castanié, responsable marketing région Sud Syngenta.

C’est aussi une question d’angle d’approche. « Progressivement, les mentalités changent, précise Aurelia Bekkal, chef marché vigne Corteva. Les viticulteurs utilisent de plus en plus dans leurs programmes de produits conventionnels et des produits de biocontrôle ou d’origine biologique. Ils tirent profit des bénéfices de chacun. »

Biocontrôle et efficace !

En appui, sur les stands des adhérents de Phyteis, le terme biocontrôle s’associe à « efficacité » et « rentabilité ». « Les produits d’origine naturelle renforce même l’efficacité d’un programme conventionnel : un tel argument parle aux viticulteurs », ajoute Christophe Zugaj. Par ailleurs, ces solutions apportent une réponse face à un pathogène difficile à gérer tel que le black rot. En effet, contre ce parasite, le nombre de substances actives autorisées diminue. Dans ce cadre, l’Institut technique de la vigne et du vin (IFV) a restitué le 28 novembre sur le Sitevi les résultats de son programme Zéro black rot. Des produits de biocontrôle avec du bicarbonate de potassium formulé ou du phosphonate de potassium révèlent des niveaux d’efficacité intéressants. Conséquence, jusqu’à 70 % d’efficacité contre le black rot est obtenue. Alors, ces produits de biocontrôle sont associés au soufre pour certaines spécialités.

Approche holistique de la protection de la vigne

Désormais, la santé de la vigne se perçoit de façon globale et holistique. « C’est cette approche qui est étudiée par l’IFV dans le cadre du projet Novaterra, dont Corteva est l’un des partenaires », indique Véronique Lerendu. Elle est responsable technique biostimulants et nutrition innovante chez Corteva. Aussi, elle a présenté des résultats de deux essais lors d’un atelier organisé par l’IFV le 29 novembre. Ces essais concernent des solutions d’optimisation de la nutrition de la vigne. Parmi celles-ci : une innovation à base de bactéries fixatrices d’azote. « La biostimulation peut être un levier afin que la vigne exprime au mieux son potentiel, ajoute Véronique Lerendu. Alors, la plante valorise les ressources de son environnement, y compris lors de stress hydrique ou de conditions pédologiques limitantes. »

En effet, les viticulteurs doivent de plus en plus faire face aux aléas climatiques, notamment le manque d’eau. Des biosolutions accroissent la résilience de la vigne par exemple. Certaines la préparent à réagir comme le font les vaccins. D’autres améliorent la réabsorption de l’eau de la plante après un stress hydrique. « Cela rassure de savoir que les biostimulants sont homologués et de comprendre leur fonctionnement », témoigne Pauline Creton responsable promotion Sumi Agro.