« Le déploiement de la bioprotection en vigne s’appuie sur l’expérimentation terrain »
En viticulture, les solutions de bioprotection constituent un pilier essentiel de la protection des vignes en relais de la prophylaxie pour limiter la pression des bioagresseurs. Elles s’insèrent aussi dans les programmes phytosanitaires pour réduire les doses de produits conventionnels. Dans tous les cas, les conseillers sollicitent l’avis des structures d’expérimentation pour affiner leurs recommandations. Exemple avec le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (Comité Champagne).
L’ambition du vignoble champenois d’atteindre 100 % de certification environnementale d’ici à 2030 incite à une forte limitation des produits phytosanitaires mais n’oublie pas l’obligation de résultats en termes d’efficacité des méthodes de protection de la vigne. Dans ce cadre, la mission du CIVC, le Comité interprofessionnel du vin de Champagne est d’orienter les viticulteurs vers des pratiques innovantes, donnant les meilleurs résultats. À travers ses expérimentations, la structure répond à la demande grandissante des conseillers viticoles de prescrire davantage de solutions de bioprotection. Ces analyses sont essentielles pour ajuster le conseil et accompagner au mieux le déploiement de ces solutions sur le terrain.
Un besoin d’évaluer les méthodes de bioprotection qui émane du vignoble
Alors, pour gérer les maladies majeures de la vigne telles que le mildiou, l’oïdium ou la pourriture grise, les solutions d’origine naturelle doivent être évaluées dans les conditions du vignoble champenois, planté en vignes étroites. La quantité de produit déposée par unité de surface de cible peut se révéler insuffisante. « Le produit est alors involontairement sous-dosé ce qui en général limite son efficacité », indique Marie-Laure Panon du service vigne du Comité Champagne. Cette particularité conduit le Comité à expérimenter ses propres références pour coller aux problématiques locales. « Par exemple avec le soufre, le cuivre ou la confusion sexuelle, nous recherchons avant tout des solutions de substitution aux produits phytosanitaires classiques », ajoute-t-elle. Des préparations telles que l’acide pélargonique pour désherber les vignes, les trichogrammes pour contrôler les tordeuses de la grappe ou les phosphonates pour maîtriser le mildiou font preuve d’une efficacité intéressante mais ne permettent pas une substitution systématique, dans n’importe quelle situation.
La combinaison de solutions pour garantir l’efficacité
Dans la majorité des cas, le Comité recommande d’associer les solutions de bioprotection aux produits phytosanitaires conventionnels pour garantir une efficacité acceptable en toutes situations. Il faut également adosser ces solutions à des pratiques culturales qui vont atténuer le risque parasitaire. « Pour optimiser la promesse d’efficacité du produit, la bioprotection nécessite un accompagnement plus précis sur le terrain », souligne Marie-Laure Panon. « L’utilisation d’outils d’aide à la décision (OAD) facilite aussi cette stratégie de protection de la vigne. La profession fonde également beaucoup d’espoirs sur l’innovation variétale avec des gènes de résistances. »
Les équipes techniques du Comité Champagne étudient le positionnement optimum des produits de bioprotection, ainsi que leur niveau d’efficacité en lien avec le mode de conduite du vignoble champenois, planté en vignes étroites.