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« Précision et réactivité sont les maîtres mots pour optimiser la bioprotection »

La certification environnementale incite les viticulteurs à s’engager plus loin sur la voie de la durabilité. En appellation Cognac, elle est même un pré-requis pour accéder au marché à l’exportation. David Moreau, viticulteur charentais, a pris très tôt les devants. Il a changé en dix ans sa façon de protéger ses vignes, en misant sur la synergie entre les solutions de bioprotection. Et ça marche.

L’appellation Cognac vise 100 % de ses exploitations possédant la certification environnementale en 2030 au plus tard. Ce label collectif, propre à cette filière, complète la certification Haute valeur environnementale (HVE).

David Moreau est exploitant viticole à Segonzac en Charente sur 45 ha. Il a obtenu la certifiée Haute valeur environnementale en 2017 et 2020. Le volet stratégie phytosanitaire du cahier des charges de cette démarche est validé s’il a le moins possible recours aux produits phytosanitaires, surtout ceux classés CMR. Pour aller plus loin dans l’évolution de ses pratiques culturales et diminuer l’Indice de fréquence de traitement (IFT), il est aussi membre d’un réseau des Fermes 30 000 suivi par la Chambre d’agriculture. D’autant que le cépage Ugni-Blanc, plante à la croissance très rapide, jusqu’à 25 cm en 1 semaine, est un hôte idéal pour le mildiou.

David Moreau, viticulteur appellation Cognac

David Moreau, viticulteur à Segonzac : « Je fonde beaucoup d’espoirs sur le développement de la bioprotection avec des solutions attractives qui apportent du résultat. »

Cinq ans de recul sur la bioprotection, 40 % de baisse de l’Indice de fréquence de traitement

Quelles sont alors les nouvelles pratiques qu’il a retenues pour protéger ses vignes ? Contre le mildiou, il associe désormais des petites doses de différentes molécules de bioprotection comme le soufre, le cuivre, les phosphonates, etc. « Il se crée une synergie entre les molécules qui rend le mélange plus efficace, indique-t-il. Je les applique au plus près du risque, pour optimiser la rémanence, et dès le démarrage du programme de protection pour contenir la maladie soit vers la fin avril-début mai. »

Il limite ainsi le recours aux fongicides conventionnels, alors utilisés en alternance ou en complément avec ces solutions de bioprotection. « Cette technique me permet de réduire la dose totale de produit phytosanitaire tout en maintenant une protection performante qui me rassure, souligne le viticulteur. En 5 ans, depuis que je pratique la bioprotection, je n’ai pas observé de différence de rendement, même en situation de risque élevé de mildiou. Pour optimiser l’efficacité de ces produits naturels, je suis très vigilant sur les conditions météo au moment de l’application. Il faut savoir être réactif et précis pour obtenir des résultats satisfaisants. » Ainsi depuis 2017, hors herbicide, l’indicateur de fréquence de traitement a reculé de 40 %. Il est passé de 16 IFT à moins de 10 IFT fongicide dont 3 traitements obligatoires contre la flavescence dorée.