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Résidus de pesticides dans les aliments, faible risque confirmé pour les consommateurs

Les programmes de surveillance des résidus de pesticides dans l’alimentation renseignent sur l’exposition alimentaire des consommateurs européens. De nouveau en 2022, plus de 96 % des échantillons respectent les limites maximales de résidus réglementaires. Via son modèle de probabilité, l’Efsa estime faible le niveau de risque pour la santé des consommateurs.

L’Agence de sécurité européenne des aliments (Efsa) publie le 23 avril son rapport annuel sur les résidus de pesticides. Il compile les résultats des contrôles effectués en Europe en 2022 sur les aliments bruts ou transformés.

« Comme les précédentes années, cette vaste enquête de l’Efsa révèle la conformité réglementaire de notre alimentation », souligne Julien Durand-Réville, responsable santé chez Phyteis.

En effet, l’étude évalue le respect des Limites maximales de résidus (LMR) et mesure l’exposition des consommateurs.

Taux global de conformité des aliments en Europe de 96,3 %

Le programme de surveillance des résidus de pesticides spécifiquement coordonné par l’UE se déroule dans le cadre des contrôles aléatoires. En 2022, il agrège les analyses de 11 727 échantillons d’aliments bruts ou transformés. Le panier est identique tous les trois ans afin d’effectuer des comparaisons.

Résultat, le panel révèle que 98,4 % des échantillons se situent dans les limites légales, contre 98 % en 2019. Par ailleurs, 51,4 % sont exempts de résidus de pesticides quantifiables. Un ou plusieurs résidus se situent dans des concentrations inférieures ou égales au LMR pour 47 % des échantillons.

En complément, l’EFsa compile les analyses que mènent les États membres. Notamment, ils ciblent les aliments faisant l’objet de dépassement ou contenant des produits phytopharmaceutiques non autorisés. Les données de la Norvège et l’Islande enrichissent cette base de surveillance accentuée. Au total, cela représente 110 829 échantillons alimentaires testés soit, en moyenne, 754 résidus de pesticides par État et 261 par échantillon. Dans l’ensemble, 96,3 % des échantillons d’aliments s’avèrent conformes aux LMR en Europe. De surcroît, le taux global de conformité reste dans la droite ligne des précédentes années. Il est de 96,1 % en 2021, de 94,9 % en 2020, de 96,1 % en 2019.

L’UE réalise en 2022 des contrôles aléatoires sur des douze produits identiques qu’en 2019. Pour ceux d’origine végétale, il s’agit des pommes, fraises, pêches, laitues, choux pommés, tomates, épinards, grains d’avoine, grain d’orge. Le lait de vache, la graisse de porc et le vin complètent la liste.

Faible quantification dans le bio

Autre enseignement : les taux de quantification et de dépassement des LMR se révèlent plus faibles dans les aliments biologiques que dans ceux issus de l’agriculture conventionnelle.

Deux catégories font exception : les produits d’origine animale (taux de quantification) et des céréales (taux de dépassement). Selon l’Efsa, cette différence s’explique par une utilisation du cuivre autre que phytopharmaceutique. Il s’emploie notamment en additif alimentaire et en engrais. De même, le cuivre (autorisé comme micro-élément) et les chlorates (désinfections dans la chaîne alimentaire) sont responsables de la plupart des dépassements dans les aliments pour bébés.

Risque faible d’exposition des consommateurs

Depuis 2021, l’Efsa  effectue une évaluation de risques chroniques probabilistes (long terme) et aiguë (court terme) de l’alimentation. En 2022, les recommandations de limite d’expositions pour la santé (HBGV) sont disponibles pour 193 pesticides (voir encadré).

En outre, l’analyse de l’autorité sanitaire s’appuie sur 30 enquêtes alimentaires ciblant 40 produits. Elles proviennent de 17 États membres de l’UE.

Ainsi, l’évaluation probabiliste du risque aigu modélisée à partir des données de 2022 ne met pas en lumière de situations sanitairement préoccupantes. Néanmoins, l’Efsa indique que pour trois substances actives, des actions sont en cours de discussion au niveau européen par les gestionnaires de risques.

Quant au risque chronique probable seule une substance active est à la limite d’exposition moyenne au sein de deux populations. Pour les autres substances, le modèle ne montre pas d’exposition du consommateur supérieure à la limite médiane des valeurs HBGV.

L’EFSA conclut que « l’exposition alimentaire estimée aux résidus de pesticides pour lesquels des HBGV sont disponibles est très faible pour la plupart des sous-groupes de population de l’UE évalués ». Selon l’agence, en 2022, « l’exposition estimée aux résidus de pesticides dans les aliments testés ne présentait qu’un faible risque pour la santé des consommateurs ».

Que signifie la HBGV ?

La Health-Based Guidance Value (HBGV) est une valeur indicative fondée sur la santé. Cette recommandation détermine l’exposition maximale orale à une substance sans entraîner de risque appréciable pour la santé. Elle tient compte des données actuelles sur l’innocuité, de leurs incertitudes et de la durée probable de la consommation.