Rencontres annuelles du biocontrôle IBMA : cap sur la formation
Lors des 9es Rencontres annuelles du biocontrôle, organisées par IBMA France en format digital le 31 janvier 2023, l’accent a été mis sur le rôle de ces solutions de bioprotection pour accélérer la transition agroécologique passant par la nécessité de créer des dispositifs de formation facile d’accès pour les conseillers, formateurs et agriculteurs.
Désormais incontournables pour consolider la boîte à outils de la protection des cultures, les solutions de biocontrôle sont l’un des leviers de l’approche combinatoire pour transformer les modèles agricoles, notamment dans le cadre de la certification Haute valeur environnementale, comme l’a souligné Arnaud Lagriffoul, responsable agriculture durable chez De Sangosse lors d’une table ronde organisée le 31 janvier pendant les 9es Rencontres annuelles du biocontrôle d’IBMA.
D’ailleurs, pour mesurer leur intégration dans les stratégies de protection des cultures, IBMA France souhaite que la certification HVE puisse s’appuyer sur un Indicateur de fréquence de traitement (IFT) positif du biocontrôle. De son côté, Sandrine Hallot, directrice du pôle produits, marché et services à la Fédération du négoce agricole (FNA), estime que si les produits de biocontrôle bénéficiaient tous d’une fiche CEPP (Certificat d’économies des produits phytopharmaceutiques), « leur utilisation s’accélèrerait. »
Accentuer la formation et l’accompagnement des agriculteurs, toujours d’actualité
Les attentes des agriculteurs et des conseillers ne se focalisent pas uniquement sur les preuves d’efficacité des solutions de biocontrôle mais aussi sur le besoin d’être mieux accompagnés pour bien les utiliser. Former les jeunes générations est d’ailleurs l’un des défis à relever dans le cadre de la transmission des exploitations agricoles souligné en introduction des échanges par Maud Faipoux, directrice générale de l’Alimentation au ministère chargé de l’Agriculture. Cette acculturation nécessite de s’appuyer sur un portefeuille de solutions conséquent, pour toutes les filières.
Cette montée en puissance de l’offre pour couvrir plus vite plus largement les usages est l’objectif du Grand défi du biocontrôle et des biostimulants doté d’une enveloppe de France 2030 (42 M€) et abondé par 18 M € de fonds privés, soit 60 M€ sur six ans. Amorcé en juin 2022, ce projet est piloté par le ministère de l’Agriculture avec IBMA France, AFAÏA, l’Acta et Inrae. Il devrait être lancé cette année sur la base de feuilles de route en cours d’élaboration : « Les innovations issues du Grand Défi devront être proches de la mise en marché, éloignées de la recherche fondamentale», a précisé Céline Barthet, présidente d’IBMA France.
En complément, IBMA France est partenaire de deux projets sur la formation. Efor2Bio recensera cette année les formations et les besoins du terrain en formations sur les biosolutions. Digi-Agro, va proposer dans les trois ans à venir environ 250 modules de formations digitales. Gratuites, elles sont destinées aux conseillers, aux agriculteurs ainsi qu’aux acteurs de la formation continue et de l’enseignement agricole.
Définition française du biocontrôle, dans le règlement SUR
Pour Céline Barthet, présidente d’IBMA France, en complément de ces actions nationales, un troisième dossier, réglementaire, porte enfin ses fruits. L’intégration de la définition du biocontrôle dans le futur règlement européen SUR (Sustainable Use Regulation) relatif à l’utilisation durable des produits phytopharmaceutiques sera une étape décisive pour envisager des mesures comme l’accélération des procédures d’homologation européenne. « C’est encourageant de la voir apparaître pour la première fois dans un projet de loi européenne, se réjouit Céline Barthet. Tout en restant perfectible, elle est compatible avec la définition française, on est ravi même si on sait que cela va être encore long d’ici à l’adoption de cette loi. »
Ce règlement sera ensuite directement applicable par tous les États membres. En France, l’inscription de la définition du biocontrôle dans le code rural (art. L.253-6) remonte à 2014. Elle a été liée concomitamment à des mesures spécifiques comme le raccourcissement des délais pour statuer sur une demande d’AMM d’un produit de biocontrôle par l’Anses.
Depuis 2020, le biocontrôle fait l’objet d’une stratégie nationale, laquelle met en exergue des actions à réaliser dans les domaines de la recherche, de l’expérimentation, de l’innovation industrielle, de la réglementation, du déploiement de solutions sur le terrain et de la promotion du biocontrôle au niveau européen.