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Protéines végétales : ne rien lâcher sur les moyens de production

La filière des huiles et protéines végétales est au cœur des transitions agroécologique, alimentaire et énergétique. La capacité de production est au rendez-vous pour les oléagineux, mais fait défaut pour les protéagineux. Soutien à la recherche variétale, accès à l’eau et aux moyens de protection des cultures sont essentiels à la durabilité de toutes ces productions.

Lors des Rencontres OléoPro* qui se sont tenues le 30 novembre à Paris, Arnaud Rousseau, président de la FOP et du groupe Avril a insisté sur l’importance de la souveraineté alimentaire et énergétique dans un contexte géopolitique difficile avec la guerre aux portes de l’Union européenne.

Pour répondre à ce double enjeu, il a rappelé à Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, venu conclure l’évènement, les bons résultats obtenus avec les oléagineux : « Après une campagne 2021 moribonde, je veux me réjouir avec vous de constater que les cultures de colza ont bondi cette année avec des rendements records et une bonne récolte en tournesol malgré la sécheresse estivale. » S’il espère que la dynamique baissière de ces dernières années est structurellement freinée, il souligne toutefois la disparité au sein de la filière : « Elle est critique pour les protéagineux qui risquent d’être rayés de la carte française, a-t-il adressé au ministre de l’Agriculture. Ce serait une aberration au regard des efforts du plan protéines et des multiples atouts de ces cultures. »

Le plan protéines se termine fin 2022. Il prévoit une augmentation de 400 000 ha de surfaces en oléoprotéagineux d’ici à 2028 et + 40 % de cultures de légumineuses à graines et fourragères

 

Faire de la France un laboratoire de progrès

Contraintes techniques, réchauffement climatique, maladies : la culture du pois souffre d’un manque de rentabilité au niveau des exploitations. Pour la filière, la relance de ce protéagineux doit passer par un financement public doté d’une enveloppe spécifique afin de soutenir la recherche via la sélection variétale. «Notre secteur est prêt à faire de la France un laboratoire de progrès », a indiqué Arnaud Rousseau en demandant une adaptation de la réglementation des nouvelles techniques d’édition du génome dont l’enjeu se tient au niveau européen.

Quant au programme de recherche Cap Protéines, inscrit dans le Plan Protéines et qui lui aussi arrive à terme il a déjà permis l’acquisition de références sur les territoires. Elles restent à déployer et d’autres travaux sont nécessaires.

 

Éviter les impasses en protection des cultures

Pour protéger les cultures, des solutions ont été mises en place afin d’éviter des impasses techniques, notamment suite à l’arrêt de l’insecticide Phosmet. Ainsi, en colza, l’action de la FOP et de Terres Inovia a abouti à la dérogation d’une autre molécule insecticide, le cyantraniliprole, contre la grosse altise. Les formes adultes de ce coléoptère grignotent les feuilles et les larves forent les tiges. En parallèle, une enveloppe de 2,5 M€ accordée en 2021 est consacrée à la recherche de solutions alternatives. L’une des pistes consiste à rendre plus robustes les cultures en début de cycle et à les soustraire rapidement du stade critique d’attaque de l’insecte. La réponse se trouve du côté de la fertilisation azotée : « Il faut lever le verrou réglementaire pour appliquer de l’azote sur les colzas à l’automne », a demandé Arnaud Rousseau.

Point d’étape en 2023 sur le Plan protéines

Sur ce point précis de la fertilisation des colzas à l’automne, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a indiqué ne pas avoir de réponse immédiate mais partager les objectifs. Autres messages clés délivrés par Marc Fesneau en réponse aux demandes spécifiques de soutien à la recherche : « Un point d’étape du plan protéines doit être réalisé en 2023 ». Il a aussi précisé que la Commission européenne devrait présenter un plan de développement de la production des protéagineux au premier trimestre.

Le soutien des protéines et plus précisément des légumineuses se fait également via la PAC, notamment par “la mise en place d’un programme opérationnel spécifique consacré aux protéines végétales et doté de 23 millions d’euros“, a-t-il souligné.

* Les rencontres OleoPro sont organisées par la filière des huiles et protéines végétales