Partager ce contenu
Initiative adhérent

Open Agrifood : comment produire durablement des protéines végétales ?

Quels leviers actionner pour produire plus de protéines végétales et sécuriser l’offre sur fond de changement climatique ? Réponses lors du Forum Open Agrifood qui s’est tenu à Orléans le 29 novembre et dont Phyteis est l’un des huit partenaires.

« Au-delà des mots, il faut des actes pour accroître la souveraineté alimentaire », a souligné Emmanuel Vasseneix, président l’Open Agrifood et P.d-g. du groupe LSDH, en introduction du forum de ce think tank qui s’est tenu le 29 novembre à Orléans.

Avec les protéines végétales, thème de cette année, l’équilibre reste très fragile. La capacité de production en tourteaux pour nourrir les animaux atteint 52 % des besoins, l’objectif est de viser 60 % en 2030. En alimentation humaine, l’offre en légumes secs reste insuffisante. Les surfaces de ces légumineuses devraient augmenter de 40 % pour réduire les importations. Le plan protéines végétales enclenchés depuis deux ans, doté d’une aide de 100 M€ issue du programme France 2030, doit mieux structurer la filière et renforcer la recherche. Il témoigne de l’engagement fort de l’État et des agriculteurs pour améliorer l’autonomie protéique.

 

Pas d’opposition entre les protéines animales et végétales

Pour Arnaud Rousseau, agriculteur et président du groupe Avril, le principal frein au déploiement des surfaces réside « dans la capacité à produire car nous avons les débouchés ». Il rappelle qu’il ne faut pas opposer les protéines animales et végétales ni les usages alimentaires versus biocarburant et autres applications en chimie verte. « La protéine est le produit, l’huile le co-produit et dans ce cas, l’alimentation humaine sera toujours servie en premier. C’est l’excédent qui part vers la filière biocarburant. »

 

Acquérir plus de connaissances techniques sur les légumineuses

Si selon Laurent Rosso, directeur de Terres Inovia et Terres Univia, les connaissances pour optimiser les itinéraires de production sont relativement acquises sur le colza, presque acquises sur le tournesol, elles ne le sont pas du tout sur les légumineuses. « Un travail de fond, de longue haleine est à réaliser pour les semences, la protection des cultures avec des ravageurs qui évoluent fortement en lien avec le climat (…). Cela nous engage pour des années », explique-t-il.

 

Eau, génétique et protection des cultures, essentiels pour produire des protéines végétales

Fragilité des itinéraires de production, le constat est partagé par Sarah Singla, ingénieure agronome, agricultrice à Canet-de-Salars dans l’Aveyron. Elle est l’une des pionnières de l’agriculture de conservation des sols : « On a besoin d’eau, on a besoin de génétique, on besoin de solutions de protection des cultures », a-t-elle partagé. Elle prend pour exemple la lentille du Puy menacée de disparaitre car attaquée par une maladie, l’anthracnose, et contre laquelle il n’existe pas de fongicide autorisé.

Face au changement climatique, les variétés doivent pouvoir être plus robustes pour atteindre un niveau de production suffisant pour structurer les filières. C’est l’un des enjeux que partage Philippe Noyau, agriculteur et vice-président d’Open Agrifood avec la filière d’approvisionnement en légumes secs du Grand Ouest, Leggo, à laquelle il adhère. « On doit aller plus vite dans la recherche », a-t-il insisté. Sarah Singla note aussi les difficultés à cultiver le pois, culture sensible à la sécheresse. Sa solution : couvrir les sols. « Ce n’est pas le climat qui fait le sol mais le sol qui fait le climat, rappelle-t-elle. Plus on sera nombreux à couvrir le sol plus on aura de l’évapotranspiration, laquelle participe à la formation des nuages, donc des pluies ! » 

Si tous ces leviers, de la recherche à l’évolution des pratiques, aident à sécuriser la filière des protéines végétales, en bout de chaine, le consommateur doit aussi modifier son alimentation.

Faire part égale entre les protéines animales et végétales dans l’assiette : un dossier urgent pour l’éducation nationale !   

En ouverture de l’Open Agrifood, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a rappelé le soutien de la France pour que la recherche variétale puisse disposer des nouvelles techniques d’édition du génome dont le débat se tient au niveau de l’Europe.

Cartographie des cultures riches en protéines possibles par terroir

Face aux besoins de sécuriser la production et les débouchés, réaliser une cartographie des cultures possibles en fonction des prévisions de la demande et de la situation de chacun des territoires est nécessaire pour le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Cet état des lieux figure d’ailleurs parmi les huit propositions élaborées par les groupes de travail de l’Open Agrifood.

EEmmanuel_Vasseneix,_président_d’Open_Agrifood_

Emmanuel Vasseneix, président d’Open Agrifood : « Il faut éveiller la prise de conscience , nous militons pour un plan Marshall de notre alimentation qui est en grand danger, notamment pour les filières animales. »

DSC06054

Sarah Singla, ingénieure agronome et agricultrice : On ne doit pas opposer les actes de production : on peut cultiver du blé, le récolter en juillet puis semer de la cameline qui sera récoltée en octobre pour faire du biofuel. On peut produire et protéger l’environnement. » Crédit photo : Jeanne Perronnet © EVAZION

DSC05932

Philippe Noyau, agriculteur et vice-président d’Open Agrifood : « On doit aller plus vite dans la recherche variétale. » À gauche, Arnaud Rousseau, président du groupe Avril.

Crédit photo : Jeanne Perronnet © EVAZION

Crédit photo : Jeanne Perronnet © EVAZION