Plan Écophyto 2030, les cinq propositions clés de Phyteis
Le Gouvernement lançait le 30 octobre pour un mois, la consultation des parties prenantes sur la nouvelle stratégie Écophyto 2030. Phyteis vient de lui soumettre ses réflexions pour renforcer et accélérer l’approche combinatoire de la protection des cultures. Et propose un pilotage agile de cette nouvelle stratégie.
Présenté le 30 octobre aux membres du Comité d’orientation stratégique (COS) dont Phyteis est partie-prenante, le Plan Écophyto 2030 se révèle ambitieux. Construit autour de cinq axes majeurs pour préparer la réduction progressive de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, il révèle une volonté claire des pouvoirs publics d’adopter une stratégie pluridisciplinaire à 360°. « Nous saluons cette approche combinatoire de la transition agroécologique, souligne Yves Picquet, président de Phyteis. Cohérente avec les objectifs du green deal, elle anticipe l’harmonisation au niveau européen des politiques environnementales et agricoles. Le Plan Écophyto 2030 rejoint l’ambition de notre feuille de route à horizon 2030.»
Le gouvernement a sollicité les membres du COS pour contribuer à la finalisation du Plan Écophyto 2030.
Pour Phyteis deux axes sont stratégiques :
- L’approche combinatoire de la Stratégie Écophyto 2030 ;
- La nécessaire concertation de tous les acteurs du monde agricole.
Approche combinatoire de la Stratégie Écophyto 2030
1 – Biocontrôle à définir en Europe et nouvelle stratégie de déploiement en France
Le rôle du biocontrôle est central dans le Plan Écophyto 2030. Investir davantage dans la bioprotection est aussi l’un des axes stratégiques des entreprises de protection des cultures (4 mds€ dans le monde de 2015 à 2030). Uniquement défini en France dans son code rural, le biocontrôle doit l’être aussi au niveau de l’Union européenne, ce que prévoyait le projet de règlement SUR.
Phyteis soulève la question des suites de la Stratégie nationale de déploiement du biocontrôle 2020-2025, qui arrive à son terme et qui a porté ses fruits.
Alignée sur Écophyto 2030, une nouvelle stratégie de développement des solutions de biocontrôle pourrait être envisagée, co-construite avec l’ensemble des acteurs du monde agricole et de la recherche.
2 – Prendre en compte les nouvelles techniques génomiques pour réussir la transition agroécologique
Dans le panel de solutions exploitables pour la réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, Phyteis intègre les biotechnologies. Alors que l’Union européenne examine la nouvelle législation applicable aux végétaux produits à l’aide de certaines nouvelles techniques génomiques (NTG), Phyteis défend un cadre européen applicable aux NTG ambitieux, ainsi qu’une prise en compte de ces innovations technologiques pouvant contribuer à la transition agroécologique.
3 – Élargir le périmètre des solutions alternatives en intégrant l’agronomie digitale
Les technologies du numérique se révèlent prometteuses pour atteindre les objectifs de baisse des intrants agricoles. Rassemblées dans le pilier « agronomie digitale » de Phyteis, ces solutions font l’objet de 10 Mds€ d’investissement à horizon 2030. Des outils d’aide à la décision à la robotique et en incluant la pulvérisation d’ultra haute précision, ces technologies ouvrent aussi un véritable volet dans la maîtrise du risque pour la santé et pour l’environnement – intrinsèquement liée à la réduction des usages. Phyteis encourage la diffusion de mesures incitatives – qu’elles soient d’ordre réglementaire, financier ou promotionnel – pour une plus large adoption des outils de gestion des risques et des EPI.
Nécessaire concertation de tous les acteurs du monde agricole
En tant que fournisseurs de solutions de protection des cultures pour l’agriculture de demain, les adhérents de Phyteis sont prêts à participer pleinement avec l’ensemble des acteurs à la recherche de solutions alternatives. Ensemble, ils peuvent écrire ce nouveau chapitre de l’agriculture, souveraine, rémunératrice et respectueuse de l’environnement.
4 – Pilotage plus agile du Plan Écophyto
Afin d’instaurer un dialogue concret, permanent et régulier de toutes les parties prenantes, Phyteis plaide pour un pilotage plus agile prenant en compte l’ensemble du territoire, dont l’État serait garant. Une gouvernance centrée sur le terrain permettrait une meilleure considération de l’ensemble des réalités agronomiques, pédoclimatiques ou encore économiques locales.
Le suivi s’appuierait sur une méthode claire avec un état des lieux régulier pour chaque volet stratégique.
L’axe 1 de la stratégie Écophyto 2030 étant central, Phyteis attire notamment l’attention sur trois points clés :
- Identifier clairement les impasses et les ressources pouvant y être orientées ;
- Compiler les solutions conventionnelles aux meilleurs profils toxicologiques, les solutions de biocontrôle et toutes autres solutions combinatoires déjà disponibles ou envisageables, avec une mise en cohérence des besoins avec les délais de disponibilité de chaque solution ;
- Anticiper les substances actives qui ne seront plus disponibles à l’avenir en raison d’un potentiel retrait du marché ou d’un non renouvellement d’autorisation de mise sur le marché – sur une temporalité définie (en cohérence avec le plan de Madame la Première ministre).
5 – Développer des partenariats de recherche « public-privé »
La recherche a permis de mettre au point des technologies avancées pour réduire l’usage d’intrants chimiques. Le crédit d’impôt recherche (CIR) représente notamment un moyen important d’investissement sur ces segments d’avenir. Des synergies supplémentaires sont à créer via la construction de projets avec les acteurs de la recherche publique, par exemple à travers le fléchage des financements privés vers des fonds d’investissements mixtes.
Phyteis propose aussi que l’implantation de centres de recherche et la création de pôles économiques et scientifiques soient soutenues.