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L’expertise Inserm «pesticides et santé» confirme la rigueur de la réglementation européenne

L’Inserm, via un groupe d’experts, a réalisé une revue internationale des publications sur les liens entre l’exposition aux pesticides et vingt pathologies. Il met en relief une gestion très stricte des questions de santé publique en Europe, puisque la très grande majorité des substances identifiées pour leur forte présomption de lien avec des maladies graves ont déjà été interdites. L’intégration régulière des nouvelles études épidémiologiques et toxicologiques dans l’évaluation des produits, l’amélioration en continu des programmes de recherche contribuent à cette sécurité. La France se positionne d’ailleurs à l’échelle internationale comme fer de lance des initiatives pour améliorer la protection des agriculteurs lors des pratiques de traitement des cultures.

L’expertise collective Inserm 2021 « Pesticides et santé » a été publiée le 30 juin. Elle dresse un bilan des connaissances sur les liens entre une vingtaine de pathologies et l’exposition aux produits phytosanitaires utilisés par les professionnels du secteur agricole, pour des usages domestiques, biocides ou pour des médicaments vétérinaires. Un travail de grande qualité a été mené. En 2013, à la demande de la Direction générale de la santé, un groupe d’experts rassemblé par l’Inserm avait déjà réalisé une première analyse. En 2018, l’Institut a été saisi par cinq ministères pour une actualisation des données et l’introduction de nouvelles thématiques.

Destinées à éclairer les politiques, les deux expertises de l’Inserm constituent également pour les entreprises de protection des plantes européennes des références essentielles. Non seulement, elles orientent les programmes de recherche, les investissements, mais guident aussi la conception de protocoles toujours plus précis. Ainsi, ce sont 14 mds d’euros qui seront investis d’ici à 2030 pour accélérer le développement de nouvelles solutions de protection des cultures : produits aux profils toxicologiques et environnementaux améliorés, biopesticides et produits mieux ciblés, via le développement de l’agriculture de précision et des solutions digitales.

Rigueur du dispositif réglementaire européen de surveillance

Les chercheurs pluridisciplinaires retenus par l’Inserm ont analysé plus de 5 300 publications scientifiques issues de la recherche internationale. En grande majorité conduites hors de l’Europe, ces études sont des méta-analyses, des suivis de cohorte, des études cas-témoins. Quels en sont les grands enseignements ?

Pour l’exposition des professionnels, une présomption forte de lien est retenue entre six pathologies et l’usage de pesticides. Parmi les produits déjà identifiés en 2013, mais avec une présomption plus forte, figurent majoritairement des insecticides des familles chimiques des organophosphorés et des organochlorés comme le DDT, le lindane ou encore le chlordécone.

Dans leur grande majorité, ces molécules ne sont plus autorisées depuis de très nombreuses années. « L’épidémiologie consiste à regarder ce qui s’est fait avant, explique Julien Durand-Réville, responsable santé et prévention à l’UIPP. Les informations recueillies aujourd’hui sur les impacts positifs des nouveaux produits et des nouvelles pratiques agricoles, notamment en France avec la cohorte Agrican, la plus importante au monde, se mesureront dans 10-20 ans, tout en sachant que le risque est appréhendé en continu. Ainsi, les résultats de l’expertise Inserm 2021 montrent qu’en Europe, nous avons su prendre les devants en nous appuyant sur un système d’évaluation le plus rigoureux au monde. »

Exemple, les organochlorés ressortent dans l’expertise de l’Inserm avec plusieurs présomptions fortes sur le développement de troubles cognitifs ou encore les lymphomes non hodgkiniens. La substance la plus connue, le DDT, a été découverte dès les années 1930. Elle était considérée comme une importante avancée agronomique puisqu’un seul traitement suffisait pour éliminer durablement les insectes ravageurs sur les cultures. Interdit en France en 1971, du fait de son profil écotoxicologue, son usage reste encore possible dans certains pays. Par exemple, l’imprégnation de moustiquaires est autorisée pour lutter contre le paludisme. « La balance bénéfice/risque évolue avec le temps et les connaissances scientifiques, relève Julien Durand-Réville. Ce point essentiel est pris en compte dans le cadre de l’homologation des produits phytopharmaceutiques » Ainsi, tous les insecticides organochlorés sont interdits en Europe pour les usages agricoles. Pour les organophosphorés, la liste s’est considérablement restreinte et continue à se réduire.

Un fonds de 5 300 études sur les liens entre pesticides et pathologies

Dans le périmètre des produits chimiques et en comparaison avec celui des médicaments, seuls les produits phytopharmaceutiques et les biocides sont réévalués systématiquement, de l’ordre de tous les dix ans. En Europe, autour de 1 000 substances actives étaient autorisées vers la fin des années 1990. Chacune doit présenter plus de 300 études en vue d’une autorisation ou d’une réhomologation, dont la moitié concerne les aspects de santé humaine. Ainsi, l’Europe dispose d’un fonds de l’ordre de 150 000 études réglementaires sur la santé. À ceci s’ajoute environ 45 000 publications scientifiques issues de la recherche publique internationale, dont les 5 300 les plus prépondérantes ont été sélectionnées dans l’analyse collective de l’Inserm 2021. « Nous ne sommes pas dépourvus de connaissances sur les produits phytopharmaceutiques, complète l’expert santé. Un tel niveau de précision n’existe pas dans d’autres secteurs d’activité. » Ce sont ces connaissances qui permettent régulièrement de renforcer l’encadrement réglementaires et qui conduisent à l’amélioration générationnelle des produits autorisés.

Les connaissances scientifiques s’enrichissent en permanence : le sujet des perturbateurs endocriniens est par exemple relativement récent. Contrairement à la majorité des secteurs réglementés, ce critère est systématiquement pris en compte dans l’encadrement des produits phytopharmaceutiques : « Outre la perturbation endocrinienne, nous avons été par exemple les premiers pour lesquels les méthodologies évaluant les « effets cocktails »* ont été travaillées, témoigne Julien Durand-Réville. Notre secteur est à la pointe de l’intégration réglementaire. Ce n’est donc pas surprenant de voir les substances absentes du marché européen mises en lumière dans l’expertise collective de l’Inserm. Remises en jeu fréquemment, les méthodes d’évaluation et les exigences réglementaires nous permettent par ailleurs de gagner régulièrement en confiance et en robustesse. » Quant aux produits de récente génération, plus sélectifs et plus efficaces, ils sont également moins toxiques.

À savoir sur l’évolution du profil des pesticides

Entre les années 1940-50 et la dernière décennie, la toxicité moyenne des substances nouvellement mises en marché en Europe a été divisée en moyenne par 10 et les quantités nécessaires pour traiter un hectare par 8, voire par 12 pour les produits les plus pondéreux.

Amélioration continue des conditions d’emploi des produits phytopharmaceutiques, la France se distingue 

L’évaluation du lien entre exposition et pathologie souligne l’importance de facteurs connexes comme la protection des applicateurs ou encore le respect des conditions d’emplois. Selon l’étude Agrican, il a pu être mis en évidence que la présomption de lien avec le cancer de la prostate n’est plus visible pour les agriculteurs qui ont porté des gants lors de la manipulation des produits. Conséquence, en France, les acteurs agricoles et de la protection des plantes s’impliquent dans des projets innovants comme celui sur l’amélioration de l’ergonomie et de la sécurité des Equipements de Protection Individuelle (EPI) ainsi que la mise en place d’une importante campagne de prévention. Cette dernière, soutenue par le Plan Écophyto, est portée dans le cadre du Contrat de Solutions. Autre exemple : le développement en Europe des systèmes de remplissage des pulvérisateurs sans contact. Ce déploiement s’effectue sous l’impulsion des principaux acteurs du marché. Quant à l’étiquetage des emballages de produit, il a fait l’objet d’une homogénéisation depuis 2017, afin de faciliter la compréhension des précautions et conditions d’emploi.

* étude des effets toxicologiques cumulatifs à plusieurs produits simultanément 
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Le secteur de la phytopharmacie est le premier pour lequel des méthodologies pour évaluer les « effets cocktails » sont mises en place

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Les entreprises suivent régulièrement l’évolution des connaissances scientifiques pour être en mesure d’orienter au mieux leurs programmes d’investissement et d’innovation. Par exemple, savoir si une famille chimique présente encore un intérêt ou le type de profils de produits qui seront attendus dans le cadre des procédures d’autorisation.

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Un engagement marqué sur la prévention et la protection des utilisateurs : notre rôle est de comprendre, accompagner et améliorer les conditions d’utilisation des produits phytos.

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