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Les étapes de la protection intégrée des cultures 

Retour sur les cinq étapes de la protection intégrée des cultures. Objectif : produire sain, en quantité, tout en réduisant l’impact des pratiques agricoles et de la phytopharmacie sur l’environnement. Chaque étape mobilise un pilier ou plusieurs piliers de l’approche combinatoire.

N’utiliser la phytopharmacie qu’en dernier recours tout en assurant une production saine et rentable. Tel est l’objectif que suivent les agriculteurs à toutes les étapes de la protection intégrée des cultures. En effet, elles « intègrent » des méthodes de lutte alternatives et complémentaires pour maintenir les bioagresseurs dessous les seuils de nuisibilité. Tout comme l’agroécologie, la protection intégrée encourage le recours aux mécanismes naturels de lutte.

Précisément, cette stratégie s’appuie sur la notion de seuil de risque pour la culture. Les bonnes interventions ne se déclenchent qu’au bon moment.

1 – Éviter l’apparition des bioagresseurs

Point de départ des étapes de la protection intégrée des cultures : la prophylaxie. Elle crée les conditions défavorables au développement des bioagresseurs. Par conséquent, des pratiques culturales se déploient tout au long du cycle de la culture. En grandes cultures et maraichage, tout commence par la diversification de la rotation et la gestion des résidus entre chaque culture. Ensuite, il s’agit de choisir des variétés tolérantes ou résistantes à un bioagresseur. Les plantes compagnes, le travail du sol, les tailles, la fertilisation azotée raisonnée freinent le développement des bioagresseurs. En complément, l’installation de bords de champ favorables aux auxiliaires renforce la lutte biologique par conservation.

En vigne, l’effeuillage limite le développement de la pourriture grise (botrytis). Selon l’Institut technique de la vigne et du vin (IFV), ceux qui se pratiquent à la nouaison présentent les meilleurs résultats.

Le broyage des cannes de maïs réduit les populations hivernantes de pyrales.

2 – Surveillance des cultures

Outre le tour de plaine, le recours aux outils digitaux est un moyen de rester en alerte. Les modèles évaluent la pression maladies et insectes en lien avec la météo et l’historique agronomique de la parcelle.

Des pièges dotés d’intelligence artificielle identifient et dénombrent les bioagresseurs. Exemple, Limacapt de De Sangosse surveille l’activité nocturne des limaces.

Par ailleurs, l’imagerie satellite apporte un autre angle d’approche. Ces technologies permettent notamment de suivre le développement des cultures et les parcelles à risque.

L’agronomie digitale intervient à de nombreuses étapes de la protection intégrée des cultures. Des outils numériques facilitent le partage et l’enregistrement des observations. Connectés aux stations météos et intégrant les paramètres agronomiques et historiques de la parcelle, ils prédisent le risque bioagresseur.

3 – Estimer le dépassement du seuil de nuisibilité

Le seuil de nuisibilité détermine le niveau de population des bioagresseurs à partir duquel le potentiel de rendement est compromis. Ainsi, il correspond aux premiers préjudices, en quantité et/ou en qualité. Le seuil indicatif de risque ou d’intervention renseigne sur la nécessaire mise en place de mesures de protection de la culture. Alors, des outils numériques génèrent des alertes.

Une larve de pyrale induit 7 % de rendement en moins. Aussi, pour le maïs grain, au-delà de 0,8 larve de pyrale par plante, le seuil de risque pour l’année suivante est atteint.

Exemple, l’Outil d’aide à la décision (OAD) Alerte Pucerons suit l’évolution de la pression des pucerons sur les betteraves. Alors, il s’appuie sur les observations du réseau couvrant toutes les zones betteravières. Le seuil d’intervention pour le traitement insecticide correspond à 10 % des plants touchés.
À nouveau à titre d’exemple, en désherbage, le seuil de nuisibilité directe du vulpin est de 25 plantes/m². Ce niveau de population fait chuter le rendement du blé de 5 %. De plus, chaque vulpin produit entre 1500 et 10 000 graines. La nuisibilité indirecte se révèle très importante.

4 – Opter en priorité pour des solutions alternatives aux produits phytopharmaceutiques conventionnels

Plusieurs catégories de solutions alternatives peuvent être disponibles. Par exemple, certaines forment une barrière physique contre les ravageurs. Il s’agit des filets anti-insectes en arboriculture, des produits composés de substances minérales (argile). Les produits de biocontrôle ou utilisables en agriculture biologique, les biostimulants, les préparations naturelles complètent ces méthodes. Autre pratique, les lâchers d’insectes parasitoïdes (trichogrammes, chrysopes…) exercent une action de régulation des populations.

De plus, les techniques de confusion sexuelle qui limitent les dégâts de nombreux ravageurs des vergers et des vignes ne cessent de s’améliorer. Toutes ces solutions s’appliquent seules ou combinées entre elles pour obtenir un maximum d’efficacité. Dans tous les cas, la surveillance est nécessaire pour s’assurer de l’efficacité des techniques.

La confusion sexuelle en vigne (contre eudemis et cochylis) et en arboriculture (contre le carpocapse ou la tordeuse orientale du pêcher) est largement répandue. Elle diminue le niveau des populations de bioagresseurs.

5 – Appliquer en dernier recours les produits phytopharmaceutiques  

Dernière option dans les étapes de la protection des cultures : l’utilisation des produits phytopharmaceutiques. Obligatoirement, leur application impose des distances sécurité. Sur un cycle végétatif, les programmes de traitement des cultures alternent les modes d’action pour prévenir le risque de résistance. Par ailleurs, l’assistance de la robotique, des banques d’images et de l’IA permet de localiser les applications uniquement sur les foyers de maladie, d’adventices ou de ravageurs. Dès lors, avec les technologies de précision, la phytopharmacie diminue son impact sur l’environnement.

La qualité de la pulvérisation contribue à l’efficacité d’un produit phytopharmaceutique ou de biocontrôle.