Les dix propositions de Phyteis pour une agriculture européenne résiliente et souveraine
Dans le cadre de la présidence française de l’union européenne, Phyteis, l’association professionnelle française de la protection des plantes, s’engage dans le débat avec dix propositions clés. Elles concernent le cadre réglementaire, l’investissement dans la recherche et le soutien à un usage raisonné des produits phytosanitaires. Objectif : reconquérir la souveraineté alimentaire et rendre l’agriculture plus résiliente.
Acteur clé de la durabilité des systèmes de production agricole, le secteur de la protection des plantes prend part au débat européen qui se tient, ce premier semestre 2022, sous la présidence française de l’Union européenne. Dans ce cadre, Phyteis, son association en France, émet dix propositions à destination des politiques. « Nous partageons notre vision d’une agriculture durable, résiliente, décarbonée et souveraine, explique Emmanuelle Pabolleta, directrice générale de Phyteis. Les ambitions affichées dans le Green Deal place l’agriculture européenne parmi les acteurs économiques les plus exposés aux changements, que ce soit en termes de pratiques ou au regard des attentes sociétales. Pour répondre, durablement, les agriculteurs doivent disposer de tous les moyens de production. »
Directive Sustainable Use of pesticides, l’opportunité d’un cadre commun en Europe
La révision de la directive Sustainable Use of Pesticides (SUD)* est une opportunité unique d’obtenir un cadre commun en Europe, favorisant l’adoption de technologies innovantes. « L’agronomie digitale, la pulvérisation de précision, la robotique, les biotechnologies, doivent figurer parmi la liste des dispositifs à déployer pour renforcer les principes de la lutte intégrée des cultures », souligne Emmanuelle Pabolleta. La mise en œuvre de cette approche de la protection des cultures, plus complète, alignée sur les objectifs du Green Deal, doit s’accompagner d’indicateurs de suivis supplémentaires. Leur rôle : refléter précisément les progrès en matière de réduction des risques.
Et pour que ce déploiement soit plus efficient, le cadre réglementaire sur les biotechnologies doit aussi évoluer, au rythme du progrès scientifique. Les biotechnologies ne servent-elles pas à mieux connaitre la génétique des bioagresseurs et des micro-organismes utiles ? Les outils d’édition du génome n’améliorent-t-ils pas la sélection variétale et, a fortiori, la santé des plantes grâce à une résistance accrue vis-à-vis des bioagresseurs ? Quant aux exigences, règles et procédures d’évaluation des solutions de bioprotection, elles doivent être adaptées à leurs propriétés, si particulières car inspirées des mécanismes naturels.
* Directive 2009/128/CE instaurant un cadre d’action communautaire pour parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable.
Soutien à la recherche en protection des plantes et stratégie combinatoire
Le soutien aux investissements en R§D est à inscrire dans la durée. « À horizon 2030, les entreprises de protection des plantes auront investi 10 Mds d’euros dans le digital et l’agriculture de précision ainsi que 4 Mds d’euros dans les solutions de bioprotection », complète Emmanuelle Pabolleta. Encourager l’approche combinatoire des solutions disponibles, dans une logique de protection intégrée, est la voie à privilégier. Pour suivre cet objectif, tous les agriculteurs européens doivent pouvoir accéder aux produits phytosanitaires chimiques en l’absence d’alternatives efficaces et économiquement acceptables.
La nécessaire stabilité réglementaire, le déploiement de réseaux de recherche publique et privée feront de l’Union Européenne une terre d’innovations scientifiques attractive.
Les dix propositions des entreprises de protection des plantes pour soutenir la souveraineté alimentaire en Europe :
- Promouvoir un cadre réglementaire favorable à l’innovation
- Favoriser le développement des outils permettant une utilisation ciblée des produits de protection des plantes
- Faire évoluer le cadre réglementaire appliqué aux biotechnologies
- Etablir un cadre réglementaire adapté au développement des solutions de bioprotection
- Elaborer des politiques agricoles fondées sur la preuve et la science
- Encourager l’investissement en faveur de la protection des plantes
- Faciliter l’émergence de solutions innovantes
- Stimuler la recherche européenne pour la mise au point de nouveaux standards dans les solutions ou leurs utilisations.
- Encourager l’installation de laboratoires et de centres de recherche
- Soutenir un usage raisonné des produits phytopharmaceutiques
- Eviter les distorsions de concurrence entre les agriculteurs européens
- Favoriser l’approche combinatoire dans la protection des cultures et l’accès à l’ensemble des solutions disponibles
- Elaborer des indicateurs complémentaires pour appréhender le contexte sanitaire et mesurer l’évolution des utilisations