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« L’envie d’explorer d’autres façons de protéger les cultures s’accélère »

Animatrice du réseau bio des Chambres d’agriculture, Mélanie Béranger travaille aussi avec les conseillers intervenant en agriculture conventionnelle. Les solutions de bioprotection font partie du socle de moyens communs à tous les modèles agricoles. Son constat ? La bioprotection a largement dépassé le stade du questionnement en grandes cultures. Bien accompagnés, les agriculteurs n’hésitent pas à intégrer ces solutions dans leurs stratégies de protection.

Les méthodes de bioprotection sont-elles de plus en plus plébiscitées par les agriculteurs ?

Mélanie Béranger : Depuis trois ans, nos conseillers reçoivent de plus en plus de questions de la part des agriculteurs sur les solutions de biocontrôle et plus largement sur l’ensemble des produits composés de substances naturelles. Ils veulent des informations sur l’efficacité de ces produits et bénéficier d’un recul sur les pratiques culturales fondées sur la bioprotection. Pour certaines filières, principalement en grandes cultures, nous créons même des groupes de travail avec les conseillers auxquels nous associons les agriculteurs. C’est sur ce secteur que les demandes sont les plus importantes. Lesquelles ont vraiment monté en puissance depuis un an. Sur d’autres, comme la viticulture, nous intervenons surtout sur les aspects de réduction cuivre avec des alternatives.

 

Qu’est-ce qui explique cet intérêt plus récent en grandes cultures ?

M.B : Ce n’est ni une question de nombre de solutions disponibles par filières, ni de retard d’une filière par rapport à une autre. Nous percevons surtout l’envie d’explorer d’autres façons de protéger les cultures. Cet engouement s’explique en partie par un partage d’expérience entre pairs facilité grâce aux réseaux sociaux. Des agriculteurs influenceurs avec des vidéos mises sur des chaines youtube relayent leurs expérimentations. Ceux qui les visionnent nous sollicitent en complément pour avoir notre avis et voir ce qu’ils peuvent utiliser sur leurs cultures.

 

Pourquoi perçoit-on parfois une certaine prudence ?

M.B : Elle survient certainement en raison d’une méconnaissance des modes d’actions et aussi avec la peur de changer ses habitudes en prenant un risque. Cette posture, nous l’observons d’ailleurs en bio comme en conventionnel. Souvent l’emploi de ces solutions, notamment en grandes cultures, implique de revoir aussi son choix variétal avec des plantes plus tolérantes aux maladies pour dès le départ diminuer le niveau des contaminations. Le positionnement en préventif est aussi plus précoce, pour éviter ou affaiblir une contamination et non bloquer une maladie qui s’installe.

 

Il faut amener des éléments de preuves concrets, faire de la pédagogie ?

M.B : Oui, c’est la clé du déploiement de la bioprotection. Nous nous appuyons sur des essais menés par les conseillers sur nos propres stations expérimentales pour consolider nos résultats au niveau national. En complément de ces données, des microparcelles sont installées chez les agriculteurs. Ainsi, nous affinons nos recommandations par rapport à une situation locale.

 

Quels sont les meilleurs canaux d’information ?

M.B : Notre mission première de conseiller est de sélectionner les solutions de bioprotection les mieux adaptées aux problématiques agronomiques et économiques des agriculteurs en lien avec les résultats que nous obtenons. Au-delà de l’accompagnement collectif ou individuel, nous déployons d’autres canaux d’information. Dans ce cadre, le salon Tech&Bio est l’un des rendez-vous plébiscités par tous les agriculteurs en raison de ses démonstrations et références techniques. D’ailleurs, pour l’édition 2021 organisée dans la Drôme, nous avions un thème sur le biocontrôle et une conférence sur les préparations non préoccupantes destinées à l’arboriculture. Enfin, toutes les Chambres régionales éditent des newsletters sur le bio et les alternatives. Point essentiel : nous sommes dans une démarche globale, ce qui se pratique en AB peut faire sens pour les autres modèles d’agriculture. À nous de bien guider les agriculteurs.