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L’édition du génome : qu’en pensent les consommateurs français ?

Pour le sociologue Arnaud Zegierman de ViaVoice, même si l’édition du génome est complexe, un consensus se dégage : les consommateurs y voient un progrès pour réduire l’usage des pesticides et produire une alimentation plus saine et abordable.

À l’initiative de Phyteis, le cabinet Via Voice analysait en février 2023 la perception de l’édition du génome par les consommateurs. L’étude s’appuie sur des entretiens menés avec de jeunes adultes, certains avec enfants, tous ayant au moins un niveau d’études bac +2. Elle inclut aussi dix professionnels : médecins, pharmaciens, nutritionnistes et enseignants.

Une perception nuancée de l’édition du génome

Le sujet de l’édition du génome est complexe et récent ; par conséquent, il suscite des avis contrastés. Les sondés connaissent peu l’amélioration variétale, et encore moins sur la technique d’édition du génome. Certains font confiance aux scientifiques, aux agences sanitaires et aux filières agricoles. D’autres rejettent cette nouvelle technologie, arguant principalement un manque de recul. Ils oscillent à divers degrés entre espoir, nécessité, progrès et risque.

Un espoir en raison des impacts bénéfiques en santé humaine

En santé humaine, l’édition du génome représente un espoir. Déjà, elle permet de soigner certains cancers et les attentes vis-à-vis de la thérapie génique sont grandes. Les participants à l’étude estiment que le prix Nobel de chimie décerné à Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna témoigne de l’importance de cette technologie.

Un progrès pour l’agriculture et l’alimentation

Du côté des consommateurs, certains perçoivent l’édition du génome comme une solution technologique qui ne change pas la donne. Pour d’autres, elle représente un progrès pour l’agriculture. Les attentes portent sur des variétés résistantes aux bioagresseurs, favorisant des cultures plus saines et économiques. Deux facteurs rencontrent l’unanimité : une promesse de baisse de l’usage des produits phytopharmaceutiques et des produits améliorés à un coût plus accessible.

Une nécessité pour nourrir la population mondiale ?

Les personnes interrogées partagent toutes une forte préoccupation pour le changement climatique et la souveraineté alimentaire mondiale. Une partie d’entre elles estime que l’édition du génome est une innovation prometteuse pour améliorer les semences. Mais d’autres craignent que cette technologie reste une promesse sans suite.

Les sondés se montrent surtout sensibles aux applications concrètes qui leur parlent directement : une alimentation durable, locale et abordable.

Un solutionniste technologique qui ne convainc plus

Néanmoins, pour un groupe de participants, l’édition du génome ne serait qu’une réponse technologique supplémentaire. Selon eux, elle n’incarne pas l’agriculture durable et s’aligne sur une logique de rentabilité. D’autres voient dans cette technologie un outil prometteur, à utiliser s’il s’avère efficace. Alors, ils jugent prioritaire la question de son usage et de ses objectifs plutôt que ses risques potentiels.

Expliquer l’édition du génome en l’illustrant avec des cas concrets

L’argument de la « réduction des pesticides » fait consensus. « Il suggère une agriculture respectueuse, en phase avec les attentes de la population, observe Arnaud Zegierman, sociologue et directeur associé de Via Voice. Cependant, le volet innovation scientifique ravive aussi les craintes de manipulations génétiques. Quand on présente cette technologie comme une solution pour nourrir la planète, elle soulève des questions politiques. »

En les considérant comme très innovantes, ces méthodes peuvent apparaître suspectes. De plus, si on les présente comme une solution pour nourrir la population mondiale, le débat s’oriente vers des questions plus politiques.

Le travail pédagogique s’impose comme essentiel. Arnaud Zegierman appelle à « distinguer science et fantasme » pour rassurer. Toutefois, l’édition du génome, bien que maîtrisée scientifiquement, reste complexe, même pour les experts. Pour être bien comprises, les explications doivent s’appuyer sur des exemples concrets, afin de montrer les apports de cette technologie aux agriculteurs et aux filières, ainsi que ses avantages sanitaires et écologiques. Enfin, les citoyens-consommateurs doivent pouvoir faire confiance aux objectifs de ces nouveaux choix technologiques.

Retrouvez l’interview d’Arnaud Zegierman, sociologue et directeur associé de ViaVoice par le média L’Opinion : Mieux comprendre les NGT

Arnaud Zegierman, sociologue et directeur associé de ViaVoice :

« L’innovation scientifique réveille des peurs. Pour rassurer, il faut évaluer les connaissances et déconstruire les fantasmes liés aux données scientifiques. »