Besoin d’alternatives au cuivre efficaces selon un rapport de l’Anses
Dans un rapport, l’Anses dresse un état des lieux exhaustif des utilisations des produits phytopharmaceutiques à base de cuivre, en agriculture biologique, comme en agriculture conventionnelle. En complément, un travail d’analyse sur les alternatives au cuivre est amorcé en 2022.
Pour mieux cerner les usages du cuivre en agriculture, substance phytosanitaire candidate à la substitution dans le cadre de sa réhomologation en 2026, l’Anses a réalisé une auto-saisine en 2021.
Les principales conclusions du rapport ont été présentées lors de la réunion organisée le 1er avril dans le cadre de la plateforme de dialogue que l’Agence a instauré avec les parties prenantes et à laquelle participe Phyteis. Le besoin de trouver des alternatives efficaces en AB, faute d’autres options accessibles, ressort dans les principales conclusions. En conventionnel, le retrait de certaines substances actives contribuerait à faire augmenter la place du cuivre. En 2021, 57 produits phytopharmaceutiques contenant du cuivre sont autorisés dont 71 % en AB. Le cuivre est combiné à d’autres substances actives dans 25 % des cas.
L’Anses poursuit ce travail d’analyse sur le cuivre en 2022 et 2023 avec une seconde auto-saisine. L’agence prévoit l’évaluation des impacts socio-économiques de l’encadrement réglementaire du cuivre, l’identification des alternatives ainsi que des freins et leviers pour faciliter leur adoption.
Le cuivre est souvent la seule option
Dans le rapport de l’Anses, les informations issues de sa base de données, de la Base nationale des ventes distributeurs (BNVd) et celles remontées par le réseau Dephy et les experts sollicités suivent la même tendance : le cuivre est appliqué généralement à des doses plus élevées en agriculture biologique qu’en agriculture conventionnelle, la part des surfaces traitées avec du cuivre ressort plus importante en bio. « En bio, le cuivre est parfois la seule réponse disponible efficace, explique Ronan Vigouroux, responsable agriculture durable. En conventionnel, le recours à une combinaison plus large de produits phytopharmaceutiques permet de moduler les doses et varier les programmes de traitement. Le cuivre est un levier pour gérer les résistances des champignons, car il ne semble pas exister de cas de résistance avec cette solution, que ce soit pour toutes les espèces de mildiou ou la tavelure du pommier.»
Quantité vendue de cuivre stable sur cinq ans
Autre constat : la quantité totale de cuivre vendue reste assez stable sur la période 2010-2019, avec des pics de ventes en raison de la pression maladie. Dans ce cadre, le bio capte 25 % en quantité totale vendue et l’agriculture conventionnelle ressort plus consommatrice de cuivre en cumul car elle concerne une plus grande surface.
Ces tendances mettent en relief les difficultés à pouvoir substituer cet élément chimique d’origine naturelle, quelles que soient les pratiques agricoles. L’usage du cuivre répond à un enjeu de protection face à des maladies redoutables pour les cultures comme le mildiou de la vigne, le mildiou de la tomate, du melon, le mildiou de la pomme de terre ou en arboriculture, la tavelure du pommier, la cloque du pêcher…
L’avis de Ronan Rigouroux, responsable agriculture durable Phyteis
Pour réduire les usages du cuivre, le premier obstacle à lever, confirmé par les experts auditionnés dans le rapport est l’accès à des alternatives chimiques ou non chimiques au cuivre efficace et accessible. D’ores et déjà, les Outils d’aide à la décision aident à mieux positionner les traitements, la pulvérisation de précision, l’innovation dans les formulations, limitent les pertes dans l’environnement et permettent de réduire les doses.