Le contrat de solutions structure ses actions sur les territoires pour 2022
Cinq ans après son lancement, l’initiative Contrat de solutions, soutenue par 44 partenaires agricoles et le ministère de l’Agriculture, franchit le cap des 100 propositions avec 5 nouvelles fiches. L’association annonce atteindre les objectifs fixés à horizon 2025 dans nombre de cultures et encadrer des projets sur les territoires pour 2022.
Avec un chiffre symbolique de 100 solutions alternatives aux produits phytopharmaceutiques mises en ligne sur le site du Contrat de solutions en ce mois de juillet, c’est surtout la dynamique enclenchée par tous les acteurs agricoles qui est à souligner. Reconnue par les pouvoirs publics depuis 2019 comme l’un des leviers de déploiement du plan Écophyto, cette association rassemble 44 organismes partenaires dont l’UIPP.
Présence renforcée du Contrat de solutions sur les salons agricoles
En juin 2021, le Contrat de solutions a obtenu un financement pour soutenir le déploiement des solutions et structurer les projets avec les partenaires sur les territoires en organisant notamment des journées techniques.
L’équipe d’animation va pouvoir être renforcée afin d’accompagner localement ces actions. Parmi celles-ci : une présence dans les salons agricoles avec, dès septembre, l’animation d’un village Contrat de solutions pendant la manifestation Innov-Agri organisée à Outarville (45) du 7 au 9 septembre. Les partenaires proposeront un véritable parcours et un programme orienté solutions pour accompagner les agriculteurs dans leur transition. Ce dernier sera rythmé par des animations avec un jeux-concours, « serious-game », des ateliers participatifs, des démonstrations d’outils et des échanges avec des experts techniques.
Les cinq dernières fiches du Contrat de solutions mises en ligne en juillet concernent :
- La gestion des repousses, déchets et résidus de culture en production de pomme de terre,
- La grille de risque Piétin verse sur blé tendre,
- Des couverts pour réussir l’implantation de cultures de fourragères porte-graine et maîtriser les adventices,
- La lutte contre l’oïdium de la vigne avec des solutions de biocontrôle notamment l’hydrogénocarbonate de potassium,
- L’utilisation du piégeage de masse en culture de tomate sous abri (cible Tuta absoluta) et en culture de fruits rouges (cible thrips).
Des précisions ont également été apportées à la fiche n°56 qui concernent le stockage et la préservation des récoltes de pomme de terre (alternatives aux anti-germinatifs).
Bilan et objectifs atteints par le Contrat de solutions
Alors que le nouveau président du Contrat de solutions, Hervé Lapie, a été élu le 22 juin en Assemblée générale, succédant à Éric Thirouin, l’appropriation par les agriculteurs des solutions présentées sur le site se mesure avec la progression des surfaces concernées par ces recommandations. Les leviers les plus efficaces portent sur les variétés résistantes aux bioagresseurs, les OAD pour mieux positionner les traitements, les solutions de biocontrôle, les itinéraires agronomiques innovants comme les semis de cultures associées. Toutes ces stratégies conduisent à une réduction de l’IFT (Indicateur de fréquence de traitement).
Suppression du premier traitement fongicide sur plus du tiers des surfaces de blé
Pour lutter contre les maladies du blé, les variétés assez résistantes, décrites dans la fiche n°6 du Contrat de solutions, représentaient 57 % des surfaces de multiplication en 2020, contre 30 % sur la période 2011-2015.
Les agriculteurs ont aussi de plus en plus recours aux services numériques via les outils d’aide à la décision (OAD), dont une liste non exhaustive figure dans la fiche n°46 : OAD traitements maladies. Ainsi, 486 000 ha de blés ont été suivis en 2020 contre 430 000 ha en 2018. Plus précis dans les connaissances des contaminations, ces modèles contribuent notamment à la suppression du premier traitement contre la septoriose du blé quand les conditions le permettent. Les surfaces de blé tendre recevant un premier traitement (T1) fongicide ont diminué : 34 % en 2020 contre 48 % en 2018, à relativiser avec la pression de l’année. Et, en cas de nécessaire maintien de ce T1, le recours au soufre, produit de biocontrôle recommandé dans la fiche n°29, augmente. Il passe à 13 % des usages en 2020 contre 4 % en 2018.
Vers une couverture à 90 % des surfaces de pomme de terre par un OAD
En culture de la pomme de terre, certaines variétés résistantes au mildiou (fiche n°5) progressent fortement (jusqu’à + 30 %). Au total, 1 770 ha de plants résistant à ce champignon sont recensés en 2020 contre 1 760 en 2019. Quant aux Outils d’aide à la décision (fiche n°14), leur consultation tend à se généraliser pour évaluer la progression du mildiou. Ils sont utilisés pour piloter la protection de 70 % des surfaces de pommes de terre soit 110 000 ha. Une hausse de 10 000 ha a même été enregistrée entre 2019 et 2020. « Cette progression linéaire depuis 3 ans doit permettre d’atteindre l’objectif fixé en 2025 soit 90 % de surfaces couvertes », précise Éric Thirouin.
19,5 % des surfaces de colza semées avec une plante compagne
Pour gérer la pression des bio-agresseurs en début de cycle du colza, la fiche n°2 propose d’associer la crucifère avec des légumineuses gélives. Cette stratégie agronomique a été pratiquée sur 19,5 % des surfaces de colza en 2020 contre 12 % en 2018 et 3 à 5 % en 2016 ! En tout début de cycle, la légumineuse joue un rôle de leurre vis-à-vis du coléoptère grosse altise qui perfore les feuilles. Elle couvre le rang, freinant la levée des adventices et apporte de la biomasse au sol.
Quant au semis de variétés de colza résistantes au virus TUYV, transmis par les pucerons à l’automne, il est proposé dans la fiche n°41. Cette solution s’effectue sur 52 % des surfaces en 2020 contre 20 % en 2018.
Hervé Lapie, a été élu président du Contrat de solutions le 22 juin. Il succède à Éric Thirouin. Agriculteur en polyculture-élevage dans la Marne, il est secrétaire général adjoint de la FNSEA, président de la FDSEA de la Marne et de la FRSEA du Grand Est. Il préside aussi l’association “Symbiose, pour des paysages de biodiversité”.
Le Contrat de solution a été lancé en 2017 et structuré sous forme d’association en juillet 2019. Il rassemble 44 organismes agricoles.