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Maladies et ravageurs de la vigne

L’oïdium de la vigne

La sensibilité de la vigne à l’oïdium est maximale « de la floraison à nouaison ». Mais les premiers symptômes peuvent apparaitre sur les feuilles avant la fleur. Les stratégies de protection de la vigne contre l’oïdium s’appuient sur les mesures prophylactiques complétées par les programmes de traitements réalisés avec des fongicides conventionnels et de biocontrôle.

L’oïdium donne un goût herbeux au vin 

En s’attaquant aux grains de raisin, l’oïdium affecte la qualité gustative du vin. Il laisse un goût herbeux qui les rend impropre à la consommation. Il fait aussi baisser le rendement.

La gravité de l’épidémie d’oïdium est fortement influencée par le nombre de foyers primaires, la précocité des contaminations, la sensibilité des cépages et le maintien de l’humidité au cœur des pieds de vigne.

 

Risque de pic des contaminations de l’oïdium à la nouaison !

L’oïdium de la vigne, Erysiphe necator, possède un cycle biologique complexe et hiverne sous deux formes : l’une issue de la reproduction sexuée (les cléistothèces), l’autre non (mycélium). Dès le débourrement, avec des températures au-dessus des 11 °C et de l’humidité, de premières contaminations peuvent se manifester.

Contaminations primaires de l’oïdium, avec l’élévation des températures

Le mycélium de l’oïdium de la vigne peut se conserver l’hiver dans les bourgeons. La reproduction est de type asexuée. Un feutrage blanc apparait sur les jeunes pousses. Elles se crispent. Le symptôme « drapeaux » se forme. Il est surtout visible dans les cépages sensibles comme le Carignan, le Chardonnay, le Cabernet -Sauvignon.

La forme la plus courante de conservation hivernale de l’oïdium est de type sexuée. En fin d’été, les organes de reproduction, les cléistothèces, se forment sur la vigne attaquée, se fixent sous son écorce ou sur les feuilles mortes.

Ces cléistothèces éclatent au printemps pour laisser sortir les ascospores assurant les contaminations primaires. Elles germent à la surface des organes touchés, contrairement au mildiou qui lui se développe à l’intérieur. Le mycélium se fixe et se nourrit à l’aide de suçoirs.

Contaminations secondaires de l’oïdium, gare aux explosions !

Du printemps à l’automne, de nombreux cycles secondaires de contamination par l’oïdium se succèdent si les conditions climatiques sont favorables. L’humidité est indispensable à la fructification du mycélium. Des conidiophores se forment, ils contiennent les conidies (ou spores). Par contre, l’eau libre présente sur les feuilles fait éclater les conidies. Le parasite craint aussi la lumière directe.

Avec la hausse des températures et l’humidité, ces fructifications larguent les conidies. Celles-ci seront disséminées par le vent, les orages… Ainsi, l’optimum pour le développement de l’oïdium se situe entre 25°C et 30°C, et 40 % et 100 % d’humidité relative. Le stade maximal de sensibilité des grappes correspond à la « fin floraison – début nouaison ».

Symptômes de la maladie sur la vigne

Les toutes premières manifestations de l’oïdium sont discrètes. Elles se caractérisent par des taches huileuses à la face supérieure des feuilles comme le mildiou et de petites taches près des nervures à la face inférieure. Il faut avoir l’œil pour les repérer, une loupe est souvent nécessaire. Un feutrage gris apparait ensuite sur la surface inférieure de la feuille, puis colonise la face supérieure. Une poussière cendrée recouvre aussi les grains.

À noter sur l’oïdium

Les grains affectés par l’oïdium peuvent éclater en créant ainsi une porte d’entrée pour un autre champignon, le botrytis.

Duvet blanc oïdium vigne

Les grains atteints par l’oïdium sont d’abord recouverts d’une poussière grise d’aspect cendré.

Oïdium de la vigne, les mesures de prévention

Lorsque les symptômes de l’oïdium sont visibles sur les feuilles, c’est souvent trop tard, l’infestation a débuté depuis trois à quatre semaines. La première action consiste à bloquer l’apparition du foyer primaire et la progression de l’oïdium au sein de la parcelle par des interventions au démarrage de la végétation et pendant la croissance de la vigne.

Les mesures prophylactiques pour bloquer tôt l’oïdium de la vigne

  • Dans les parcelles où la maladie est historique, enlever les rejets de vigne, favorables à l’installation des foyers primaires et au démarrage précoce de l’épidémie
  • Limiter la vigueur avec une fertilisation modérée et favoriser l’enherbement des parcelles
  • Aérer la vigne car l’oïdium se développe avec de l’humidité et de l’ombre

Oïdium de la vigne, la protection fongicide

« Quand l’oïdium apparaît sur les grappes, il est trop tard ! »

La détection visuelle de symptômes précoces ou la prise en compte de l’historique parcellaire est essentielle dans la stratégie de protection contre l’oïdium. Si quelques taches sont tolérées (seuil de nuisibilité), l’objectif est d’éviter une explosion de la maladie.

L’objectif est de sécuriser la floraison, jusqu’à la fermeture de la grappe. La stratégie de protection doit aussi viser une optimisation des applications de fongicides conventionnels avec à la clé une baisse de l’Indice de fréquence de traitement (IFT), sans compromettre le rendement et la qualité.

Les solutions de biocontrôle composées de soufre, micro-organismes, substances naturelles, s’insèrent dans les programmes de protection contre l’oïdium en prévention des contaminations.

Le déclenchement de la protection de la vigne s’effectue grâce aux alertes des Bulletins de santé du végétal, de celles des techniciens en lien avec la consultation des stations météo, de l’historique sanitaire de la parcelle et des observations.

La note technique commune sur les résistances, rédigée chaque année par l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), l’Inrae, l’Anses, les Chambres d’agriculture, le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), la DGAL, recommande d’alterner les familles chimiques dans la construction des programmes afin de prévenir le risque de résistance des souches d’oïdium aux fongicides.

Les catégories de fongicides en vigne

Les formulations contiennent soit une seule famille chimique soit une association afin de bénéficier de plusieurs mode d’action.

  • Les produits fongicides de contact : Ils agissent préventivement en bloquant la germination de l’oïdium par contact. Ils sont lessivables. Le soufre entre dans cette catégorie.
  • Les produits fongicides pénétrants : Ils pénètrent dans les organes à protéger qui sont présents au moment de l’application mais pas les pousses formées après le traitement.
  • Les produits fongicides systémiques : Ils pénètrent dans l’organe et diffusent par la sève. Les organes formés après le traitement sont protégés.
  • Les produits fongicides de biocontrôle : ces solutions naturelles inhibent le développement du mycélium de l’oïdium et/ou activent les défenses naturelles de la vigne lors d’une contamination. Ils s’emploient le plus souvent en début de programme ou après fleur suivant le type de biocontrôle, en complément de produits conventionnels à dose adaptée pour réduire les IFT.

La qualité de la pulvérisation est essentielle pour réussir un programme de traitement. Elle peut être améliorée grâce à un matériel performant et avec l’emploi d’adjuvants. Le respect des doses recommandées au bon moment, le volume de la bouillie, le réglage du pulvérisateur, les buses anti-dérives participent aussi à la réussite du traitement.

 

Pour en savoir plus sur les bonnes pratiques de traitement, cliquez ici

 

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