Culturales 2023 et protection des cultures : à la croisée des défis climatiques et de sécurité alimentaire
Les innovations pour protéger les cultures présentées par les onze adhérents de Phyteis lors des Culturales intègrent les enjeux de changement climatique, d’agroécologie et de souveraineté alimentaire. Autre thème mis en avant sur les stands des entreprises : l’accompagnement des agriculteurs et les partenariats entre acteurs agricoles pour sécuriser la transformation des modèles agronomiques.
A la fin du siècle, le climat de Congerville-Thionville, commune de l’Essonne où se sont déroulées Les Culturales se rapprochera de celui d’Avignon selon les modèles de prédiction du changement climatique en France partagés par les experts d’Arvalis ! Ces 14 et 15 juin, les 15 000 visiteurs ont bien eu un avant-goût des pics de chaleur qui frapperont de plus en plus les cultures dans les prochaines décennies tant le soleil brûlait.
L’agroécologie, fil conducteur des essais des dernières éditions des Culturales, s’impose désormais comme le prérequis pour adapter les itinéraires de conduite des cultures à la problématique majeure : le changement climatique et avec lui, le manque d’eau. La transition est en cours. Cette transition, les adhérents de Phyteis veulent la sécuriser, réduction du nombre de produits phytopharmaceutiques oblige. Ils innovent dans le cadre de stratégies de protection des cultures combinatoires, mobilisent plus facilement les expertises grâce au digital et nouent des partenariats.
L’approche combinatoire pour adapter les cultures au changement climatique
Face au défi du changement climatique, les entreprises répondent biostimulants, seuls ou associés à d’autres solutions de protection des cultures, pour réduire le stress hydrique et thermique. Elles répondent aussi digital farming pour moduler les doses d’engrais, principal poste d’émission des GES (xarvio® FIELD MANAGER et FieldView). La sélection variétale reste la voie la plus prometteuse avec la recherche de blés hybrides pour augmenter le rendement et améliorer sa régularité (Syngenta et BASF) ainsi que d’orges hybrides robustes (Syngenta). Stabilité des rendements et résilience sécurisent la production de maïs en France (DEKALB pour Bayer, Syngenta, Pioneer et Brevant pour Corteva). La robustesse s’accroît avec la tolérance aux maladies telle celle du colza vis-à-vis du risque sclérotinia (Corteva). Enfin, des inhibiteurs d’uréase pour réduire les émissions d’ammoniac font aussi partie des solutions explorées (Corteva et BASF).
Les itinéraires « bas carbone » travaillés par Phyteurop dans le cadre du réseau Bioline by InVivo, associent les semences, le pilotage de la fertilisation, le digital et le biocontrôle avec à la clé une baisse systématique de l’émission des GES.
Partage de l’expertise facilité grâce au digital farming
Le digital s’impose comme un outil efficace de partage d’expertise. Pour FMC, il facilite la mise en relation des techniciens et des agriculteurs avec les experts en malherbologie et entomologie de l’entreprise. Afin de renforcer sa communication technique, Ascenza vient d’ouvrir sa plateforme de contenu à destination des acteurs agricoles. La montée en puissance de site est concomitante avec le lancement officiel lors des culturales.
Bayer se positionnera cet automne avec La Communauté Agricole, un salon virtuel multipartenaire. Chacun pourra poster son propre contenu, accéder à du contenu sur mesure, créer ses clubs d’échanges et d’expertise.
Corteva anime la placedesagriculteurs.fr. Le site met à disposition des contenus personnalisables, ainsi que des modules sur la communication positive en agriculture avec PositifParNature.
L’Observatoire Limaces de De Sangosse met en avant une communauté de plus de 800 agriculteurs piégeurs et recrute ! Le piégeage des limaces peut être réalisé avec le dispositif autonome et connecté de reconnaissance par intelligence artificielle de ces ravageurs, Limacapt. Il était en démonstration sur le stand. Les résultats des observations sont diffusés via l’application Ciblage.
Nouer des partenariats pour sécuriser la transformation de l’agriculture
Autre levier pour accompagner la transformation de l’agriculture et accroître la performance technico-économique des exploitations : rapprocher les expertises ou services via des partenariats et décloisonner les secteurs d’activités.
Des options sont explorées du côté des agroéquipements autres que les pulvérisateurs pour appliquer avec plus de précision les produits de biocontrôle ou phytopharmaceutiques. C’est le cas pour Gowan. Avec GAM Agripièces, l’entreprise a présenté sur son stand différents équipements pour incorporer ses herbicides lors de la préparation du sol ou de semis. Par ailleurs, un semoir « tout en un » suréquipé des technologies Precision Planting était aussi en démonstration. La machine optimise les traitements (herbicides du sol, biocontrôle et biostimulant) en un seul passage. L’objectif est d’obtenir l’homologation de cette méthode d’application à horizon 2027 pour ces solutions sur les cultures à grand écartement.
BASF a présenté sur son stand l’innovation ONE SMART SPRAY, intégrée sur l’UX SmartSprayer, le pulvérisateur de dernière génération du constructeur Amazone et exposé lors des Culturales. Doté d’équipements de précision conçus par Bosch (caméras, unités lumineuses, etc.), il est piloté par l’intelligence artificielle de xarvio® ONE SMART SPRAY. La technologie ONE SMART SPRAY permet une réduction jusqu’à 70 % des doses d’herbicides appliquées sur les cultures en végétation.
Xarvio®FIELD MANAGER BASF est aussi interopérable avec les solutions de Smag et d’Isagri.
Pour réduire l’usage des phytosanitaires, Nufarm compte lancer en 2024, Nucrop une machine pour défaner par voie électrique les pommes de terre à l’aide d’un biostimulant électrolyte. Celui-ci facilite la conductivité. L’outil a été développé avec l’équipementier Crop.Zone. Un défanage avec un herbicide de biocontrôle (nouvelle substance active en agriculture) est aussi à l’étude en alternative.
Dès 2024, Syngenta va proposer la solution Interra Scan, conçue avec SoilOptix. Un scan embarqué sur un quad ausculte les sols pour révéler leur composition physico-chimique et la teneur en matière organique. Compatibles avec de nombreux équipements, les cartes obtenues permettent la modulation des doses de fertilisants, de semis ou de produits phytosanitaires.
Bayer vient de conclure quatre partenariats pour sa plateforme de collecte de données agricoles FieldView afin faciliter l’interopérabilité dans le digital farming : avec Wanaka pour piloter la fertilisation azotée, avec Seabex pour le pilotage de précision de l’irrigation, avec Géofolia pour l’expertise réglementaire et avec Xfarm pour la gestion de l’exploitation agricole.
Syngenta précise le calendrier de lancement de sa plateforme Cropwise® Protector, rassemblant son offre numérique pour protéger les cultures dont l’OAD Avizio. Programmée avec la distribution agricole, la commercialisation débute pour la campagne 2023-2024.