Congrès de la CGB : priorité à la protection des betteraves contre les bioagresseurs, en particulier le puceron vert
Au-delà de 2023, une incertitude majeure plane sur la maîtrise de la jaunisse de la betterave. De plus, les planteurs appellent à ne pas fragiliser la souveraineté alimentaire et énergétique avec le futur règlement pesticides SUR.
L’année 2023 est importante pour la filière betteravière. « Plus que jamais elle a besoin de conserver ses facteurs de production pour compenser les effets des aléas climatiques et maintenir ses outils industriels », a rappelé Franck Sander, président de la CGB, en clôture de l’Assemblée générale du syndicat qui s’est tenue le 8 décembre à la Maison de la chimie à Paris
Dérogation néonicotinoïdes pour 2023
La betterave revient à des niveaux de rentabilité plus acceptables. Les cours du sucre haussiers, une rémunération des planteurs réajustée en conséquence et le contrôle des virus transmis par les pucerons lesquels entrainent le jaunissement des feuilles de betteraves participent à sa durabilité. « Il faudra donc que cette tendance se poursuive en 2023 pour encourager nos planteurs à semer des betteraves et ainsi conserver les outils industriels qui les transforment », a-t-il insisté. En réponse, dans une vidéo, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a déclaré qu’en attendant des alternatives à ces insecticides, la « première étape » consistait à « prolonger la dérogation » pour les semis de l’année 2023, se montrant favorable à cette mesure.
2024 et 2025 seront des années charnières pour la betterave
Néanmoins, pour conserver les surfaces de betteraves, Franck Sander suggère d’envisager la prolongation des financements relatifs au programme de recherche, PNRI, en le recentrant sur les projets prometteurs. « Au-delà de 2023, une incertitude majeure plane sur le risque jaunisse, a insisté Franck Sander. Si le PNRI est une véritable chance pour notre filière, ce plan n’est pas encore à son terme et, à ce jour, les alternatives qui se dessinent n’ont pas fait la preuve d’une efficacité suffisante. » La mise sur le marché de variétés tolérantes, l’autorisation d’autres substances insecticides, la validation de l’action des plantes compagnes, l’efficacité des phéromones et des autres solutions de bioprotection demandent du temps.
Les décisions d’assolements 2024 devant se prendre à l’été 2023, avant cette période, il invite les pouvoirs publics à élaborer la stratégie 2024 et 2025 de lutte contre la jaunisse. Le Conseil d’administration de l’interprofession de la filière, l’AIBS a été mandaté par la CGB pour la représenter.
Règlement pesticides SUR, une attaque à la souveraineté alimentaire
Les prochains mois seront aussi décisifs pour modifier en profondeur le projet de règlement européen SUR relatif à l’utilisation durable des pesticides. Son objectif de réduction de moitié de l’emploi de phytosanitaires d’ici à 2030 et l’interdiction de leur utilisation dans les zones dites sensibles telles celles Natura 2000 signifie la décroissance de l’agriculture européenne. En France, ces zones représentent la moitié de la surface agricole : « C’est une attaque en règle de notre souveraineté alimentaire et énergétique, le tout sans étude d’impact !, a-t-il dénoncé. C’est aussi la porte grande ouverte à des importations massives des produits agricoles, dont les standards environnementaux seront inférieurs à ceux que nous avons déjà. » Ce dont ne veulent pas les français, selon une enquête IFOP partagée lors du congrès.
Construction de méthode de protection durables avec les adhérents de Phyteis
Phyteis est l’un des partenaires du congrès de la CGB. La filière betteravière travaille avec les différentes entreprises de protection des cultures, biocontrôle inclus, pour préserver et compléter la palette de solutions de protection de la culture. Le syndicat betteravier rappelle la ligne rouge à ne pas dépasser au niveau de la réglementation : « Pas d’interdiction sans solutions alternatives efficaces.»