Betteraves, la dernière dérogation sur les néonicotinoïdes en consultation publique
Le gouvernement a mis en consultation publique, du 3 au 24 janvier, le projet d’arrêté relatif à une dérogation de 120 jours pour l’usage d’insecticides néonicotinoïdes en traitement des semences des betteraves pour les semis 2023.
L’année 2023 est la dernière campagne betteravière prévue par la loi du 14 décembre 2020* pour utiliser les néonicotinoïdes en traitement des semences. Cette dérogation sur les betteraves fait l’objet d’un arrêté dont le projet est soumis à consultation du 3 au 24 janvier, consultable sur le site du ministère de l’Agriculture. Elle est complétée par un formulaire de réponse.
Pour prendre sa décision, le gouvernement examine aussi les prévisions climatiques saisonnières établies début janvier et la présence de réservoirs viraux à l’automne. Le conseil de surveillance présidé par le sénateur Pierre Louault se prononcera le 20 janvier.
Les ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture devraient signer l’arrêté tout début février pour permettre dans la foulée l’enrobage des semences. À noter, les doses de produit néonicotinoïdes en enrobage de semences utilisées pour les deux précédentes dérogations le sont à des niveaux 25 % inférieurs à ceux pratiqués avant l’interdiction.
Similaire à la version de 2022, le projet d’arrêté indique les conditions d’emploi des semences traitées avec de l’imidaclopride ou du thiamethoxam. Il fixe des restrictions sur les cultures, pouvant être semées les années suivantes. L’objectif est de limiter l’exposition des insectes pollinisateurs aux résidus éventuels de produits.
PNRI et gestion des bords de champ avec des plantes mellifères
En parallèle, le programme de recherche PNRI se poursuit autour de 23 projets afin de trouver des solutions contre les pucerons et ainsi éviter la jaunisse ou encore pour mieux connaître les réservoirs viraux. « Les enseignements des deux campagnes montrent que la solution se trouvera certainement du côté de la génétique avec des variétés résistantes aux virus », commente Ronan Vigouroux responsable environnement Phyteis. Quant à la protection des pollinisateurs sauvages et domestiques en rotation betteravière, elle passe par un désherbage des parcelles pour éviter la levée des adventives mellifères, la betterave n’étant pas butinée, ainsi que par une gestion des bords de champs. Dans ce dernier cas, des semis d’espèces pérennes attractives pour les abeilles tels les trèfles sont recommandés. » Les betteraviers sont très engagés dans la mise en place de ces leviers agroécologiques.
*La loi n° 2020-1578 du 14 décembre 2020 permet les enrobages de semences de façon dérogatoire sur 120 jours et renouvelable d’année en année jusqu’au 1er juillet 2023.
Les cultures autorisées sur trois ans derrière des betteraves traitées avec des néonicotinoïdes
- La première année (N+1) : avoine, blé, choux, cultures fourragères non attractives, cultures légumières non attractives, endive, fétuque (semences), moha, oignon, orge, ray-grass, seigle, betterave sucrière (sauf celles avec semences traitées au thiamethoxam ou à l’imidaclopride), épeautre, épinard porte-graine, graminées fourragères porte-graine, haricot, miscanthus, soja, tabac, triticale, tritordeum ;
- La deuxième année (N+2) : toutes les cultures autorisées en N+1 auxquelles s’ajoutent le chanvre, le maïs, le pavot/œillette, la pomme de terre, le millet, le quinoa ;
- La troisième année : toutes les cultures autorisées en N+1et N+2 ainsi que le colza, les cultures fourragères mellifères, les cultures légumières mellifères, la féverole, le lin fibre, la luzerne, la moutarde tardive, la phacélie, le pois, le radis, le tournesol, le trèfle, la vesce, le lupin, le sarrasin, le sorgho.