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Néonicotinoïdes sur semences de betteraves, projet de dérogation pour 2022 en consultation

Face au risque d’attaques des pucerons vecteurs des virus de la jaunisse, la filière betterave reste fragile. Les solutions alternatives efficaces aux néonicotinoïdes ne sont pas encore disponibles. Le projet de dérogation d’utilisation en traitements des semences de l’imidaclopride ou du thiaméthoxame pour 2022 est mis en consultation jusqu’au 16 janvier par le gouvernement.

Une consultation publique sur un projet d’arrêté autorisant provisoirement l’emploi de semences de betteraves sucrières enrobées avec des néonicotinoïdes pour les semis de 2022 se tient jusqu’au 16 janvier. La loi n° 2020-1578 du 14 décembre 2020 permet les enrobages de semences de façon dérogatoire sur 120 jours et renouvelable d’année en année jusqu’au 1er juillet 2023.

Dérogation des néonicotinoïdes pour 2022, les conditions sont réunies

Les attaques précoces de pucerons vecteurs des virus de la jaunisse ne peuvent être écartées en 2022 en lien avec la difficile anticipation des conditions météo et la présence d’un réservoir infectieux. “Une dérogation sur les néonicotinoïdes est nécessaire car les agriculteurs font actuellement face au risque de la jaunisse comme au printemps 2020“, explique Ronan Vigouroux, responsable agriculture durable et environnement à l’UIPP. Le Conseil de surveillance présidé par le député Grégory Besson-Moreau, rassemblant 34 parties prenantes a rendu le 21 décembre un avis favorable sur le projet de dérogation pour les semis 2022. De son côté le ministère de l’Agriculture indique qu’« au regard des éléments disponibles, le Gouvernement considère que les conditions d’octroi d’une dérogation pour 2022 sont réunies. » Le projet a été mis en ligne le 24 décembre.

Alternatives aux néonicotinoïdes attendues pour 2024

Cette dérogation temporaire s’accompagne d’un travail de fond de la filière betteravière et de la recherche publique et privée. Mené dans le cadre du Plan national de recherche et d’innovation (PNRI), il vise la mise au point de solutions alternatives pour 2024. Dans son avis du 26 mai 2021, l’Anses listait 18 solutions alternatives aux néonicotinoïdes mobilisables à moyen terme et combinatoires. « L’évaluation des solutions alternatives réalisée par l’Anses montre qu’elles sont nombreuses, précise Ronan Vigouroux. Cependant, pratiquement aucune des huit familles de solutions identifiées n’est pleinement efficace ou disponible à ce jour. Les seules molécules phytopharmaceutiques utilisables hormis les néonicotinoïdes présentent un risque accru de résistance des pucerons. Les produits phytosanitaires de chimie naturelle, les macro-organismes et les variétés de betterave résistantes au virus sont des solutions prometteuses mais encore en cours de développement. »

Parmi les solutions alternatives aux néonicotinoïdes identifiées par l’Anses et à l’étude : des variétés de betteraves résistantes aux virus de la jaunisse, des produits de biocontrôle, d’autres produits phytopharmaceutiques, le recours aux plantes compagnes répulsives pour les pucerons, aux auxiliaires…

L’AVIS DE L’UIPP

Ronan Vigouroux, responsable agriculture durable et environnement à l’UIPP

« L’industrie de la protection des cultures et la filière betteravière s’investissent pleinement dans la recherche d’alternatives qui demandent un temps long pour leur développement et leur adoption par les producteurs de betteraves. De plus, à ce jour, aucune solution n’étant pleinement efficace, l’agriculteur devra combiner plusieurs solutions. »