Technologies numériques d’avenir pour protéger les cultures : d’abord la précision !
Distributeurs et agriculteurs ont des avis légèrement différents sur les technologies numériques d’avenir pour protéger les cultures. Cependant, tous plébiscitent la précision et reconnaissent le besoin d’accompagnement par leur fournisseur.
Un chapitre de l’étude qualitative sur l’agronomie digitale réalisée par ADquation en 2024 pour Phyteis explore les attentes des agriculteurs, des entreprises de travaux agricoles (ETA), des distributeurs agricoles et des prescripteurs en matière de numérique. Ainsi, les enquêteurs ont demandé à 34 personnes de se projeter dans leur quotidien professionnel pour identifier les technologies qui auront le plus d’avenir.
Les agriculteurs plébiscitent les technologies numériques d’avenir au service de la haute précision
Les 12 agriculteurs interrogés s’intéressent particulièrement à la robotique et à la pulvérisation localisée. La robotique répond à leur besoin de main-d’œuvre et à l’envie de recourir au désherbage mécanique. À l’avenir, ils envisagent également la pulvérisation localisée pour améliorer le désherbage chimique. Cependant, au-delà du coût élevé de ces technologies, la compétence des chauffeurs reste pour eux un enjeu majeur. Ce défi de formation concerne aussi les 6 entreprises de travaux agricoles (ETA) sollicitées dans l’étude.
D’ailleurs, les ETA gérées par des chefs d’exploitation adoptent une posture proche de celle des agriculteurs. Elles se déclarent « ouvertes mais prudentes face aux technologies ». Ces structures envisagent la robotique et l’application de précision à moyen ou long terme. Les ETA « pures », bien que moins nombreuses, montrent un intérêt encore plus marqué pour le numérique. En effet, il fait déjà partie de leurs outils de gestion (clients, flotte, administratif). Certaines entreprises y voient même un levier de différenciation via des prestations de pulvérisation innovantes, malgré les investissements nécessaires. Toutefois, l’attrait pour les Outils d’aide à décision (OAD) de prédiction du risque bioagresseur reste modéré. Les ETA mixtes les estiment même peu utiles car elles interviennent à la demande.
Cartographie, OAD prédictifs et robotique sont l’avenir selon la distribution agricole
Pour les 5 coopératives, 5 négociants agricoles et les 6 conseillers indépendants sollicités dans l’enquête, les technologies numériques d’avenir pour protéger les cultures sont la cartographie, les OAD prédictifs et la robotique. Tous apportent davantage de précision, que ce doit dans le suivi des bioagresseurs, l’élaboration des stratégies de protection ou l’intervention au champ.
Ainsi, la cartographie s’effectuera principalement par satellite, car à ce jour, ils jugent les drones trop coûteux et complexes. Bien que de plus en plus d’agriculteurs possèdent des cartes satellites, les techniciens et conseillers estiment qu’elles restent sous-exploitées.
Quelques conseillers mentionnent également l’utilisation de capteurs embarqués sur le matériel agricole pour collecter des données.
Quant aux OAD, ils deviendront incontournables. Par exemple, Mileos qui suit le développement du mildiou de la pomme de terre est régulièrement cité. Ce type d’outil doit se développer pour d’autres cultures et problématiques. Une évolution attendue consiste à mieux prendre en compte la diversité des environnements de production, notamment les situations complexes.
Trois critères de choix des technologies numériques
Le choix d’une technologie numérique repose sur trois critères principaux. En premier lieu, il s’agit de la pertinence de l’outil. Pour tous, celui-ci doit répondre à des besoins opérationnels concrets, comme l’anticipation des risques liés à des conditions climatiques extrêmes ou l’optimisation des apports d’intrants. L’intérêt économique pèse aussi dans la balance, aussi bien pour l’agriculteur que pour les structures de conseil ou de distribution. Enfin, la facilité d’utilisation reste déterminante pour encourager l’adoption et limiter le besoin d’accompagnement. D’ailleurs, les conseillers jugent les OAD actuels globalement attractifs et bien conçus, ce qui en encourage l’appropriation.
L’accompagnement, essentiel au déploiement des technologies numériques d’avenir pour protéger les cultures
Les prescripteurs souhaitent réduire la distance entre le digital et le monde agricole. Cela passe par une prise en compte des réalités agricoles par les fournisseurs d’outils digitaux. De surcroit, ils attendent un service après-vente qualitatif et la pérennité de la structure.
Les avis sur les firmes de protection des cultures comme fournisseurs de solutions numériques sont partagés. Certains doutent de leur neutralité, surtout si les OAD qu’ils proposent se relient uniquement à leurs produits. Toutefois, la solidité de ces entreprises, leur connaissance du monde agricole et, pour certains distributeurs, la relation de confiance qu’ils entretiennent, les rassurent. Ces éléments leur donnent confiance dans la fiabilité des outils proposés. Les agriculteurs ont des attentes similaires concernant l’offre de leur distributeur. Ils privilégient celle qui s’accompagne du soutien d’un conseiller de proximité.