Confusion sexuelle contre le carpocapse des pommes : l’effet papillon expliqué par Sumi Agro
La mi-avril marque le top départ de la pose des diffuseurs de phéromones dans les vergers et les vignes pour contrôler les papillons ravageurs. Rencontrée à l’occasion du Sival à Angers qui s’est tenu du 15 au 17 mars, Aude Colette de Sumi Agro explique les bénéfices directs et indirects de cette méthode de bioprotection ainsi que les perspectives.
Méthode de biocontrôle, la confusion sexuelle concerne seize ravageurs, dont le carpocapse des pommes et des poires … L’installation des diffuseurs s’effectue avant le premier vol des adultes, soit de mi-avril à mai selon les régions. Aude Colette, responsable marketing et communication chez Sumi Agro, définit la confusion sexuelle comme « une méthode globale de gestion des populations de ravageurs au sein d’une culture et non uniquement une réponse à une seule problématique. »
La confusion sexuelle diminue le recours aux insecticides
Autorisée en agriculture biologique, largement employée en arboriculture, soit sur 70 % à 80 % des surfaces de vergers de pommiers, le premier effet de la confusion sexuelle se mesure sur le niveau de la population de carpocapses dès la première année d’utilisation. Perturbés par les phéromones, les mâles ne repèrent plus les femelles pour s’accoupler. En affaiblissant les populations, le recours aux insecticides est, en parallèle, limité
L’emploi de cette technique se raisonne dans le cadre d’une approche combinatoire de la protection des cultures. « La confusion sexuelle répond aux demandes sociétales de moins de traitements, ajoute-t-elle. En offrant une alternative de protection, avec un mode d’action différent, elle permet de gérer le risque de résistance aux insecticides, dont le nombre a été fortement réduit. Elle contribue à préserver l’efficacité des dernières familles chimiques autorisées. »
Effets amplifiés de la confusion sexuelle sur les écosystèmes des vergers
La confusion sexuelle apporte aussi des bénéfices indirects. « En réduisant le recours aux insecticides, d’autres effets s’observent aux vergers », souligne Aude Colette. Les phéromones ne visent qu’une seule espèce de ravageurs. Des insectes auxiliaires s’installent en nombre dans les parcelles. De nouvelles espèces utiles peuvent même occuper le verger ou le vignoble car la ressource alimentaire devient plus riche. « Grâce à un rétablissement de l’équilibre naturel en quelques années, nous avons, par exemple, relevé un repli des usages d’acaricides, témoigne Aude Colette. Les insectes auxiliaires prédateurs des acariens sont revenus à un niveau suffisant pour contenir les acariens. » Le verger est repensé comme un écosystème.
Ouvrir à la double confusion sexuelle et à d’autres cultures pérennes
Au début, les diffuseurs ne ciblaient qu’un seul papillon, le carpocapse, premier ravageur en termes de dégâts et de nombre de traitements sur pommes et poires. Depuis 2011, des dispositifs apportent une double confusion : « Sur pommiers, la tordeuse orientale du pêcher et le carpocapse sont visés simultanément, illustre Aude Colette. La double confusion va faire baisser encore plus reculer le nombre de traitements insecticides. » La méthode de confusion est amenée à se déployer largement sur d’autres vergers. Un diffuseur contre le carpocapse du châtaignier, un autre contre la sésie des pommiers sont déjà disponibles. Et à venir ? « Un diffuseur biodégradable et d’autres combinaisons », prévient-t-elle.