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Maladies et ravageurs des pommiers – poiriers

Carpocapse des pommes et des poires

Le carpocapse des pommes et des poires, ou ver de la pomme, perfore les fruits. Connaître la biologie de ce papillon est un point clé pour limiter son installation dans les vergers. Savoir quand se déroulent les vols d’adultes, utiliser la confusion sexuelle, éviter la formation des cocons en fin d’été, favoriser les auxiliaires, font partie des mesures efficaces dans le cadre d’une stratégie de protection intégrée. Elle vise l’emploi des insecticides uniquement si les seuils de nuisibilité sont dépassés.

Carpocapse des pommes et des poires, redoutable

Toutes les zones de culture des pommiers, poiriers et aussi des noyers, cognassiers, sont concernées par les attaques du carpocapse. Ce sont les chenilles de Cydia pomonella qui causent d’importants dégâts. Elles perforent les fruits pour dévorer les pépins. Les fruits tombent. Conséquence : une importante perte de récolte.

 

Cycle biologique et caractéristiques du carpocapse

Au printemps, après émergence, l’adulte entame son vol pour s’accoupler. Le mâle repère la femelle grâce aux phéromones sexuelles qu’elle émet. Elle pond dans les 5 jours sur les feuilles, les rameaux ou les jeunes fruits. L’adulte vit de 12 à 18 jours.

Après éclosion, la larve effectue de petites morsures sur les feuilles. Ce stade baladeur dure 1 à 5 jours. La chenille pénètre ensuite dans la pomme, souvent là où le fruit est en contact avec une feuille ou lorsque deux fruits se touchent. La larve creuse une galerie en spirale, qu’elle remplit de déjections pour atteindre le cœur du fruit. Elle se nourrit des pépins des pommes et des poires. À la fin de son développement, la larve quitte le fruit. Elle entre soit en nymphose pour donner un papillon de deuxième génération, soit entre en diapause (en arrêt de développement).

Suite à la deuxième génération, les larves dont la croissance se déroule de fin août à octobre entrent toutes en diapause en préparation de l’hiver. Elles le passent dans un cocon qu’elles tissent dans les trous d’écorce ou dans divers abris au sol.

Stimulée par la hausse des températures, la larve se métamorphose au printemps, pour donner un nouvel adulte

La chenille creuse une galerie jusqu’aux pépins qu’elle dévore.

Carpocapse, comment le reconnaitre ?

Le papillon, ailes antérieures striées

Le carpocapse adulte mesure de 1,5 à 2,2 cm. Sa couleur gris-brun est assez passe-partout. Il se repère toutefois grâce à ses ailes antérieures striées par des lignes sombres. L’extrémité présente une tache ovale brune. Les ailes postérieures ont une couleur cuivrée.

L’œuf, en forme lentille

Une femelle de carpocapse pond entre 50 et 80 œufs sur les feuilles, les rameaux ou les fruits. L’œuf du carpocapse mesure environ 1,3 mm de diamètre et est en forme de lentille. Sa couleur évolue à mesure de sa maturité. Gris à la ponte, il se pare d’un anneau rouge-orangé. Un point noir (la tête de la future larve) apparait avant l’éclosion.

La chenille, blanche à tête noire au début, puis rose

En début de son cycle, la chenille mesure 1.5 cm. Sa tête est noire et son corps blanchâtre avec une plaque thoracique brune. La couleur de la larve change à mesure de son développement, pour devenir rose clair. Remarque, en prenant cette couleur rosée, elle peut être confondue avec la chenille de la tordeuse orientale ou de la petite tordeuse des fruits. Leur différence ? L’absence de peigne anal pour celle du carpocapse.

La chrysalide, couleur brune

La couleur de la chrysalide du carpocapse varie du brun-jaune au brun-foncé. Elle mesure environ 1 cm.

Papillon aux couleurs discrètes, le carpocapse possède des ailes antérieures striées par des lignes sombres et des ailes postérieures brun-cuivrée.

Prévention et protection contre le carpocapse des pommes et des poires

La lutte contre le carpocapse en verger se raisonne en fonction du niveau de population. Un suivi des vols est essentiel afin d’intervenir au bon moment si les seuils de nuisibilité sont dépassés. En amont, des mesures préventives sont mises en place dans les parcelles pour limiter l’installation et le développement du ravageur.

L’objectif est de réduire l’IFT (Indice de fréquence de traitement), en combinant les solutions de protection des vergers.

Les mesures prophylactiques contre le carpocapse

Pour éviter de retrouver chaque année des vols de carpocapses dans les vergers, les larves ne doivent pas trouver des zones pour hiverner. Les souches, les palettes, les bois de taille à proximité du verger constituent par exemple de bons abris. De façon générale, tout support en bois doit être supprimé. Les fruits attaqués par les chenilles, tombés au sol, sont ramassés et détruits.

Et à l’inverse, si des refuges sont laissés, c’est pour mieux piéger le carpocapse. Des bandes pièges en carton ondulé, placées autour des troncs, diminuent ainsi la population initiale pour l’année suivante car elles capturent les larves qui descendent le long des troncs pour entrer en diapause en fin de saison. Fixées en fin de première génération des ravageurs, elles sont retirées et brûlées après la récolte lorsque les larves s’y sont réfugiées pour passer l’hiver.

Autre levier : favoriser les auxiliaires en leur créant des gîtes. Les mésanges sont des prédateurs naturels des larves de carpocapses et de nombreuses autres chenilles de lépidoptères. Les chauves-souris, mammifères insectivores très voraces, s’attaquent majoritairement aux insectes volant le soir ou la nuit dont les tordeuses comme le carpocapse. Les haies avec des cavités, les nichoirs, constituent de bons abris à ces prédateurs du carpocapse.

D’autres auxiliaires existent dont des nématodes Steinernema carpocapsae qui parasitent les larves hivernantes de carpocapse. Ces nématodes sont utilisés en lutte biologique. Un microhyménoptère Mastrus ridens dont les femelles pondent dans les larves de carpocapse avant la diapause se révèle tout aussi intéressant. L’introduction de ce microhyménoptère permettrait de réduire les populations de carpocapse.

Les haies et les nichoirs, constituent de bons abris pour les oiseaux prédateurs du carpocapse.

La surveillance des vergers, point clé de la stratégie de protection

L’évaluation du niveau de population de carpocapse s’effectue en suivant le vol des adultes dès leur émergence en avril. Des outils d’aide à la décision (Di@gno-Pom développé par l’Inra et Inoki, plateforme proposée par le CTIFL, carpocapse DGAL-Onpv), le piégeage et l’observation régulière des vergers permettent d’estimer le risque et les moyens de protection adaptés. Le niveau d’infestation de l’année N-1 est un bon indicateur du risque de l’année N.

Le piégeage alimentaire pour repérer les vols de carpocapse

Le piège alimentaire est utilisé pour suivre l’activité des papillons dans les vergers où la confusion sexuelle n’est pas pratiquée. En cas de dépassement de seuil, soit 3 adultes par semaine, la protection du verger doit être envisagée.

La surveillance du verger

Elle complète le piégeage jusqu’à la récolte.

Le comptage peut être effectué sur jeunes fruits en fin de première génération. Le seuil admis est de 3 fruits attaqués pour 1 000 fruits observés (0,3%) en fin de première génération.

  • Pommiers : ils sont sensibles pendant toute la durée des vols.
  • Poiriers : le degré de sensibilité dépend des variétés. Celles d’été et d’automne, Guyot, William’s, Beurré Hardy, sont sensibles dès la première génération. Les variétés d’hiver Conférence, Doyenné du Comice le sont surtout avec la deuxième génération de carpocapse.

Les moyens de protection contre le carpocapse

Une protection efficace associe la lutte préventive et en cas de risque avéré, le recours aux insecticides aux stades critiques : œufs et larves.

Les modes de protection alternatifs : le biocontrôle et les moyens mécaniques
  • La confusion sexuelle est largement répandue en verger de pommiers. Plus de 50 % des surfaces sont couvertes en France par cette technique. L’objectif est de saturer l’air avec l’hormone qu’émet la femelle, empêchant les mâles de la retrouver. Faute d’accouplement le cycle du ravageur est cassé. Cette méthode est très efficace, si la pression n’est pas trop forte, soit moins de 1% de dégâts à la récolte précédente.
  • Des nématodes entomopathogènes (Steinernerma carpocapsae) utilisable en agriculture biologique ou conventionnelle se déplacent dans le sol grâce à l’humidité. Ils infectent la larve.
  • Des virus comme la carpovirusine et le virus de la granulose infectent les larves.
  • L’installation de filets sur le verger évite l’arrivée des populations depuis des zones voisines contaminées.
Les traitements insecticides contre le carpocapse

Grâce au suivi de population, et à la modélisation, les interventions sont programmées sur les périodes à haut risque.

Les produits insecticides utilisés sont des pyréthrinoïdes, des pyrèthres (essence du chrysanthème utilisée en bio) et avermectines. Ils agissent par contact.

À noter : la résistance du carpocapse aux pyréthrinoïdes et aux pyrèthres est généralisée.

Les phéromones de synthèse leurrent les mâles de carpocapses, empêchant la reproduction.

Pulvérisation et conditions de traitement

La qualité de la pulvérisation est un élément clé de l’efficacité d’un programme insecticide. Elle doit cibler de façon homogène tous les organes en évitant la dérive. Les insecticides s’emploient selon les conditions de la réglementation sur les abeilles afin de préserver l’activité des butineuses.

  • Le vent entraîne un phénomène de dérive des produits. Il doit être de faible intensité avec une vitesse limite réglementaire à ne pas dépasser, soit inférieure à 19 km/h
  • La pluie provoque le lessivage des produits. Les traitements ne doivent pas être appliqués si une importante pluie est prévue à court terme.

 

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