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Maladies et ravageurs du maïs

Pyrale du maïs

Maïs grain ou maïs fourrage, aucune de ces cultures n’est épargnée par la pyrale. Ses larves creusent des galeries dans les tiges, perforent les épis. Fragilisées, les plantes cassent et la sève circule moins bien. Les pertes de rendements, importantes, obligent les maïsiculteurs à guetter les vols dès la mi-avril dans le Sud-ouest et les Charentes. Parmi les méthodes de lutte : le lâcher de trichogrammes. Ces micro-hyménoptères pondent dans les œufs de ce papillon ravageur !

La pyrale forent les tiges et les épis du maïs

Les attaques de pyrales du maïs (Ostrinia nubilalis) peuvent provoquer de 20 à 30 % de pertes de rendement en maïs. Les larves forent des galeries dans les tiges, remontent jusqu’aux épis, perforent les grains. Les pieds de maïs versent, les épis peuvent tomber au sol, provoquant une perte nette importante.

Avec les galeries, les larves ouvrent des portes d’entrée aux champignons du genre Fusarium, responsables du développement des mycotoxines (fumonisines, ZEA, DON…). Elles transportent les spores vers les épis et créent des blessures qui permettent au champignon de s’établir. La qualité sanitaire des grains et du fourrage est en plus affectée.

Les mycotoxines sont des produits du métabolisme secondaire de moisissures. Sur la centaine de métabolites identifiés, une trentaine ont des propriétés toxiques préoccupantes pour l’Homme et les animaux. Elles font l’objet d’une réglementation ou de recommandations, avec des teneurs à ne pas dépasser dans les lots de grains.

Sur un maïs développé, la perforation des feuilles par les jeunes larves apparait symétrique par rapport à la nervure centrale, un peu comme si chaque feuille avait été criblée de grains de plomb.

Cycle biologique de la pyrale du maïs, une ou deux générations selon les régions

Le climat joue un rôle essentiel sur la durée du cycle de la pyrale du maïs. Au sud, avec deux générations d’adultes (cycle bivoltin), le premier vol commence tôt, mi-avril, si le printemps est doux. Dans le nord de la France, en Alsace, Bourgogne, Franche-Comté et Auvergne, la pyrale du maïs réalise normalement un seul cycle (univoltin) mais les cycles bivoltins sont de plus en plus fréquents en raison du changement climatique. Le vol débute en juin.

Généralement, une seule génération de pyrales dans le Nord

La nymphose se déroule entre mai et juin, activée par la hausse des températures. Les adultes, mâles et femelles, émergent trois semaines après pour s’accoupler lors des vols nocturnes. Les femelles déposent leurs œufs sous les feuilles de maïs à proximité de la nervure centrale. Ils sont répartis par groupes de 15 à 20 (ooplaques), soit une centaine d’œufs pondus par individu. La maturation des œufs dure de 5 à 15 jours, selon la météo. Une bonne hygrométrie accélère la sortie des larves. Après éclosion des œufs, les larves explorent la plante en se nourrissant des feuilles. Puis, elles pénètrent les tiges près du panicule mâle qui est souvent cassé au point de pénétration. La larve migre vers le bas de la tige en ressortant à chaque entrenœud. La perforation des tiges intervient lorsque les larves atteignent leur troisième stade. Elles vont continuer leur développement à l’intérieur des cannes ou dans l’épi jusqu’à la diapause.

Deux, voire trois générations dans le Sud et une seconde, partielle, dans le Nord

En région méditerranéenne et dans le Sud-Ouest, la sortie de diapause est plus précoce. Conséquence, l’émergence des adultes peut être déclenchée dès la fin mai. De même, avec des températures plus clémentes, le temps de développement embryonnaire et larvaire se raccourcit. Des larves peuvent attaquer les feuilles dès juin. Fin juillet, après le cinquième stade, la larve se nymphose. La deuxième génération d’adultes émerge mi-août. Après le vol nuptial, puis la ponte et la sortie des larves, les dégâts sont à nouveau observés sur les feuilles. Les chenilles forent les tiges et les grains.

À noter : en 2019 et 2020, une troisième génération a même été observée dans le Sud-Ouest.

Dans le Nord, de 1,5 ou 1,6 génération sont possibles. Ce ratio est établi en fonction de la proportion de la population qui accomplit une seconde génération soit, dans ces exemples, 50 ou 60 % des larves.

Diapause des larves de pyrales à l’automne

À l’automne, au moment de la récolte, la chenille de pyrale est au 5e stade larvaire (première ou deuxième génération selon les régions). Avec la baisse des températures, elle entre en diapause en s’installant en bas des cannes de maïs, en dessous de la ligne de coupe des batteuses ou ensileuses.

La levée de diapause aura lieu au printemps suivant et la chenille se nymphosera dans son lieu de diapause.



          

Les mâles possèdent des ailes ocre foncé avec des rayures brunes. Les ailes des femelles sont beige clair. À noter, la forme triangulaire des ailes de pyrale et les motifs en zigzag qu’elles portent.

Les méthodes de lutte contre la pyrale du maïs

Le Bulletin de santé du végétal indique le niveau d’attaque des pyrales à l’échelle d’une petite région en fonction du nombre de larves ou de galeries observées par plante à la récolte. Le risque d’installation d’un foyer de pyrales s’accroît en monoculture et avec une gestion insuffisante des résidus.

Un piégeage peut aussi être réalisé au printemps pour déterminer les premiers vols et définir le moment d’intervention aux éclosions larvaires.

Le broyage et l’incorporation des cannes de maïs au sol

Les larves de pyrales entrent en diapause sur les résidus et le bas des cannes de maïs. Dans les zones infestées le broyage des cannes après récolte (jusqu’au collet) est la principale méthode culturale pour réduire l’infestation. Après la récolte, un fin broyage des tiges et des résidus avec un enfouissement dans le sol réduit considérablement les chances de survie des larves hivernantes

La lutte biologique avec les trichogrammes, un tiers des surfaces de maïs

La lutte biologique avec les trichogrammes s’appuie sur le parasitisme naturel. Identifiés comme méthode de lutte biologique par l’Inra dans les années 1980, ces insectes font partie de la liste des macro-organismes autorisés par l’Anses. Cette protection biocontrôle couvre aujourd’hui plus de 100 000 hectares de maïs. Le nombre de trichogrammes lâchés est très important en regard du nombre de pontes de pyrale, c’est une lutte biologique dite « inondative ».

Les trichogrammes sont des micro-hyménoptères (taille inférieure à 1 mm) qui pondent dans les œufs de pyrale. Pour se développer, leurs larves consomment le contenu. Les lâchers doivent donc être effectués de façon concomitante avec les vols de pyrales. La sortie échelonnée des trichogrammes adultes couvre la période de ponte des pyrales.

Les trichogrammes sont contenus dans des capsules, applicables par drone, ou dans des diffuseurs, à accrocher sur des tuteurs ou sur les feuilles du maïs selon son stade de développement.

Spécifiques de la pyrale, les trichogrammes n’ont pas d’action sur la sésamie ni sur l’héliothis, deux autres ravageurs du maïs.

Le trichogramme pond dans l’œuf de pyrale

La protection insecticide

Les insecticides autorisés contre la pyrale du maïs agissent principalement sur les larves. Ils doivent être positionnés au plus proche du pic de vol des pyrales. Les pics sont repérés grâce aux réseaux d’agriculteurs piégeurs.

Les familles chimiques d’insecticides

Les matières actives, lambda-cyhalothrine, perméthrine, deltaméthrine et cyperméthrine (pyréthrinoïdes) au mode d’action larvicide. Des populations de pyrales résistantes aux pyréthrinoïdes ont été identifiées dans le Centre de la France.

Le chlorantraniliprole (diamide anthranilique), mode d’action ovicide et larvicide, sélectif des auxiliaires dont les trichogrammes. Il est à positionner à 30 % du vol, c’est-à-dire à début des pontes.

Les solutions naturelles, action larvicide

Le spinosad (famille des spinosines, utilisable en agriculture biologique) est un produit issu de fermentation de bactéries du sol produisant les spinosines A et Ad qui interfèrent avec le système nerveux des larves de pyrale.

Le Bacillus thuringiensis, action larvicide

Cette bactérie contamine les larves lorsqu’elles consomment les feuilles pendant le stade baladeur. La toxine qu’elle produit interfère avec le système digestif de la larve qui l’ingère et provoque une septicémie fatale.

 

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