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Tournesol

Le mildiou du tournesol

Le mildiou du tournesol est l’une des principales maladies fongiques de cette culture en France. Il affecte les jeunes plantules comme les organes adultes.

Les pertes de rendement peuvent par conséquent atteindre 100% dans les parcelles non protégées.

Le mildiou du tournesol, provoqué par l’oomycète tellurique Plasmopara halstedii, représente une menace récurrente pour la culture du tournesol. Il est capable de réduire significativement les rendements lorsque les conditions lui sont favorables.

Depuis quelques années, on assiste à une variation rapide du pathogène et à la réduction progressive des traitements de semences disponibles. Face à cette situation, les professionnels doivent repenser leur approche de gestion phytosanitaire.

Ainsi, la maîtrise de cette maladie ne repose plus sur une solution unique. Les agriculteurs doivent mettre en place une combinaison de solutions telles que des variétés adaptées, des pratiques culturales ciblées et une surveillance rigoureuse.

Cette démarche de lutte intégrée est désormais essentielle. L’enjeu est de sécuriser les cultures, répondre aux exigences réglementaires et préserver la compétitivité de la filière tournesol.

Le cycle biologique du mildiou du tournesol

Le cycle du mildiou du tournesol débute par la germination d’oospores dormantes, issues de la reproduction sexuée. Celles-ci peuvent persister dans le sol pendant plus de dix ans.

En présence d’eau libre et de températures douces (entre 10 et 25 °C), ces oospores germent. Ils produisent des sporanges, structures dans lesquelles se développent des zoospores. Ces dernières infectent les jeunes plantules de tournesol par les racines ou les cotylédons. On parle alors de contamination primaire.

Une fois dans la plante, le pathogène progresse de manière systémique à travers les tissus. Sur la face inférieure des feuilles infectées, il forme des sporangiophores, qui produisent des sporanges.

Ces structures, visibles sous forme d’un feutrage blanc, contiennent à leur tour des zoospores. Ceux-ci sont capables de provoquer des contaminations secondaires en cours de cycle.  Cette phase peut se produire à la faveur de pluies.

Le vent et les insectes peuvent également disséminer les spores.

En fin de cycle, le mildiou du tournesol forme des oospores dans les tissus végétaux infectés. Ces oospores, relarguées dans le sol lors de la décomposition des résidus de culture, assurent la pérennité du pathogène d’une saison à l’autre.

La persistance des oospores dans le sol, combinée à l’absence fréquente de symptômes précoces visibles, rend la gestion du mildiou particulièrement complexe. C’est le cas en particulier dans les successions culturales courtes ou mal maîtrisées.

La nuisibilité du mildiou du tournesol

Le mildiou peut affecter le tournesol à tous les stades, avec des impacts variables :

  • À la levée : fonte des semis, nanisme, jaunissement généralisé et arrêt de croissance.
  • Sur feuilles : plages chlorotiques anguleuses entre nervures, accompagnées d’un feutrage blanc à grisâtre au revers.
  • Sur plantes adultes : baisse du nombre de capitules, avortement floral, développement asymétrique ou stérilité partielle.

De ce fait, dans les parcelles non protégées, les pertes de rendement peuvent aller jusqu’à 100 %.

La maladie est d’autant plus problématique que de nouvelles races de mildiou apparaissent régulièrement. Celles-ci contournent les résistances variétales et les traitements de semences standards.

Les situations à risque

Certaines conditions favorisent particulièrement l’apparition du mildiou :

  • Rotation courte : semis de tournesol sur une même parcelle deux années consécutives.
  • Conditions humides post-semis : présence d’eau libre favorisant la germination des oospores.
  • Utilisation de variétés non adaptées aux races locales de mildiou : par exemple, de nombreuses variétés de tournesol ne résistent pas face à la race de mildiou 714, faute de gènes de résistance adaptés.
  • Usage de semences traitées dont l’efficacité est compromise par des souches résistantes.
  • Absence de désherbage ou de gestion des repousses, qui peuvent entretenir l’inoculum.

©IStock

Feuilles de tournesol

Stratégie de protection combinatoire contre le mildiou du tournesol

La gestion efficace du mildiou du tournesol repose aujourd’hui sur une stratégie combinatoire intégrant plusieurs leviers. Cette approche vise à limiter la pression infectieuse, contenir l’évolution du pathogène Plasmopara halstedii, et préserver l’efficacité des moyens de lutte dans la durée.

Prévention agronomique

Le premier levier consiste à interrompre le cycle infectieux du mildiou par des pratiques culturales adaptées. L’allongement de la rotation reste donc essentiel : il est fortement déconseillé d’implanter du tournesol sur une même parcelle deux années consécutives.

Une rotation de cinq à six ans avec des cultures non-hôtes permet de réduire significativement la densité d’oospores viables dans le sol. La gestion des adventices et des repousses est également cruciale.

Par ailleurs, un désherbage précoce et efficace, associé à la destruction des repousses de tournesol issues des semis précédents, limite la persistance de foyers secondaires.

En complément, il est recommandé d’éviter l’implantation du tournesol sur des sols hydromorphes ou compactés. La présence d’eau libre y favorise les contaminations souterraines.

Traitement de semences

Le traitement de semences vise à protéger les jeunes plantules durant la phase critique de la levée. Cette période est celle au cours de laquelle les contaminations primaires par les oospores sont les plus fréquentes.

Toutefois, la sélection de souches résistantes dans de nombreuses zones limite désormais son efficacité en usage seul.

Il est fortement recommandé d’utiliser des produits associant au moins deux modes d’action différents, en alternance d’une année sur l’autre. Cette pratique limite les risques de résistance et prolonge l’efficacité des traitements disponibles.

Surveillance et détection

Une surveillance épidémiologique régulière est indispensable pour ajuster les stratégies de lutte.

La prospection nationale (Sous-Direction de la Qualité et de la Protection des Végétaux -Terres Inovia) réalisée sur des parcelles de tournesol prises au hasard, permet d’assurer un suivi du spectre racial du mildiou à l’échelle nationale.

Il repose sur des observations de terrain, des prélèvements foliaires et des tests de différenciation raciale en conditions contrôlées. Les résultats sont ensuite mis à disposition des professionnels pour guider le choix variétal régional.

Enfin, l’analyse de parcelles symptomatiques permet de confirmer la présence du pathogène. Elle permet aussi de caractériser les échecs de protection, en cas de suspicion de contournement de résistance ou de rupture d’efficacité d’un traitement.

Les perspectives horizon 2030 contre le mildiou du tournesol

Face aux aléas climatiques qu’affrontent les agriculteurs, la recherche s’oriente vers une résistance plus durable.

Le choix variétal constitue un levier de protection majeur. Les variétés résistantes intègrent des gènes Pl (Pl1, Pl6, Pl8, PlArg, Pl13, etc.), qui assurent une protection spécifique vis-à-vis de certaines races du pathogène. Toutefois, l’émergence rapide de nouvelles races rend ces résistances vulnérables si elles ne sont pas régulièrement renouvelées ou combinées.

Pour accroître la durabilité des résistances, les sélectionneurs ont recours au pyramidage de gènes. Cette stratégie consiste à intégrer plusieurs gènes Pl dans une même variété.

Par ailleurs, c’est la combinaison des différents leviers qui permettra une culture durable :

  • De nouvelles solutions de traitement de semences, à utiliser dans les parcelles à risque.
  • Un renforcement de la surveillance du bioagresseur.
  • Un accroissement des bonnes pratiques, rotation des cultures, utilisation de semences certifiées, destruction des repousses et maîtrise des adventices hôtes (ambroisie, xanthium…).