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Comment est contrôlée la qualité de l’eau du robinet ?

Pour s’assurer que les traces de pesticides détectées dans l’eau ne présentent pas de risque pour la santé des consommateurs, la réglementation française s’appuie sur deux valeurs complémentaires : la limite de qualité ou seuil d’alerte et la valeur sanitaire maximale de la population.

Pour les pesticides dans l’eau, les recherches concernent les traces de 760 molécules, substances actives autorisées ou retirées du marché, et leurs métabolites. Plus de 10 millions de résultats d’analyses relatifs à leur détection sont recueillis annuellement à partir de 300 000 prélèvements. Ils sont réalisés sur les 38 000 points de captage d’eau.

Afin d’identifier l’absence de risque pour le consommateur, les autorités sanitaires évaluent les niveaux de concentrations des substances de pesticides. La surveillance s’effectue en fonction de deux critères et selon un gradient de risque.

  • Premier critère de surveillance : la limite de qualité. Elle est en quelque sorte le seuil d’alerte, indépendamment de la toxicité de la substance.
  • Second critère de surveillance : la Valeur sanitaire maximale. Nommée Vmax, elle est utilisée si le seuil d’alerte est dépassé. L’analyse de la qualité de l’eau est affinée sur la base des valeurs toxicologiques inhérentes à chaque substance active.

La limite de qualité indique l’absence de risque

Pour les pesticides et leurs métabolites pertinents, les seuils de qualité ont été définis au niveau européen dès 1980 et repris dans le cadre de la directive 98/83/CE en 1998. Cette limite est fixée au niveau européen à 0,1 µg/L par substance, et à 0,5 µg/L pour le cumul de toutes les substances phytopharmaceutiques. Ce n’est pas une valeur toxicologique mais une donnée technique.

 

La valeur sanitaire maximale d’exposition permet de statuer sur la potabilité de l’eau

En cas de concentration supérieure à la limite réglementaire de 0,1 µg/L par substance, ou supérieure à 0,5 µg/L en cumul, les Agences régionales de santé vont rechercher si pour les substances actives phytosanitaires concernées, la Valeur sanitaire maximale (Vmax) est atteinte, voire dépassée. Elle est fixée à partir des données du dossier d’homologation. Si la teneur dans l’eau ressort supérieure à la Vmax (non-conformité réglementaire de niveau 2), l’eau ne peut plus être distribuée. Si la teneur dans l’eau est entre 0,1 µg/L et la Vmax (non-conformité de niveau 0 ou 1), l’eau ne présente pas de risque pour la santé, mais un plan d’action doit être établi pour revenir dans les 3 à 6 ans à la limite de qualité.

L’avis de Ronan Vigouroux, responsable Environnement Phyteis

« La norme de 0,1 µg/L par substance phytopharmaceutique a été établie en 1980 par le législateur avec les performances du matériel de quantification de l’époque. L’objectif était de créer un premier niveau de conformité. Aujourd’hui, nous pouvons détecter 1 000 fois plus bas la concentration en micropolluants, mais cela n’aurait pas d’intérêt si cette donnée n’a pas de signification toxicologique. La limite sanitaire est la Vmax, propre à chaque substance active. Elle est définie sur la base d’études toxicologiques fournies lors de l’homologation, à la demande des autorités sanitaires lorsqu’une substance se trouve en dépassement