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Végésol valide les bénéfices environnemen-
taux de l’agriculture de conservation des sols

En comparant sur le long terme les leviers de l’agriculture de conservation, le programme Végésol est devenu une vraie valeur patrimoniale pour la science. Piloté par Syngenta, Bonduelle et l’université de Picardie Jules Verne, il témoigne notamment du rôle des couverts végétaux pour accroître la résilience des cultures.

François-Xavier Bauer responsable agriculture durable chez Syngenta

François-Xavier Bauer, responsable agriculture durable chez Syngenta : « Avec Végésol, nous souhaitons évaluer les bénéfices de l’agriculture de conservation, notamment avec les couverts végétaux pour montrer la résilience de ce modèle agricole. »

Le thème principal du programme Végésol que soutient Syngenta depuis 2010, c’est l’agriculture de conservation des sols. Alors, pour présenter le projet le 4 novembre lors du colloque Phloème qui s’est tenu à la cité des Sciences et de l’industrie à Paris, François-Xavier Bauer responsable agriculture durable chez Syngenta a choisi de prendre comme fil conducteur le label bas carbone. « Ce que je retiens, en premier lieu, c’est l’obtention de 1,6 crédit carbone par ha et par an, souligne-t-il. Avec à la clé une rémunération à hauteur de 41 euros/ha pour un carbone à 25 euros la tonne selon le simulateur Carbon Extract d’Agrosolutions. »

 

Confirmation du rôle des couverts végétaux pour accroitre la robustesse des systèmes agricoles

Ce résultat a été obtenu, en combinant les trois leviers évalués. Lesquels concernent l’amélioration du bilan GES avec moins d’engrais azotés, l’introduction de couverts végétaux, puis la réduction du travail du sol avec le semis direct, quand c’est possible. « Au-delà de ce revenu additionnel, un tel système de culture donne de la robustesse : c’est ce point que nous voulions vérifier », ajoute-t-il. Toutes les pratiques ne sont pas reproductibles car la plateforme installée dans le département du Nord correspond aux conditions climatiques de cette région avec une rotation sur huit ans de blés, orge, haricots, pois, betterave et maïs. Néanmoins, le rôle des couverts végétaux sur la vie des sols se confirme : « Nous avons noté une augmentation rapide de la quantité de matière organique dans le système avec couvert végétal et sans travail du sol en début d’expérimentation, complète Julien Verzeaux, agriculteur et fondateur de la société EJVN, spécialiste en agroécologie, et qui a fait de Végésol le support de son sujet de thèse. Les couverts stimulent plus la population des vers de terre que l’abandon du travail du sol, tandis que la combinaison des trois leviers révèle une augmentation des indicateurs de diversité, d’abondance et d’activité microbienne du sol. »

Quant au rendement, en blé, maïs et orge, il est en moyenne de 8,8 t/ha. Il a augmenté de 8 % avec l’introduction des couverts végétaux et de 10 % en ajoutant la réduction du travail du sol « avec une marge nette qui suit cette progression », précise-t-il.

Julien Verzeaux, agriculteur et fondateur de la société EJVN

Julien Verzeaux, agriculteur, docteur en agroécologie et co-fondateur de la société EJVN : « La transition vers un modèle agricole en semis direct est complexe. De la flexibilité doit être donnée afin d’éviter les points de rupture. »

Le semis direct n’augmente pas la pression mauvaises herbes

L’évolution de l’état sanitaire des cultures est mesuré depuis trois ans. À aucun moment le système agricole sans travail du sol n’a généré une augmentation de la population d’adventices. C’est une modification de la flore qui est constatée. « En non labour, le chénopode, la capselle et le seneçon prennent le dessus. En parcelle labourée, la mercuriale et le fumeterre ressortent davantage dans les comptages en cultures de pois et maïs notamment», partage Julien Verzeaux.

Les couverts végétaux diminuent la pression des rouilles sur blé

Pour les maladies du blé, aucun effet n’est mesuré sur les fusarioses et la septoriose. En revanche, pour les rouilles, une réduction de la pression maladie se remarque dans les essais en semis direct avec couvert. Le résultat apparait même plus nettement pour la rouille jaune. « Ces observations restent à approfondir », a-t-il indiqué.

En raison de son caractère exceptionnel, le programme est maintenu. Certaines parcelles de la plateforme n’ont pas reçu d’azote minéral depuis 10 ans. « Elle représente une base expérimentale très intéressante, précise François-Xavier Bauer. Nous allons travailler avec un blé hybride, soumettre les itinéraires au stress hydrique, évaluer l’intérêt aussi des biostimulants de type azotobacter fixateurs d’azote. » Enfin, Syngenta va proposer en 2023 un service de cartographie des sols. Il permet d’accéder à 27 couches de cartes en haute résolution sur les différents paramètres physico-chimiques du sol.

Le stockage du carbone augmente vite au début de la transition du modèle agricole en agriculture de conservation des sols puis les effets sont lissés.

Le stockage du carbone augmente vite au début de la transition du modèle agricole en agriculture de conservation des sols puis les effets sont lissés.

Programme Végésol 

  • Ferme de la Woestyne localisée à Renescure, département du Nord
  • Dix publications scientifiques, quatre thèses

Trois leviers explorés, séparément ou combinés

  • Gradient de réduction de la fertilisation azotée
  • Introduction de couverts végétaux
  • Réduction du travail du sol

Pour chaque levier

  • Mesure de l’état physiologique des plantes et de leurs teneurs en carbone et azote.
  • Élaboration d’indicateurs environnementaux, agronomiques et économiques. Ils sont basés sur le taux de mycorhization, les activités enzymatiques du sol, la diversité en espèces microbiennes, le carbone, l’azote total et minéral du sol, l’humidité et l’acidité du sol, l’abondance en vers de terre, le niveau de compaction du sol, la consommation de carburant et d’intrants, les rendements.
  • Mesure de la pression des bioagresseurs : adventices et maladies