Partager ce contenu
Phyteis

Tests abeilles : jusqu’où peut-on aller dans l’évaluation du risque phytosanitaire ?

Dans le cadre de l’homologation d’un produit phytopharmaceutique, ajouter des tests sur les abeilles aura toujours du sens, mais sont-ils tous réalisables ? C’est là tout l’enjeu du débat qui se tient au niveau européen avec la révision du document guide d’évaluation sur les abeilles par l’EFSA, l’agence sanitaire européenne et en France avec le Plan Pollinisateurs et son arrêté abeilles.

Amorcée en 2013, la révision du document guide « abeilles » devrait aboutir en 2022 avec l’ajout de tests validés au niveau international par l’OCDE pour leur fiabilité et leur faisabilité technique « Cet agrément au niveau international garantit le fondement scientifique et la répétabilité des méthodes, mais cela prend de nombreuses années, explique Ronan Vigouroux, responsable agriculture durable et environnement à l’UIPP. A fortiori, tout test supplémentaire, non validé, ne peut être exigé. »

Tests abeilles demandés par l’EFSA, 7 essais sur 9 sont validés par l’OCDE

Que souhaite l’EFSA dans sa nouvelle version du document guide d’évaluation du risque abeilles ? Initialement, en 2013, les experts scientifiques de l’EFSA ont recensé neuf tests sur abeilles pouvant être utiles. En presque 10 ans, sept d’entre eux ont été validés par l’OCDE.

Quatre tests sur abeilles sont pris en compte pour l’évaluation du risque environnemental de tous les produits phytopharmaceutiques en Europe. 

  • la toxicité aiguë orale et la toxicité aiguë par contact,
  • la toxicité chronique orale pour les abeilles adultes,
  • la toxicité chronique pour les larves.

Deux tests validés portent sur la toxicité aiguë par oral et par contact des bourdons. Ils ne sont pas examinés pour l’obtention de l’Autorisation de mise sur le marché (AMM). La France pourrait prochainement les demander, suite à l’avis de l’Anses de 2018 pour l’obtention de la mention abeille.

Le test en conditions réelles de « retour à la ruche des abeilles » a été validé en mars 2021 par l’OCDE. « En France, dans le cadre du plan pollinisateurs, l’Anses doit se positionner prochainement sur son application, complète Ronan Vigouroux. Il était déjà mentionné dans l’avis de 2018 révisant celui de 2012 sur la mention abeille. Mais, il n’a du sens que dans des situations spécifiques. »

Essais abeilles en conditions réelles, l’approche globale est favorisée

Restent à valider les tests sur les glandes hypopharyngiennes et celui sur l’extension du proboscis. « Ils se révèlent complexes à mettre en œuvre et difficiles à interpréter, commente Ronan Vigouroux. Leur prise en compte semble peu probable. »

Se pose aussi la question pour les tests en conditions naturelles du taux de pertes d’abeilles acceptable. Il a été fixé à 10 % lors du Conseil de l’agriculture de l’UE fin juin car les causes de non-retour des abeilles à la ruche restent nombreuses.

Face aux difficultés à mener des tests en conditions naturelles ou semi-naturelles, l’EFSA a établi une surveillance du territoire européen à partir de ruches sentinelles. Les données sont intégrées dans le modèle ApisRAM.

Ronan Vigouroux

Ronan Vigouroux est responsable agriculture durable et environnement à l’UIPP : « En Europe, les entreprises de protection des plantes participent activement à la mise à jour du guide « Abeilles » de l’EFSA. L’objectif est de créer une méthodologie d’évaluation scientifique fiable »  

Ceci pourrait aussi vous intéresser

Toutes les actualités

En savoir plus