Résidus de TFA dans le vin : origine incertaine et pas de danger avéré
Les résidus de TFA dans le vin, y compris bio, présentés dans l’étude de PAN Europe interpellent. Issus de composés fluorés, leur origine ne peut mettre en cause les seuls produits phytopharmaceutiques. Explications à la lumière des résultats.
Une étude coordonnée par PAN Europe analyse les concentrations de certains PFAS (substances per- et polyfluoroalkyles) dans 49 vins produits dans 10 pays européens. Pour 39 d’entre eux, élaborés entre 2021 et 2024, les détections concernent aussi des résidus de pesticides. Conclusion du rapport : l’acide trifluoroacétique (TFA), un métabolite issu de la dégradation de certains composés PFAS, est présent, notamment dans les vins récents. Dès lors, la concentration médiane est de 110 µg/l. Cependant, l’origine de ce TFA s’avère incertaine. Rien ne prouve qu’il soit lié au seul usage de produits phytopharmaceutiques, au contraire.
Peu de traces de substances actives fluorées
D’après le rapport de PAN Europe, les vins testés ne contiennent quasiment pas de résidus de substances actives de la famille des composés fluorés. Le nombre moyen de pesticides fluorés retrouvés est de 0,11 à 0,15 en moyenne donc quasiment zéro substance décelée. « Si ces substances contribuaient significativement à la présence de TFA, alors il y aurait des détections de ces molécules non encore toutes métabolisées », explique Julien Durand Réville, responsable prévention des risques chez Phyteis.
* Pour les concentrations de pesticides inférieures à la limite de quantification (LOQ = µg/L) mais supérieures à la limite de détection (LOQ généralement considérée comme 1/3 de la LOQ), une valeur de 5 µq/L a été utilisée dans les calculs.
Source : rapport PAN Europe – TFA dans le vin, avril 2025
Des résidus TFA aussi présents dans les vins bio
Un autre indice renforcerait l’hypothèse d’une origine autre du TFA. Les cinq vins bio que les militants ont fait analyser possèdent eux aussi des concentrations élevées en TFA, avec un pic à 230 µg/l pour un vin de 2024.
« Le bio suit la même tendance que le conventionnel, alors que les substances actives fluorées sont interdites en agriculture biologique », souligne Julien Durand-Réville.
Source : rapport PAN Europe – TFA dans le vin – avril 2025.
Résidus TFA dans le vin : pas de danger mais une révision réglementaire en cours
Malgré tout, la question de l’impact sanitaire reste posée. À ce stade, rien d’alarmant, rassure Fabrizio Bucella, docteur en physique et professeur à l’Université libre de Bruxelles, dans une interview au Figaro. Un verre contenant 110 µg/l de TFA, soit la moyenne observée, représente moins de 0,5 % de la dose journalière tolérable pour un adulte de 70 kg. Même les bouteilles les plus chargées, jusqu’à 320 µg/l, restent sous les seuils préoccupants. Autrement dit, une consommation modérée ou ponctuelle n’expose pas à un risque sanitaire avéré.
Toutefois, des discussions sont en cours au sein de l’Union européenne pour mieux encadrer les risques liés au TFA. En effet, l’Efsa travaille actuellement à la révision des seuils toxicologiques pertinents pour le TFA.
« Par ailleurs, n’oublions pas que le vin, indépendamment de la présence de résidus, contient de l’alcool en proportion significative. Sur ce point, la toxicité est bien documentée », rappelle Julien Durand Réville.
TFA et PFAS, de quoi parle-t-on ?
L’acide trifluoroacétique (TFA) est une substance fluorée persistante utilisée notamment en chimie pour la synthèse de composés fluorés. Il peut aussi résulter de la dégradation avancée de nombreuses substances de la famille des PFAS (per- et polyfluoroalkyles). Elles sont présentes dans les polymères fluorés, gaz réfrigérants, mousses anti-incendie, lubrifiants, produits ménagers, pharmaceutiques, biocides et phytopharmaceutiques.
Enfin, selon le dossier de restriction des PFAS (p. 72), les produits phytopharmaceutiques représentent moins de 2 % des usages de PFAS à l’échelle européenne.