Quelle place pour la chimie dans l’agroécologie ?
Lors du colloque « Chimie et agriculture durable, un partenariat en constante évolution scientifique » qui s’est tenu à la Fondation de la Chimie à Paris le 10 novembre, l’accent a été mis sur la complémentarité entre les domaines scientifiques pour accélérer la transition agroécologique.
Agriculture idéalisée, agriculture contestée, mais surtout principe de réalité : l’agriculture a besoin d’une recherche pluridisciplinaire pour accroitre sa durabilité face à la complexité des défis à relever. Dans ce cadre, pourra-t-on innover demain en agriculture sans chimie ?
Invité à débattre autour de cette question lors du colloque « chimie et agriculture durable », organisé le 10 novembre à Paris à la maison de la Chimie en partenariat avec l’Académie d’agriculture, Benoit Rabilloud, président de Bayer France, s’est voulu rassurant : « L’agriculture n’est pas la seule activité à opérer sa transition, témoigne-t-il. Dans de nombreux secteurs, la chimie apporte des solutions. Elle est utilisée pour alléger le poids des véhicules électriques, elle est indispensable en médecine. En protection des plantes, il y aura dans les dix prochaines années toujours besoin de chimie, de molécules efficaces au profil toxicologique réduit. Nous lui consacrons au niveau mondial un tiers de notre budget de recherche, lequel totalise 2,3 Md d’euros. »
La chimie avec la biologie et l’écologie garde toute sa place. Toutefois, l’objectif est de proposer aux agriculteurs une approche de protection des cultures ciblée afin de répondre à une diversité de modèles agricoles. « Seules les solutions combinatoires, axées sur la chimie, le biocontrôle, le numérique et la génétique permettent de continuer à avancer sans impasse technique et de répondre aux attentes sociétales », assure-t-il.
Le temps de la recherche en agriculture doit être raccourci
La moitié des français n’ont pas confiance en la science selon une enquête Ipsos de 2020, baromètre science et société. Pour Benoit Rabilloud : « Face aux attentes sociétales portant sur un changement rapide de modèle agricole, il y aura moins de débats en raccourcissant le temps de l’innovation. Le numérique va nous aider à faire cette transformation. Par exemple, utilisé en sélection variétale, il nous a fait gagner deux années sur les 10 ans auparavant nécessaires. Le numérique un formidable outil pour attirer les talents. »
L’attractivité des métiers du vivant, de la recherche à la production agricole et la transformation, a aussi été un axe fort de cette journée, marquée par la présence de plus de 200 lycéens et enseignants. « Nous avons besoin de jeunes bien formés pour accompagner la transition agroalimentaire », a partagé Nadine Vivier, présidente honoraire de l’Académie d’agriculture.