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Plan protéines végétales : n’oublions pas la santé des végétaux !

Le Plan protéines donne un cadre pour construire une filière durable et compétitive. Les aides servent notamment à structurer des projets collectifs. Mais un sujet manque à l’appel dans cette logique de consolidation : surveiller l’émergence de bioagresseurs liée au déploiement de cultures encore peu cultivées voire nouvellement introduites en France.  Le rôle de l’État est de faciliter un suivi collectif à l’échelle des territoires et de renforcer les connaissances. Anticiper, c’est le maitre mot pour une approche combinatoire de la protection des cultures fondée sur la réduction des utilisations des produits.

Le plan gouvernemental acté fin 2020 pour soutenir le déploiement des cultures riches en protéines végétales comme les légumineuses à graines est un bon exemple de travail prospectif. En proposant d’allonger les rotations avec de nouvelles espèces, en poussant celles dont les surfaces sont encore trop faibles comme le soja, il exploite pleinement le potentiel agronomique des fermes françaises. Les perspectives de marché répondent à une évolution des comportements alimentaires. L’autonomie en protéines végétales augmente dans les élevages. « Si nous saluons de tels soutiens pour l’agriculture française et son tissu agro-industriel, nous nous projetons avec le développement de ces cultures, souvent confidentielles, qui ne rencontrent actuellement pas de problèmes sanitaires », explique Eugénia Pommaret, directrice générale de l’UIPP.

Avec la hausse des surfaces de protéines végétales, risque d’émergence de bioagresseurs

Car s’il donne du temps pour construire une filière solide, le Plan protéines végétales n’aborde pas un des points clés de sa résilience : anticiper les effets biologiques liés à une évolution des agrosystèmes. « Faisons en sorte que le volet santé des plantes ne soit pas oublié, complète Eugénia Pommaret. Mettons-nous en alerte face à l’émergence de nouveaux bioagresseurs, notamment les insectes. L’accélération des échanges commerciaux et le changement climatique en sont les principales causes. » Ce phénomène est même inéluctable. La montée en pression des ravageurs épisodiquement rencontrés dans les cultures en place est tout autant prévisible Actuellement, leur niveau de population reste anecdotique pour certains, faute de surfaces suffisantes pour s’installer durablement à l’échelle d’un territoire, mais demain ?

« Pour éviter de se retrouver dans des impasses en protection des cultures, il faut créer une surveillance au plus près du terrain, ajoute Eugénia Pommaret. C’est aussi un angle majeur pour la réduction des intrants grâce à la conception d’une stratégie de protection préventive appropriée ! »  Car, plus tôt l’alerte sera donnée, plus tôt les solutions combinées seront proposées afin de maintenir la compétitivité des filières. Ces cultures ou modes de production sont peut-être innovants en France, mais ne le sont pas forcément dans d’autres pays. « En étant alertées suffisamment tôt, nos entreprises peuvent, en premier lieu, rechercher parmi les solutions disponibles car elles interviennent à l’échelle mondiale », prévient-elle. Elles engagent ensuite le processus d’homologation pour la France, lequel demande du temps.

Comment renforcer les connaissances sur les nouveaux bioagresseurs ?

Les aides du Plan protéines végétales vont être en priorité fléchées vers les matériels, les dispositifs de stockage des graines, les outils agroalimentaires. Plus en amont, la création variétale va être mobilisée pour accroitre les taux en protéines des graines, le rendement, la capacité des plantes à s‘adapter aux épisodes de sécheresse, leur tolérance ou résistance vis-à-vis des bioagresseurs. « Nous pensons qu’il faut consacrer une part de l’enveloppe au renforcement de l’expertise en protection des plantes au sein des services de l’État, ou de l’Anses, souligne Eugénia Pommaret. Les conseillers agricoles, les instituts techniques, les organismes de développement sont aussi l’un des maillons de l’observation des territoires mais sur les espèces connues. « Dans cette nécessaire mission sur les bioagresseurs émergeants, la réponse ne peut-être que collégiale, avec des partenariats public-privé par exemple. L’État doit donner le LA dans le Plan protéines végétales », conclut Eugénia Pommaret.

Doublement de la surface en cultures riches en protéines végétales en 2030

Lancé en décembre 2020 dans le cadre du plan de relance, le Plan protéines végétales est doté de 100 M€ dont 50 M€ sont consacrés à la structuration des filières. L’objectif est de passer de 1 à 2 millions ha de soja, pois, légumes secs, luzerne, légumineuses fourragères, afin d’atteindre 8 % de la SAU en 2030. Un objectif intermédiaire est d’augmenter de 40 % les surfaces de légumineuses en trois ans.

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