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Phyteis

Phytopharmacovigilance : un dispositif collectif qui renforce la gestion du risque

De l’observation terrain à l’expertise collective, la phytopharmacovigilance est un outil original et propre à la France. Dix ans après son lancement, quel est son impact ? Et comment interviennent les entreprises de protection des cultures ?

La phytopharmacovigilance existe depuis 2015. L’Anses coordonne ce dispositif rigoureux et inédit en Europe. Raison pour laquelle, l’agence publie un bilan d’une décennie de surveillance.

Tout d’abord, sa mission est d’identifier les éventuels signaux d’effets indésirables des produits phytopharmaceutiques sur les populations humaines, animales et végétales et l’environnement. Cette veille active sur le terrain complète l’évaluation réalisée avant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques.

« La phytopharmacovigilance ne se limite donc pas à un seul compartiment. Cette logique rejoint pleinement l’approche One Health « Une seule santé ». La protection des cultures en est un des leviers », ajoute Ronan Vigouroux, responsable environnement chez Phyteis.

Implication des acteurs du terrain dans la phytopharmacovigilance

L’originalité de la phytopharmacovigilance tient également de l’implication des administrations, des acteurs de la prévention, mais aussi des fabricants, des importateurs, des distributeurs, des utilisateurs professionnels ou des conseillers.

« Dans ce schéma, les entreprises de protection des cultures se trouvent au cœur du dispositif, indique Ronan Vigouroux. Elles interviennent au même titre que les distributeurs agricoles, les conseillers, les experts techniques et les agriculteurs. » Au total, le réseau mobilise 20 organismes pour remonter les effets indésirables des produits phytopharmaceutiques.

Approche graduelle d’analyse dès l’identification d’un signal

« Un signal n’est pas une preuve mais une alerte précoce », prévient toutefois Ronan VigourouxPour cette raison, l’Anses analyse de manière graduelle les informations qui proviennent du terrain. Ainsi, ses services évaluent la gravité, la fréquence et les causes d’apparition. Les experts replacent les informations dans leur contexte scientifique, agronomique et sanitaire. Si le signal gagne en importance, l’agence peut demander des compléments d’information à l’entreprise concernée. Elle a la possibilité de solliciter un partenaire scientifique, de déclencher des mesures ponctuelles et de financer une étude pour collecter les données manquantes.

Ce dispositif peut conduire à renforcer les conditions d’utilisation d’un produit lorsque cela s’avère être nécessaire. Dans certains cas, il entraîne le retrait de certains usages, voire de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du produit concerné.

 Acquisition de nouvelles connaissances sur les produits phytopharmaceutiques

La phytopharmacovigilance ne se limite pas à identifier les effets indésirables. Elle repose également sur un processus de veille qui recueille et analyse les données scientifiques disponibles. En complément, elle soutient des études qui produisent de nouvelles connaissances. Ces travaux contribuent aussi à optimiser les outils et méthodes de surveillance. Ainsi, près de cinquante programmes ont été lancés depuis 2015.
En parallèle, les équipes de l’Anses élaborent des fiches de synthèse sur le suivi environnemental des substances actives après leur utilisation. Ces documents servent à conforter l’évaluation des risques, notamment lors du renouvellement des AMM.

« Une telle accumulation d’informations ajoute un niveau de sécurité supplémentaire dans l’utilisation des produits », conclut Ronan Vigouroux.

Financement par une taxe sur les ventes de produits phytopharmaceutiques

Enfin, ce dispositif s’appuie sur une taxe prélevée sur les ventes de produits phytopharmaceutiques. Elle finance l’ensemble des missions de surveillance et d’études. Depuis sa création, cette contribution du secteur de la protection des plantes apporte à l’Anses près de 42 millions d’euros pour mener ces travaux.

La phytopharmacovigilance contribue à renforcer l’évaluation des risques des produits grâce à l’acquisition de connaissances dans différents domaines et en provenance de sources diversifiées. Spécifique à la France, elle éclaire les décisions de l’Anses. Dans les faits, elle incarne une démarche One Health appliquée à la protection des plantes.