Néonicotinoïdes, un panel de solutions alternatives identifiées par l’Anses contre les pucerons de la betterave
L’Anses vient de publier son rapport d’expertise sur l’efficacité des traitements disponibles pour lutter contre les pucerons de la betterave. Mobilisables à plus ou moins court terme, des solutions de protection chimiques et naturelles, des moyens génétiques et agronomiques préparent l’après 2023. À cette date, les dérogations pour traiter les semences de betteraves avec les néonicotinoïdes ne seront plus accordées. D’ores et déjà, quatre méthodes efficaces sont applicables.
Dans son avis du 26 mai 2021, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) identifie 22 moyens de protection de la betterave sucrière substituables aux traitements des semences avec les néonicotinoïdes. Parmi ces solutions : 6 produits phytosanitaires de synthèse applicables en foliaire, 5 solutions naturelles ou micro-organismes, des macro-organismes, des techniques culturales.
Autorisés à titre dérogatoire jusqu’au 1er juillet 2023*, les traitements de semences avec les néonicotinoïdes protègent cette culture contre les pucerons qui transmettent les virus de la jaunisse en piquant les plants. L’Anses a été saisie le 25 juin 2020 par la Direction générale de l’alimentation (DGAL) pour conduire une expertise collective. Les experts ont recherché, parmi 3 878 références bibliographiques, les méthodes de protection alternatives visant le puceron vert du pêcher (Myzus persicae) et le puceron noir de la fève (Aphis fabae) et celles renforçant la résilience de la culture. Quatre d’entre-elles ouvrent une possibilité de contrôle efficace de ces ravageurs à très courte échéance.
* Loi n° 2020-1578 du 14 décembre 2020
Quatre solutions contre les pucerons applicables rapidement
Parmi les quatre solutions alternatives aux néonicotinoïdes rapidement mobilisables : deux produits phytopharmaceutiques de synthèse. Le premier, le flonicamide, de la famille des pyridines-carboxamides, dispose déjà d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour un usage sur betterave. Le second, le spirotétramate a déjà été autorisé par dérogation en avril 2020 pour la culture de la betterave sucrière. Dans son avis, l’Anses insiste sur un usage raisonné dans le temps et l’espace de ces insecticides afin de préserver leur efficacité face au risque de développement de résistance par les pucerons. Deux méthodes culturales complètent la protection insecticide avec efficacité : le paillage et la fertilisation organique à l’aide de vermicompost.
Dix-huit solutions alternatives aux néonicotinoïdes à moyen terme
Dix-huit techniques et produits phytopharmaceutiques complèteraient ces quatre alternatives mais ne seraient pas utilisables avant deux ou trois ans. Elles offrent de plus grandes perspectives aux producteurs à la fin de la période de dérogation du traitement de semences avec les néonicotinoïdes. Disponibles dans d’autres pays, ces solutions nécessitent des études complémentaires ou une homologation pour leur application sur betterave sucrière en France. Parmi ces solutions : quatre produits phytopharmaceutiques de synthèse en application foliaire (indoxacarbe, abamectine, benzoate d’émamectine, cyantraniliprole), trois d’origine naturelle (les huiles d’orange, de neem, la sécrétion bactérienne spinosab), deux champignons entomopathogènes à pulvériser sous forme de spores, Beauveria bassiana et Lecanicillium muscarium, des huiles organiques et minérales. Des macro-organismes prédateurs des pucerons pourraient être lâchés : Chrysoperla carnea et le parasitoïde Aphidiinae appartenant au genre Aphidius. Les autres solutions concernent la stimulation des défenses naturelles de la betterave, des associations végétales avec la betterave qui perturbent les pucerons ainsi des couverts favorisant l’installation des auxiliaires naturels des pucerons. Enfin, la génétique fondée sur le développement de variétés de betteraves résistantes aux virus de la jaunisse est une voie prometteuse dans le cadre d’une stratégie de protection intégrée de cette culture.