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Moins de freins réglementaires, plus d’innovations pour protéger les cultures !

Alors que des décisions réglementaires majeures se préparent en France et en Europe, Yves Picquet, président de Phyteis, alerte sur les enjeux liés au conseil agricole, à l’innovation en protection des cultures et aux impasses techniques.

La transition agricole est en marche  ! Elle repose sur un cocktail de solutions complémentaires pour protéger les cultures : pratiques vertueuses, biocontrôle, phytopharmacie raisonnée, numérique, biotechnologies… Tout l’écosystème agricole s’engage sur cette voie.

« Cette protection combinatoire est essentielle pour pouvoir défendre notre souveraineté agricole et alimentaire ainsi que notre compétitivité française et européenne, assure Yves Picquet, président de Phyteis. Cependant, nous avons besoin d’un cadre législatif adapté pour que l’innovation puisse s’exprimer. »

L’année 2025 marquera-t-elle un point final à une escalade réglementaire  ?

Des avancées réglementaires pour sortir des impasses techniques et accélérer l’homologation

La fragilisation des filières agricoles s’accentue avec la disparition de substances actives sans alternatives viables. Toutefois, des projets de lois et initiatives gouvernementales veulent enrayer cette perte de moyens de production.

Ainsi, le projet de loi du sénateur Duplomb vise à corriger des distorsions de concurrence avec d’autres pays européens. Cependant, l’équité entre agriculteurs européens et français doit concerner toutes les solutions phytopharmaceutiques, avertit Yves Picquet.

Le président de Phyteis salue également l’excellent travail d’inventaire des usages réalisé par le Comité des solutions. Installé par Agnès Pannier-Runacher, il se poursuit avec Annie Genevard. « Dans cette dynamique, la ministre Genevard propose la création d’un Comité d’orientation, que nous soutenons pleinement et auquel nous sommes prêts à participer, ajoute-t-il. En outre, son rôle sera de fluidifier et d’accélérer l’instruction des dossiers, dans le respect du cadre européen, pour que l’innovation atteigne rapidement le marché. Ce comité doit éviter que certaines filières ne se retrouvent dans des impasses techniques et économiques. »

De plus, Phyteis défend l’évaluation indépendante des produits phytopharmaceutiques par l’Anses, fondée sur une analyse scientifique rigoureuse, prédictible et proportionnée.

Agir plus rapidement pour enrichir la boîte à outils des agriculteurs est d’ailleurs une demande forte des filières. Avec leur aide, Phyteis recense les besoins et projets dans sa collection de fiches Engagés pour nos cultures. « L’objectif est d’éclairer la société civile et les autorités sur la réduction des outils à disposition des agriculteurs, explique Yves Picquet. Si la cerise et la noisette, qui sont très importantes, ont été largement évoquées, à ce rythme, d’autres grandes filières, comme les céréales ou le maïs, seront aussi en danger. »

Faciliter le déploiement de l’innovation auprès des agriculteurs

L’innovation pour protéger les cultures doit également se concrétiser sur le terrain. « Souvent, ce n’est pas l’innovation qui manque, mais son déploiement à grande échelle, observe Yves Picquet. Pour y parvenir, nous plaidons pour une meilleure articulation entre les différents acteurs de la filière : instituts de recherche, entreprises, distributeurs et agriculteurs. »

L’adoption par le Sénat d’une disposition du projet de loi Duplomb visant à abroger la séparation entre la vente de produits phytopharmaceutiques et le conseil va dans ce sens. Reste à transformer l’essai auprès des députés. En effet, la dissociation stricte de ces deux activités prive de nombreux agriculteurs des conseils techniques qu’assuraient les distributeurs agricoles. Acteurs avec lesquels, les agriculteurs nouent des relations de confiance. Par ailleurs, supprimer ce texte en vigueur depuis 2021 facilitera l’intégration des produits de biocontrôle dans le raisonnement des pratiques. D’un point de vue réglementaire, ce sont des produits phytopharmaceutiques.

Inclure dans le conseil agricole, les entreprises de protection des cultures

Si le projet de loi Duplomb rend le conseil sur les produits phytopharmaceutiques à la distribution agricole, il ne mentionne pas les sociétés productrices. Or, leur périmètre d’activité évolue. « Aujourd’hui, des outils performants existent pour favoriser la diminution de l’empreinte agricole, précise Yves Picquet. Les fabricants doivent avoir les moyens de contribuer au déploiement de l’innovation grâce à leur expertise. Eux aussi sont légitimes dans le conseil. Ils peuvent fournir des solutions intégrant les outils d’aide à la décision, les produits phytopharmaceutiques et les biosolutions. »

Par exemple, le numérique joue un rôle clé dans l’optimisation de l’application des produits. « Toutes nos sociétés travaillent sur des outils d’aide à la décision, poursuit Yves Picquet. Ces OAD donnent des conseils aux agriculteurs pour utiliser les produits à bon escient. Si on ne peut pas utiliser ces conseils, cela devient antinomique par rapport au but recherché. » 

D’ailleurs, une enquête inédite de Phyteis confirme l’intérêt du numérique pour protéger les cultures. 70 % des agriculteurs et 58 % des viticulteurs l’utilisent déjà. Respectivement, 60 % et 50 % prévoient d’accroître cet usage.

Enfin, le modèle d’économie de la fonctionnalité illustre une autre approche de la protection des cultures. Des adhérents de Phyteis le proposent déjà. Le conseil agricole devient alors tripartite. Ainsi, via le distributeur, l’agriculteur souscrit à un service garantissant un résultat précis comme celui d’une parcelle de blé saine à une étape clé. « La société phytopharmaceutique s’engage sur ce résultat, indique Yves Picquet. Dès lors, elle s’appuie sur les outils d’aide à la décision pour définir la nécessité et le moment optimal d’un traitement. »

Créer un cadre européen pragmatique pour l’édition du génome

Sur le plan européen, Phyteis appelle à la reprise urgente du processus réglementaire sur les technologies d’édition du génome (NGT). Le cadre doit être cohérent avec les faits scientifiques et les réglementations internationales.

Yves Picquet alerte sur les menaces que font peser le statu quo ainsi que les incertitudes réglementaires liées à la traçabilité, l’étiquetage et les brevets. Il insiste sur la nécessité d’une réglementation équilibrée pour prévenir les distorsions de concurrence, soutenir la R&D et faciliter l’accès aux NGT.

Le temps presse. D’autres régions du monde, notamment les États-Unis et la Chine, ont déjà une avance significative dans ce domaine. « Il s’agit d’une opportunité décisive pour l’avenir de l’agriculture européenne », conclut le président de Phyteis.

« Afin de libérer l’innovation pour protéger les cultures, nous appelons à une réglementation plus fluide, interpelle Yves Picquet président de Phyteis, en conférence de presse le 13 février. Elle doit faciliter l’introduction de nouveaux produits et technologies sur le marché.»