L’indicateur de sécurité alimentaire mondiale décline en 2021
Selon le 10e rapport annuel du cabinet Economist Impact, les systèmes alimentaires restent vulnérables aux chocs économiques, climatiques et géopolitiques. En 2021, la sécurité alimentaire mondiale se replie pour la troisième année consécutive. Cette étude soutenue par Corteva Agriscience met en exergue l’indispensable investissement dans la recherche ainsi que le rôle des politiques publiques pour contenir la hausse du coût de l’alimentation et maintenir la production agricole.
Lors du webinaire organisé le 14 octobre sur le média Euractiv, Economist Impact a dévoilé les résultats du rapport annuel sur l’Indice mondial de sécurité alimentaire 2021 (GFSI). Créé en 2011, cet observatoire parrainé par Corteva Agriscience évalue 113 pays. Les indicateurs sont confrontés aux objectifs des Nations Unies, lesquelles visent zéro faim dans le monde en 2030.
Après sept années de progrès, l’indicateur de sécurité alimentaire mondiale culminait à 61,6/100 en 2019, soit 4,4 points de plus sur cette période. En 2021, il affiche un score de 60,9 soit un recul de 0,7 point sur trois ans. En cause : la pandémie, mais aussi l’intensification des facteurs liés au changement climatique, la volatilité des prix des aliments, la nutrition, le manque d’investissements publics dans l’agriculture. Conséquence, 70 pays glissent dans le classement notamment en raison d’une hausse des coûts de l’alimentation. Les pays européens se maintiennent en tête du palmarès grâce à la stabilité de la production agricole. Ils enregistrent un score moyen de 75,2/100.
L’indice de sécurité alimentaire est affaibli sur le pilier de la résilience des ressources naturelles
L’indice de sécurité alimentaire des 113 pays a été évalué sur la base de quatre piliers liés à l’alimentation : l’accessibilité, la disponibilité, la qualité et la salubrité, et enfin la résilience des ressources naturelles pour maintenir une production agricole durable. Pour établir les scores, 59 indicateurs uniques de sécurité alimentaire sont passés au crible, y compris les inégalités de revenus et économiques, les inégalités entre les sexes et les inégalités en matière d’environnement et de ressources naturelles.
Le pilier résilience des ressources naturelles est celui qui ressort le moins bien noté, avec un score moyen de 50,8 sur 100. Cet enjeu ressort crucial alors que les accidents climatiques sont de plus en plus fréquents. À l’inverse l’indicateur qualité des aliments tire le score total vers le haut. Il est de 68 en moyenne. Il s’explique par une adoption généralisée de plans et stratégies nutritionnelles. Si les installations de stockage des cultures dans tous les pays analysés soutiennent un score global de 41,5/100 pour l’indice de disponibilité, une baisse des dépenses publiques en recherche et développement est enregistrée. Leur meilleur score en Europe concerne l’accessibilité (87,74).
L’Irlande est la mieux notée pour la sécurité alimentaire, la France sort en 9e position
L’Irlande se positionne même en tête de la liste de tous les pays avec un indicateur de 84 points. Elle a su réduire les coûts de son alimentation et se démarque par son investissement en R&D. Elle se positionne devant l’Autriche et le Royaume-Uni. Ce pays se maintient dans le Top 3 depuis 2012. 15 des 26 pays européens sont en repli. La Roumanie (-1,4), la Suède (-2,5) et la Finlande (-4,3) affichent les déclins les plus importants. À l’inverse, la Slovaquie, l’Ukraine, et la Serbie témoignent de meilleures performances que les précédentes années.
La France se tient à la 9e place du classement mondial avec un score de 79,1, derrière le Japon et devant les Etats-Unis et l’Allemagne (11e rang). Elle se distingue sur les trois piliers : accessibilité, disponibilité et qualité de l’alimentation.
« Nous constatons une volatilité de la production agricole qui doit être affinée dans la plupart des pays d’Europe, a souligné Pratima Singh, responsable de l’Indice mondial de sécurité alimentaire chez Economist Impact. L’investissement public dans l’agriculture peut également être optimisé dans cette région du monde. De nombreuses infrastructures existent déjà et semblent fondamentales. A l’avenir ces enjeux sont prioritaires pour vraiment réaliser des progrès significatifs en matière de sécurité alimentaire. »
Une alimentation plus abordable réduit les problèmes d’insécurité en Asie et au Moyen-Orient
Des pays ont fait des efforts significatifs pour réduire les problèmes de famine et d’insécurité alimentaire ces dix dernières années. Parmi eux : la Chine, le Cambodge, le Kenya ainsi que certains pays du Moyen-Orient. « En règle générale, les pays améliorent considérablement leurs scores globaux en mettant l’accent sur le côté abordable de l’alimentation », précise Pratima Singh.
Les pays africains se situent dans les dix dernières places du classement. Le Burundi avec 37,67 enregistre un écart de 43 % par rapport à l’Irlande.
L’innovation pour soutenir les objectifs de production mondiale
“Le GFSI va au-delà de la faim pour identifier les facteurs sous-jacents qui affectent l’insécurité alimentaire dans le monde”, explique Tim Glenn, vice-président exécutif et directeur commercial de Corteva Agriscience. Pour répondre aux défis actuels et futurs émergents, il faut que les investissements dans la sécurité alimentaire soient soutenus. Notre rôle est de relever de front les défis soulevés dans le rapport en proposant des solutions innovantes dont les agriculteurs ont besoin pour atteindre durablement leurs objectifs de productivité et en travaillant avec des collaborateurs du monde entier pour renforcer l’intégrité des systèmes alimentaires.”