Ligue des plantes démontrée pour bloquer les maladies
Face à une maladie, les gènes de résistance d’une variété de blé ou de riz ne sont pas les seuls responsables de sa capacité à faire front. Le dialogue établi entre variétés voisines ouvre de nouvelles pistes dans l’amélioration variétale.
Et si les plantes dialoguaient entre elles pour bloquer les bioagresseurs ? C’est ce que démontre une récente étude menée sur le riz et le blé par des chercheurs d’INRAE, de l’Institut Agro Montpellier, du Cirad, du CNRS et de la Yunnan Agricultural University (Chine).
Cultiver sur une même parcelle un mélange de variétés se considère déjà comme un moyen de contrôler les épidémies. Le principal effet recherché réside dans la création d’une barrière de dispersion des bioagresseurs générée par la diversité génotypique. Concrètement, une variété plus résistante que sa voisine fait bloc.
Néanmoins, d’autres processus sous-étudiés interfèrent. Parmi eux : la « susceptibilité modulée par les voisins ».
Les chercheurs ont étudié en conditions contrôlées plus de 200 paires de céréales qui associaient deux variétés de riz ou deux variétés de blé. Ils ont infecté manuellement chacune de ces paires par des champignons pathogènes s’attaquant aux feuilles. Ensuite, ils ont analysé la sensibilité des plantes à la maladie selon qu’elles poussaient avec une plante identique ou une voisine d’une variété différente.
Immunité collective des plantes, exemple avec les variétés de blé ou de riz
Les résultats révèlent que les relations de voisinage entrent alors en ligne de compte dans 10 % des paires. Ce lien affecte la sensibilité à la maladie de la plante contaminée. Avec l’aide de modèles génétiques, les scientifiques ont pu quantifier cet effet. Certaines associations de plantes réduisent de près de 90 % la sensibilité à la maladie. Les gènes de résistances que possède chaque variété mais également le dialogue que chaque plante établit avec ses voisines contribuent à cette capacité à lutter contre le pathogène. « Autrement dit, on assiste chez ses deux céréales à une forme de coopération à l’échelle d’une population. Il pourrait s’agir d’une forme de régulation de « l’immunité collective » comme il en existe chez les animaux », indique les chercheurs dans un communiqué.
Dans certains cas, cette coopération entre plantes réduit autant les niveaux de sensibilité à la maladie que les gènes de la plante elle-même. « Il existe donc un très fort potentiel d’amélioration de la résistance au-delà de l’amélioration variétale », concluent-ils.