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IBMA France : « L’Union européenne doit définir le biocontrôle »

Les 10es Rencontres annuelles du biocontrôle organisées par IBMA France mettent l’accent sur la nécessaire définition de ces produits au niveau européen. L’association demande aussi une révision de la loi sur la séparation de la vente et du conseil des produits phytopharmaceutiques. Celle-ci freine le déploiement du biocontrôle.  

L’année 2024 est celle des dix ans de la définition officielle d’un produit de biocontrôle en France. Inscrite dans le code rural (Art L 253-6), elle a été complétée par d’autres mesures, concomitamment et ultérieurement, qui contribuent au déploiement plus rapide de ces solutions alternatives sur le territoire. Aussi, lors des 10es Rencontres annuelles du biocontrôle (RAB) organisées par IBMA France, le 16 janvier sur le Sival à Angers (49), Céline Barthet, présidente de cette association française des entreprises de biocontrôle, en rappelle les atouts. « Grâce à cette définition, il y a eu des mesures incitatives, réglementaires et financières, souligne-t-elle. Elles ont permis à notre secteur de se développer. »

Produits de biocontrôle, accélérer l’évaluation européenne  

Désormais, pour accélérer, l’enjeu se situe au niveau de l’Europe. En effet, dans son processus d’évaluation des substances actives, la réglementation européenne ne distingue pas le biocontrôle du conventionnel. En France, en même temps que cette définition entrait dans le Code rural, une mention était ajoutée dès le Livre préliminaire de ce Code précisant que « l’État (…) veille à ce que les processus d’évaluation et d’autorisation de mise sur le marché de ces produits soient accélérés  ». Aussi, Céline Barthet ne cache pas sa déception de la mise en pause du projet de règlement SUR. Ce texte sur l’utilisation durable des pesticides propose lui aussi une définition. « Nous ne demandons pas moins de réglementation, mais une réglementation adaptée à la spécificité de ces produits », insiste-t-elle auprès de Marc Fesneau, invité au 10e colloque d’IBMA France

En phase avec cette revendication, le ministre de l’Agriculture, confirme-lui aussi le besoin d’accélérer, de massifier. Comment ? En soutenant la recherche et l’expérimentation, en formant dans les lycées agricoles et via la formation continue. Parmi les dispositifs, le Grand défi Biocontrôle et Biostimulants qui devrait être lancé prochainement. L’Association Biocontrôle et Biostimulation pour l’Agroécologie, dont IBMA France assure la vice-présidence avec Afaïa, aura en charge d’animer ce Grand Défi.

Échec de la séparation de la vente et du conseil sur les produits de biocontrôle

IBMA France vise 30 % de parts de marché de la protection des cultures avec le biocontrôle à horizon 2030. Pour y parvenir, différents leviers doivent être activés. Aussi, Céline Barthet insiste sur la nécessité d’attribuer systématiquement un CEPP à chaque biocontrôle. Ceci, dès son autorisation de mise sur le marché, car seul 40 % des biocontrôles en possèdent. De surcroît, elle souligne l’effet contreproductif de la séparation de la vente et du conseil sur les biocontrôles. Cette loi en vigueur depuis le 1er janvier s’applique à tous les produits phytopharmaceutiques. « Elle prive en réalité les agriculteurs de conseils. Or, en matière de biocontrôle, ils sont indispensables », explique-t-elle. Le ministre de l’Agriculture partage son analyse. « Il faut peut-être se dire tranquillement que ça ne marche pas et qu’il faut le retravailler », admet-il.

Céline Barthet, présidente d’IBMA France insiste sur l’obtention d’une définition du biocontrôle à l’échelle européenne, préalable à d’autres mesures pour accélérer le déploiement de ces solutions.

Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture veut reconsidérer le dossier sur la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires. Il est contreproductif pour déployer le biocontrôle.

Repères

La part de marché des produits de biocontrôle en surface atteint 11 % en 2023. Source Kynetec.