Financer, collaborer, communiquer : la clé d’une innovation durable
L’innovation constitue l’un des principaux leviers pour relever les défis que rencontre le monde agricole pour protéger les cultures. Pour être durable et pragmatique, cette innovation a besoin de moyen, mais également d’une mobilisation collective.
En investissant chaque année 11 % de leurs chiffres d’affaires dans la recherche de solutions combinatoires, notamment le digital, les entreprises de protection des cultures montrent à quel point l’innovation est au cœur de leur stratégie. Cet engagement témoigne même d’un réel dynamisme de l’innovation en France. « En 2022, 1,1 Md€ a été investi dans l’écosystème de l’AgTech et de la FoodTech en France, souligne Marthe Jewell, responsable communication de Vitagora, à l’occasion du Campus Phyteis organisée le 6 juin à Paris. Il n’y a pas eu de chute comme dans le reste du monde, mais une hausse des investissements sur notre territoire entre 2021 et 2022. Cela montre une résilience de notre écosystème, qui suit moins les effets de mode que dans d’autres régions. »
Financer toute la chaine de l’innovation
Pour émerger, les innovations ont besoin d’un écosystème favorable, en matière de réglementation mais aussi de financements. Sur ce dernier volet, la BPI renforce son accompagnement en direction de projets innovants autour de l’agriculture, à l’image de son appel à projet pour financer les transitions agroécologiques. « Il existe une multitude de financement, par toujours connus. Nous menons différents appels à projets pour financer toutes les étapes de l’innovation, de la R&D jusqu’à l’industrialisation, en passant par les étapes de pré-série et les études de faisabilité », explique Nadia Sekher, responsable des bioprocédés direction de l’innovation BPI France.
Encourager les démarches partenariales
En faisant intervenir des biosolutions, du machinisme, des biotechnologies, ou encore du digital, l’approche combinatoire mobilise des domaines d’expertises variés, qui obligent bien souvent à travailler en collectif. « Nous devons renforcer notre approche partenariale », rappelait Bruno Baranne, président de Phyteis, en introduction de la journée. Un point de vue que partage Bioeconomy for Change (B4C). Ce réseau, qui fédère 500 adhérents, depuis l’amont agricole jusqu’à la mise sur le marché de produits finis, a mis en place un groupe de travail autour des biosolutions. Il regroupe 70 structures. « Le but de ce groupe est de mettre en relation les acteurs pour faciliter les projets collaboratifs », explique Ingrid Bouvart, responsable Innovation bioressources B4C. Tous les sujets liés à la création de projets innovants sont abordés : décryptage des financements possibles, partages de données de marché, évolutions réglementaires, etc. « Nous voyons émerger cette approche combinatoire, avec de nombreux projets autour de solutions de biocontrôle et d’outils de l’Agtech », partage-t-elle.
Rassurer les craintes autour de l’innovation
Si le terme innovation revêt une valeur positive au sein du monde agricole, ce qu’il implique génère parfois des craintes pour le reste des citoyens : nouvelles technologies, datas, techniques de sélection, etc. Le sociologue de Vivavoice Arnaud Zegierman a travaillé sur ces sujets avec Phyteis. « Nous avons analysé différents niveaux de discours auprès du grand public autour de l’édition de génome. Lorsqu’on parle « d’innovation scientifique », cela réveille les peurs », constate le sociologue. L’ argument qui porte le plus auprès du grand publique est celui de se passer des produits des phytosanitaires : « Alors c’est mieux accepté. »
Dans ce cadre, comment faire passer les messages ? « Il faut expliquer avec beaucoup de pédagogie, même si donner les éléments scientifiques ne suffit plus », répond Florence Dupraz, directrice Open Agrifood.