Évaluation des pesticides et exposition des riverains : des scenarios « pire cas »
Les scénarios d’évaluation d’expositions des riverains aux pesticides couvrent largement toutes les situations extrêmes, voire irréalistes. Ils prennent également en compte d’éventuels « effets cocktails ».
Avant toute mise en marché et lors des réévaluations, les substances actives font systématiquement l’objet d’une évaluation de risque sur le volet des riverains. Les modèles réglementaires décrivent alors des situations dites de « pire cas » d’exposition quotidienne des adultes et des enfants. De plus, ils s’appliquent tout au long de la vie (voir encadré). « Les scenarios sont construits sur des hypothèses au-delà de la réalité, explique Julien Durand-Réville, expert santé de Phyteis. Ainsi, les autorités sont certaines de bien couvrir largement toutes les situations. Elles considèrent également d’éventuels effets cocktails provenant de l’exposition simultanée à plusieurs substances ».
Pour espérer obtenir une autorisation de mise sur le marché, l’addition de ces scénarios ne doit pas dépasser le seuil toxicologique sans risque pour la santé. De fait, les autorités sanitaires instaurent de larges marges de sécurité. « Je ne connais pas de personne qui resterait sans bouger 2 heures par jour, tous les jours de sa vie, en face d’un pulvérisateur en marche, illustre Julien Durand-Réville. Pourtant, c’est l’un des scénarios auquel tous les produits phytopharmaceutiques doivent répondre. »
Règles européennes sur l’évaluation des produits phytopharmaceutiques concernant l’exposition des riverains
Volet riverain : hypothèses extrêmes d’exposition aux pesticides additionnées
- Se tenir à 5-10 mètres d’une pulvérisation en marche, 2 heures par jour et en tenue légère. De surcroît, l’individu fait face vent. Cette situation improbable se répète tous les jours de sa vie.
- Entrer chaque jour 15 minutes dans un champ dont le traitement vient tout juste de se terminer. En outre, la parcelle est encore humide et l’individu se frotte au feuillage.
- Respirer pendant 24 heures, tous les jours de sa vie, un air 1 000 à 10 000 fois plus contaminé que les niveaux réellement observés dans PestiRiv (en période de traitement, proche des vignes).
- Rester 2 heures au contact de végétaux qui subissent une dérive de pulvérisation venant du champ voisin.
- Pour les enfants, un scenario simule une exposition alimentaire supplémentaire via des gestes main-bouche. Dans ce cas, une dérive de pulvérisation contamine au préalable les mains et objets mis à la bouche.
Cette addition d’expositions ne doit pas dépasser le seuil toxicologique pour espérer obtenir une AMM