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Phyteis

Engagés pour nos cultures – la filière asperge

Face aux aléas climatiques et aux ravageurs, la filière de l’asperge française lutte pour sa survie. Production instable, traitements limités, avenir incertain… cette filière d’excellence cherche les solutions capables d’assurer sa résilience.

Une filière française de l’asperge sous pression

La filière française de l’asperge se concentre principalement dans trois régions : la Nouvelle-Aquitaine avec 10 000 tonnes produites par an, l’Occitanie avec 3 900 tonnes et les Pays de la Loire avec 3 600 tonnes.

Pour les producteurs, à l’avenir, maintenir la constance de leur production suppose une vigilance aussi bien face aux aléas climatiques qu’aux ravageurs et aux maladies.

Les aléas climatiques, un défi pour l’asperge

L’asperge fait partie des cultures pérennes : une aspergeraie est implantée pour une durée moyenne de dix ans. Chaque année, la production repose sur un cycle biologique précis particulièrement sensible aux variations environnementales, comme les gelées, la sécheresse, la grêle ou les pluies abondantes.

En 2024, des conditions climatiques défavorables ont entrainé des écarts significatifs de rendement. Des précipitations abondantes ont provoqué une hétérogénéité importante des rendements selon les régions.

Si la qualité globale de l’asperge est préservée, les surcoûts à la récolte et en station conduisent à des volumes moindres pour des coûts de production plus élevée.

Le criocère de l’asperge : l’ennemi numéro 1
Le criocère, une menace difficile à combattre

Outre les contraintes météorologiques, le principal ennemi de la filière asperge demeure le criocère (Crioceris asparagi). Ce petit coléoptère rouge et noir s’attaque aux tiges et feuilles de la plante.

Ce parasite se nourrit des tissus végétaux. Sa présence affaiblit la plante, empêche la photosynthèse et facilite alors la prolifération de maladies. La répétition des attaques peut réduire significativement les rendements des années suivantes.

Depuis l’interdiction des substances néonicotinoïdes en 2018, les producteurs ne disposent plus que d’une solution chimique : les pyréthrinoïdes. Moins efficaces, ces insecticides augmentent le risque de résistance et la fréquence des traitements.

D’autres ravageurs et maladies restent en embuscade

Au-delà du criocère, plusieurs espèces de mouches menacent les asperges au printemps. Leurs larves creusent des galeries dans les turions, les rendant impropres à la commercialisation et vulnérables à d’autres maladies.

Les producteurs doivent ensuite affronter la stemphyliose. Cette maladie fongique se développe en atmosphère humide avec des températures supérieures à 15°C. Elle entraîne le dessèchement des turions et feuilles. Des expérimentations ont montré l’efficacité du cuivre contre cette maladie. Ce traitement n’est toutefois pas encore autorisé sur l’asperge.

Enfin, autre champignon agressif, la rouille se manifeste par de petites tâches orange ou noire sur les tiges et les feuilles qui se dessèchent progressivement. Les solutions préventives actuelles se montrent largement insuffisantes.

Quelles solutions pour protéger l’asperge ?

Aujourd’hui, pour protéger l’asperge, les substances autorisées sont rares et peu performantes. Efficace contre certaines maladies, le cuivre reste interdit sur l’asperge tandis que deltaméthrine constitue la seule option contre les insectes.

La nécessité de mener des projets de recherche

Pour sortir de cette impasse, des projets de recherche ont été lancés depuis 2020. Les programmes Crioceris (2020-2021) et CrioTrap (2021-2023) ont exploré plusieurs pistes.

D’abord, des essais ont combiné filets insect-proof et champignons entomopathogènes. Toutefois, leur efficacité modérée et le coût de ces solutions rendent pour l’instant difficile une généralisation.

Ensuite, prometteur sur d’autres cultures, le biocontrôle ne présente pas de résultats concluants sur le criocère. Aucune solution testée n’a atteint un seuil de protection suffisant.

Enfin, des travaux fondamentaux visent à mieux comprendre le comportement du criocère : hauteur de vol, zones agroécologiques de préférence pour hiberner, agrégation, kairomones produits… Une meilleure compréhension doit permettre d’orienter les futures expérimentations.

Un appel au soutien pour la filière de l’asperge

Pour Christophe Paillaugue, président de Asperges de France, il est urgent d’amplifier le soutien public à la recherche, au développement de nouvelles solutions et à l’adaptation au changement climatique.

« L’AOP Asperges de France défend une filière française dynamique et durable. Nous plaidons pour un soutien renforcé à la compétitivité des exploitations, notamment par la transition écologique, la recherche de nouvelles solutions de lutte contre les bioagresseurs (en particulier le criocère) et l’adaptation au changement climatique. »

Christophe Paillaugue, président de Asperges de France

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