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Phyteis

Engagés pour nos cultures – la filière vigne

Emblème de notre savoir-faire français, le vignoble bordelais se bat pour ne pas perdre pied.

Vins de Bordeaux : une référence mondiale

Les chiffres clefs

Un contexte socio-économique de plus en plus fragile

Le vignoble bordelais doit répondre ces dernières années à une équation particulièrement complexe associant :

  • L’augmentation des coûts de l’énergie mais aussi de toutes les matières premières ces dernières années (10 à 60 % d’augmentation en 2022-2023) ; une hausse impossible à répercuter sur le prix au consommateur. Beaucoup de viticulteurs vendent aujourd’hui à perte.
  • Des difficultés de recrutement (attentes spécifiques sur les tâches et les horaires,
    difficultés liées aux logements périodiques, etc.)
  • Un contexte global international très défavorable (conflits, baisse des ventes, etc.).
  • Des conditions climatiques très instables.
  • Ainsi qu’un contexte réglementaire et sociétal de plus en plus contraignant.
Le changement climatique et le manque de solutions de protection de la vigne : 2 handicaps agronomiques majeurs

Le changement climatique requiert de la part des viticulteurs une adaptation constante, souvent en urgence. La production de vin subit depuis plusieurs années des aléas climatiques sévères :

  •  Episodes de sécheresse.
  • Gels tardifs (4 épisodes sur ces 10 dernières années), l’année 2024 n’a pas été épargnée (différents épisodes entre avril et juin).
  • Véritables épisodes de climat tropical (alternances de fortes pluies et de fortes chaleurs) propices au développement de maladies fongiques.

« L’évolution du climat est un véritable défi pour nous, induisant une pression de plus en plus importante des maladies mais aussi une modification de la temporalité des vendanges (plus précoces). » Xavier Buffo, Directeur Général du SCA Château de la Rivière

Comme pour de nombreuses filières agricoles, la filière vigne doit faire face à une baisse conséquente du nombre de substances actives mises à sa disposition pour protéger les vignes et produire un vin en quantité et de qualité.

La vigne connaît des épisodes d’attaques très fortes de mildiou depuis une dizaine d’années. Cette maladie, bien connue des viticulteurs, apparaît au stade de la floraison, au moment où la vigne est la plus sensible (mai/juin). Elle peut provoquer jusqu’à 90 % de pertes sur une exploitation. En 2024, les vignobles ont subi d’importantes attaques de mildiou, avec une précocité inhabituelle des contaminations dans le Bordelais.

Le cuivre, solution « historique » de protection des vignes contre le mildiou, ne suffit plus lorsque la pression de la maladie est trop importante. Traitement fongique de contact, le cuivre doit être épandu en un temps très restreint sur la vigne pour être efficace. Pour le domaine du Château de la Rivière et de nombreux autres domaines, il est impossible techniquement de traiter en une seule journée l’ensemble des vignes de l’exploitation !

« Le cuivre se révèle très utile en fin de saison, quand la pression globale est moindre mais ne peut être considéré comme l’unique solution, tant d’un point de vue agronomique qu’environnemental. » Xavier Buffo, Directeur Général du SCA Château de la Rivière

Si les usages des solutions phytopharmaceutiques « classiques » sont de plus en plus restreints (disparition de solutions, attentes sociétales…), ces solutions demeurent les plus efficaces pour lutter contre le mildiou.

La vigne est touchée par plusieurs autres maladies fongiques… :

Le Black rot, touche tous les organes de la vigne dans leur phase de croissance active ; les attaques les plus visibles se situent sur les feuilles. Il refait son apparition de manière ponctuelle. Seules des substances polyvalentes (c’est-à-dire utilisées contre d’autres maladies fongiques) sont efficaces. Aucune solution de biocontrôle actuellement. Au printemps 2024, les importantes pluies ont fourni au black rot des conditions très favorables à son développement.

L’Oïdium, se caractérise par un feutrage ou des poils blanchâtres qui se développent sur les bourgeons, les feuilles, les fruits et les branches. Contre l’oïdium, le soufre reste la base de la protection de la vigne. Il est utilisé en début et fin de saison.

La Flavescence dorée, maladie majeure de la vigne transmise par les piqûres de cicadelles. Ses symptômes sont pluriels – décoloration, enroulement des feuilles, flétrissement des baies… Un seul insecticide est efficace comme moyen de lutte.

Le Botrytis, ou pourriture grise, est une maladie causée par un champignon particulièrement polyphage. Il peut toucher tous les organes verts (rameaux, feuilles) de la vigne mais affecte principalement les baies. Des mesures prophylactiques et une lutte chimique (traitements préventifs) permettent de faire face à cette maladie. … Et par les ravageurs, avec notamment la forte pression des tordeuses de la grappe, pour lesquels différentes techniques de lutte combinatoire existent comme des solutions insecticides, des micro-organismes ou des méthodes par confusion sexuelle.

« Se passer du jour au lendemain d’une protection phytopharmaceutique est impossible et miser sur un seul type de solution de protection de la vigne est illusoire. Or, la production de vin demande une visibilité à plus long terme. Notre seule chance de maintenir notre production est l’approche combinatoire : mettre en œuvre des solutions de biocontrôle pouvant être combinées à l’usage de produits phytopharmaceutiques, en moins grande quantité. » Xavier Buffo, Directeur Général du SCA Château de la Rivière

La baisse des surfaces du vignoble français est significative et multifactorielle : baisse de la consommation et des ventes, ralentissement des exportations, conditions climatiques défavorables (épisodes de gel, de grêle, réchauffement climatique …), etc.

Source : Agreste, décembre 2024

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