Engagés pour nos cultures – la filière vigne

Référence mondiale, la vigne française reste connue et reconnue. Pourtant, face à un contexte socio-économique fragilisé, sa surface de production se situe à son plus bas historique.

La filière vigne doit résoudre une équation insoluble : d’une part, les surcoûts de l’énergie et des matières premières et d’autre part, une hausse impossible à répercuter sur les prix au consommateur. Aussi, les viticulteurs vendent souvent à perte dans un contexte économique et juridique défavorable. Face à ces contraintes, l’investissement pour s’adapter aux conditions climatiques reste incertain.
La baisse des surfaces du vignoble français est significative et multifactorielle : baisse de la consommation et des ventes, ralentissement des exportations, conditions climatiques défavorables (épisodes de gel, de grêle, réchauffement climatique …), etc.
Source : Agreste, décembre 2024
Deux handicaps agronomiques majeurs pour la vigne : le changement climatique et le manque de solutions protectrices
Le changement climatique, une menace existentielle
Le changement climatique requiert de la part des viticulteurs une adaptation constante, souvent en urgence. La production de vin subit depuis plusieurs années des aléas climatiques sévères : les épisodes de sécheresse, les gels tardifs (4 épisodes sur ces 10 dernières années) voire les épisodes de climat tropical (alternances de fortes pluies et de fortes chaleurs) propices au développement de maladies fongiques.
« L’évolution du climat est un véritable défi pour nous, induisant une pression de plus en plus importante des maladies mais aussi une modification de la temporalité des vendanges (plus précoces). »
Xavier Buffo, Directeur Général du SCA Château de la Rivière
La disponibilité moindre des solutions de protection des vignes
Comme pour de nombreuses filières agricoles, la filière vigne doit faire face à une baisse conséquente du nombre de substances actives mises à sa disposition pour protéger les vignes et produire un vin en quantité et de qualité.
Pourtant, la vigne connaît des épisodes d’attaques très fortes de mildiou depuis une dizaine d’années. Bien connue des viticulteurs, cette maladie apparaît au stade de la floraison, au moment où la vigne est la plus sensible (mai/juin).
Elle peut alors provoquer jusqu’à 90 % de pertes sur une exploitation. En 2024, les vignobles ont subi d’importantes attaques de mildiou, avec une précocité inhabituelle des contaminations dans le Bordelais.
Or, solution « historique » de protection des vignes contre le mildiou, le cuivre ne suffit plus lorsque la pression de la maladie est trop importante. Traitement fongique de contact, son efficacité exige d’être épandu en un temps très restreint. Pour des domaines vastes, il est impossible techniquement de traiter en une seule journée l’ensemble des vignes de l’exploitation !
« Le cuivre se révèle très utile en fin de saison, quand la pression globale est moindre mais ne peut être considéré comme l’unique solution, tant d’un point de vue agronomique qu’environnemental. »
Xavier Buffo, Directeur Général du SCA Château de la Rivière
Si les usages des solutions phytopharmaceutiques « classiques » sont de plus en plus restreints, ces solutions demeurent pourtant les plus efficaces pour lutter contre le mildiou.
Les maladies fongiques constituent toujours une menace
D’abord, le Black rot refait son apparition de manière ponctuelle. Par exemple, au printemps 2024, les importantes pluies ont fourni au black rot des conditions très favorables à son développement.
Il touche alors tous les organes de la vigne dans leur phase de croissance active. Ses attaques les plus visibles se situent sur les feuilles. Or, seules des substances polyvalentes, c’est-à-dire utilisées contre d’autres maladies fongiques, sont efficaces.
Ensuite, l’Oïdium se caractérise par un feutrage ou des poils blanchâtres qui se développent sur les bourgeons, les feuilles, les fruits et les branches. Contre l’oïdium, base de protection de la vigne, le soufre est utilisé en début et fin de saison.
Les vignes subissent également la flavescence dorée, maladie majeure de la vigne transmise par les piqûres de cicadelles. Ses symptômes sont pluriels : décoloration, enroulement des feuilles, flétrissement des baies… Un seul insecticide est efficace comme moyen de lutte.
Enfin, le Botrytis, ou pourriture grise, est une maladie causée par un champignon particulièrement polyphage. Il peut toucher tous les organes verts, rameaux comme feuilles, mais affecte principalement les baies. Des mesures prophylactiques et une lutte chimique en traitement préventifs permettent de faire face à cette maladie.
« Se passer du jour au lendemain d’une protection phytopharmaceutique est impossible et miser sur un seul type de solution de protection de la vigne est illusoire. Or, la production de vin demande une visibilité à plus long terme. Notre seule chance de maintenir notre production est l’approche combinatoire : mettre en œuvre des solutions de biocontrôle pouvant être combinées à l’usage de produits phytopharmaceutiques, en moins grande quantité. »
Xavier Buffo, Directeur Général du SCA Château de la Rivière
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