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Phyteis

Engagés pour nos cultures – la filière pommes de terre

Compétitive et exportatrice, la filière pomme de terre constitue une fierté française. Pourtant, elle n’est épargnée ni par les aléas climatiques ni par les ravageurs. C’est pourquoi son avenir se joue dès maintenant par la recherche d’une meilleure protection.

Résiliente, la filière de la pomme de terre n’en demeure pas moins exposée aux aléas climatiques et aux ravageurs
Les aléas climatiques imposent une adaptation des cultures

Après une récolte 2022 marquée par un choc climatique estival inédit, l’année 2023 a permis de renouer avec un niveau de rendement proche de la moyenne décennale.

Toutefois, les arrachages ont montré quelques difficultés puisque des tubercules sont restés non arrachés en novembre dans les bassins des Hauts-de-France en raison des nombreuses précipitations et inondations.

Les aléas tels que la sécheresse ou les intempéries sont à la fois plus fréquents et par nature plus imprévisibles. Ils engendrent une évolution de la présence des bioagresseurs et de l’intensité des dégâts causés. Ces phénomènes imposent donc une adaptation constante des pratiques culturales.

Les ravageurs restent une menace constante

En premier lieu, maladie cryptogamique causée par un pseudo-champignon de la famille des Phytiacées (Phytophthora infestans), le mildiou demeeure la principale maladie des pommes de terre. Elle peut causer des ravages irréversibles sur les récoltes.

La récolte 2024 a subi une pression mildiou extrêmement précoce et intense en raison d’un printemps doux et humide. Cette situation implique une vigilance extrême de la part des producteurs pour endiguer le phénomène. En effet, les solutions pour lutter contre le mildiou deviennent rares alors qu’apparaissent des souches résistantes dans toute l’Europe.

Ensuite, la pomme de terre affronte un insecte nuisible, le taupin de la pomme de terre, ou larve de coléoptère du genre Agriotes. Appelées fils de fer, ses larves diminuent la qualité des récoltes. Elles creusent des galeries qui rendent les tubercules impropres à la commercialisation.

Au surplus, ces dégâts favorisent également l’entrée des maladies fongiques. Huit substances phytosanitaires sont autorisées en 2024, mais leur efficacité reste limitée (entre 30 et 50 %) et souvent insuffisante en cas de fortes infestations.

Pour assurer l’avenir de la filière, les défis se jouent maintenant

Plusieurs défis demeurent pour la filière pomme de terre. En sus du désherbage et de la gestion des adventices, dont les solutions se réduisent, la question de l’accès à l’eau devient critique.

Or, la pomme de terre est composée à 80 % d’eau. Aujourd’hui, environ 50 % des surfaces en pommes de terre sont irriguées. Dans un contexte de dérèglement climatique, la récurrence croissante de épisodes de sécheresses constitue une menace pour la pomme de terre. L’accès à l’eau d’irrigation et la recherche de nouvelles variétés résistantes à la sécheresse deviennent des enjeux d’avenir.

Contre les ravageurs, les filières pommes de terre ont lancé en 2021 un programme de recherche triennal confié à Arvalis sur la protection intégrée. Dans le cadre de la lutte contre les larves de taupins par exemple, ARVALIS a exploré des solutions alternatives.

Elles combinent biocontrôle (champignons entomopathogènes, substances naturelles), plantes de service (plantes appâts), pour détourner les larves, et leviers agronomiques (variétés résistantes, techniques de récolte). Les résultats de ces méthodes sont encourageants en conditions d’attaques modérées, mais leur efficacité reste toutefois irrégulière.

Aujourd’hui, ces efforts dans la lutte intégrée se concentrent majoritairement sur le mildiou de la pomme de terre. La gestion du mildiou, avec des projets comme Ecophyto SYNAPTIC, vise à optimiser l’approche combinatoire (utilisation combinée de variétés résistantes, de biocontrôle et d’outils d’aide à la décision).

Ainsi, l’objectif est de limiter l’usage de fongicides tout en assurant une protection efficace. Des essais ont montré que cette approche pouvait significativement diminuer les indices de fréquence de traitement tout en maintenant une protection efficace contre cette maladie.

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