Engagés pour nos cultures – la filière noisette

Dévastée par les ravageurs, la production française de noisette peine à répondre à la demande. La filière française de la noisette a subi une crise majeure en 2024, avec une baisse de production de près de 65 %, due à des attaques massives de ravageurs comme la punaise diabolique et le balanin.
La crise de la noisette française résulte principalement du retrait des néonicotinoïdes. Malgré les alertes auprès des pouvoirs publics, aucune solution efficace n’existe à ce jour, menaçant la viabilité économique de la filière.
Dans cet état d’urgence phytosanitaire, la baisse de rendements atteint 50 % alors que les récoltes sont détruites par les ravageurs. La demande de noisette se trouve alors satisfaite par une dépendance accrue aux importations.
La noisette, victime de trois ravageurs que les solutions actuelles ne parviennent pas à arrêter
La punaise diabolique
Ce ravageur perce les coques encore vertes des noisettes pour en manger le fruit. La totalité des verges sont concernés par sa propagation, aggravée par la pluie et les températures douces. En cas d’attaque, près de 30% de dégâts sont à déplorer, alors que les standards de qualité acceptent moins de 1% de piqûres de punaises.
Le balanin
Ravageur spécifique de la noisette présent sur 100 % des vergers, ce coléoptère ravageur pond dans les noisettes en cours de maturation, les rendant inconsommables. Il génère alors une perte de rendement estimée à 50 %.
Comme pour la punaise, l’impuissance du producteur s’explique par le déficit de solutions contre ce ravageur. Il n’existe qu’une seule famille autorisée en Franc. Or, elle présente une faible efficacité.
Le phytopte
Acarien niché dans le bourgeon, le phytopte peut causer jusqu’à 50 % de dégâts sur certaines variétés comme la Corabel. La prolifération de ce ravageur constitue une conséquence directe du réchauffement climatique. Lorsque les hivers ne sont pas assez froids, les populations de phytoptes ne baissent pas.
Face à la concurrence de la noisette importée, à la hausse des coûts et à la baisse des rendements, un modèle économique en tension
Une double crise des coûts et des rendements
Sans réelle alternative, les coûts de production de la noisette explosent depuis le retrait des solutions efficaces contre les deux principaux ravageurs de la noisette, la punaise diabolique et balanin. Selon Unique, cette hausse des coûts atteint 68%.
Or, alors que le potentiel de production était de 13 000 tonnes de noisettes en 2024, la filière en a récolté seulement 6 500 tonnes, dont 2 000 tonnes étaient inconsommables (à cause des attaques non maitrisées de la punaise diabolique).
Ainsi, les chiffres sont alarmants : 50 % de pertes de quantité provoquées par balanin et 30 % de pertes de qualité dues à la punaise diabolique. Par conséquent, les menaces s’accumulent, à la fois l’augmentation des coûts et la baisse des rendements. Le modèle économique se grippe et certains producteurs déposent le bilan tandis que d’autres arrachent désormais leurs noisetiers.
Ce modèle économique en tension expose à la concurrence de la noisette importée
Ce manque de moyens de protection conduit à une perte de compétitivité de la France dans un marché mondialisé. Or, ce marché se trouve dominé par la Turquie avec 75% de la production mondiale.
Par son influence sur le prix de référence et par ses standards plus souples de protection des vergers, la filière turque risque de s’imposer face à la production française, privée de solutions de protection et économiquement fragile.
Les espoirs de la recherche pour sauver la filière noisette
En l’absence de méthode alternative de protection applicable à ce jour, l’Association Nationale des Producteurs de Noisettes (ANPN) travaille sur la recherche de solutions en approche combinatoire. Dix ans de recherches seraient nécessaires pour retrouver des rendements acceptables.
D’une part, contre la punaise diabolique, une piste étudie les parasitoïdes. Ces organismes se développent sur ou à l’intérieur d’un autre organisme puis entraînent la mort de l’hôte à la fin de son propre développement larvaire.
Selon Unicoque, un dossier d’autorisation exige un premier niveau d’investissement de 3 millions d’euros. Les premiers lâchers de parasitoïdes ont été testés cette année sur 5 hectares de vergers de noisetiers.
D’autre part, contre le balanin de la noisette, les kairomones miment les odeurs qu’émettent les insectes afin de les perturber. Selon Unicoque, le budget estimé serait d’un million d’euros.
“La France importe 95 % de sa consommation de noisettes. A ce jour, aucune différence ne permet au consommateur français de distinguer ces noisettes en provenance de pays hors Union européenne de celles produites conformément à la règlementation phytopharmaceutique française et européenne. Cette situation est bien sûr inadmissible pour les consommateurs qui sont en attente de transparence et pour la filière française de noisettes qui n’a qu’un seul souhait : avoir la capacité de fournir son propre marché. Notre survie est en jeu. Une seule solution : harmoniser les politiques phytosanitaires française et de l’Union européenne, en réintroduisant l’acétamipride en France, seul produit efficace à 90 % contre les deux principaux ravageurs, le balanin et la punaise diabolique.”
Thierry Descazeaux, président de l’association Unicoque
Evolution de la récolte de noisette par la coopérative Unicoque depuis 2000
La filière française de la noisette a subi une crise majeure en 2024, avec une baisse de production de près de 65 %, due à des attaques massives de ravageurs tels que la punaise diabolique et le balanin. Cette situation résulte principalement du retrait des néonicotinoïdes laissant les producteurs sans solutions phytopharmaceutiques efficaces. Malgré des alertes lancées auprès des pouvoirs publics, aucune solution efficace n’a été à ce jour apportée, menaçant la viabilité économique de la filière.
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