Engagés pour nos cultures – la filière colza
Le colza, une culture « multi-usages » à développer et un des oléagineux les plus cultivés en France
Les chiffres clefs :
Grande sensibilité au réchauffement climatique, peu de recherche face aux ravageurs… Comment assurer la continuité de la filière colza ?
Alors que la culture de colza ne posait pas de problème majeur, les producteurs voient se multiplier les difficultés depuis une dizaine d’années. En cause : le réchauffement climatique.
Une période de levée de plus en plus complexe
Historiquement, la période de semis était en août, ce qui permettait d’assurer une levée de la culture sans trop de difficulté. Ces dernières années, « ce n’est plus du tout le cas », explique Fabien, agriculteur en Indre-et-Loire : « Nous rencontrons des difficultés pour trouver les bonnes conditions à cette levée. Il suffit normalement d’une légère pluie pour assurer la germination mais en août, en particulier dans le centre et le sud de la France, les agriculteurs peuvent attendre longtemps avant de semer, car il n’y a pas une goutte d’eau, sauf pour ceux qui peuvent irriguer ».
Une exception toutefois pour 2024, qui a connu un été très pluvieux ; la culture du colza a fait preuve de résilience, grâce à un bon démarrage à l’automne.
Pratiquant l’agriculture de conservation des sols, Fabien développe cette technique qui permet notamment aux sols de mieux retenir l’eau. « Mais cela ne suffit pas pour garantir la levée », précise-t-il. « Aujourd’hui, il faut accepter d’être plus flexible sur les dates de semis. » À ce défi climatique, s’ajoute le risque de pression parasitaire.
« Si la levée est tardive, les plants de colza sont plus petits. Ils se défendront alors moins bien face aux insectes ravageurs. D’autant plus que cette pression s’accroît d’année en année alors qu’elle n’était pas un problème il y a 20 ans. »
La petite et la grosse altise posent le plus de problèmes en début de cycle (petites altises en août/septembre, grosses altises en automne). Leurs impacts peuvent être limités en associant la culture du colza avec des plantes « compagnes » (légumineuses) perturbant ces ravageurs. Cette technique ne réduit cependant pas le risque à zéro.
Le charançon de la tige est présent à la fin de l’hiver, au moment de la reprise de la végétation. Sa présence est favorisée par des températures hivernales douces. Le charançon de la tige est de plus en plus résistant aux insecticides, notamment à ceux de la famille des pyréthrinoïdes.
Le suivi du bulletin de santé du végétal (BSV) permet aux agriculteurs de prévoir les attaques et d’anticiper les traitements.
Des alternatives aux produits phytopharmaceutiques tardent à venir.
La protection du colza devient très complexe en raison des derniers retraits de matières actives. Si la gestion des adventices dicotylédones a été facilitée par l’arrivée de nouvelles solutions ces dernières années, il n’en est pas de même pour les graminées. Ray-grass et vulpins deviennent parfois ingérables face à l’absence de produit foliaire efficace.
« Au niveau des produits racinaires, il ne reste plus qu’une seule matière active performante : il est fort probable que l’on s’oriente vers une impasse technique majeure, sauf à revenir à un travail du sol très intensif ! » assure Fabien.
Le colza est également une culture assez sensible aux maladies fongiques comme le sclérotinia, le phoma, la cylindrosporiose, l’oïdium et l’alternaria.
« Il n’y a pas encore véritablement d’impasses techniques liées à ces maladies. Mais le problème, c’est le manque de diversité des solutions. On a tous peur de l’apparition des résistances. On utilise toujours les mêmes familles de produits car leur nombre ne cesse de se réduire », explique Fabien.
Enfin, les producteurs peuvent être confrontés à l’orobanche, plante parasite face à laquelle il n’existe aucune solution.
Des variétés résistantes font leur apparition progressivement mais ne sont pas encore assez productives. La présence d’orobanche rend une parcelle improductive pendant des dizaines d’années.
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