Engagés pour nos cultures – la filière cerise

La filière cerise traverse une crise, à la fois de production et de consommation. Entre aléas climatiques, pression parasitaire et contexte réglementaire défavorable, les vergers sont en danger.

La filière cerise dans l’impasse
Depuis plusieurs années, la filière « cerise » peine à assurer une production de qualité et en volumes suffisants. En effet, les producteurs subissent les aléas climatiques et les attaques d’insectes ravageurs qui détruisent les récoltes.
Cette pression parasitaire se traduit notamment par une multiplication des attaques de mouches ravageuses, la Drosophila suzukii et la Rhagoletis cerasi, et du puceron noir.
Par ailleurs, les évolutions règlementaires tendent à réduire le nombre de solutions de protection des plantes disponibles pour les agriculteurs. Aussi, les molécules qui restent autorisées présentent une moindre efficacité.
Face à ces impasses techniques, la dépendance à une météorologie favorable devient totale, c’est le seul espoir d’une récolte de qualité. Alors que les coûts des intrants augmentent et que la main d’œuvre devient difficile à la recruter, la filière cerise semble dans une impasse existentielle.
Un exemple d’impasse réglementaire : Le Phosmet
Jusqu’en 2022, le Phosmet constituait la pierre angulaire de toute la stratégie de protection des vergers de cerise contre les mouches. Utilisée chaque saison jusqu’à deux reprises et intégrée dans une stratégie phytopharmaceutique comme substance dite « pivot », elle présentait une efficacité satisfaisante et une bonne rémanence.
Depuis 2023, les producteurs ont désormais l’interdiction d’utiliser cette substance active. Cette interdiction s’ajoute à celle du Diméthoate, interdit en France depuis 2016 puis au niveau européen en 2019. En conséquence, les producteurs de cerise se trouvent dépourvus de solutions satisfaisantes.
La protection de la cerise à la recherche d’alternatives
Pour l’instant, plusieurs solutions phytopharmaceutiques sont disponibles à court terme mais se heurtent à deux obstacles. D’une part, elles sont pour la plupart moins efficaces. D’autre part, ces solutions doivent faire l’objet de demandes de dérogations annuelles.
De nouvelles pistes de protection des cerises
Dès lors, les producteurs qui envisagent de planter aujourd’hui de nouveaux cerisiers n’ont pas d’assurance de pouvoir lutter efficacement contre la Drosophila suzukii quand les premiers fruits arriveront (dans 4 à 6 ans).
Face à cette incertitude, l’une des pistes serait la mise en place de filets « insect proof ». Ensuite, plusieurs programmes de recherche sont en cours : lâchers de Ganaspis Brasiliensis (guêpes) contre la Drosophila suzukii, techniques d’injection, technique de l’Insecte Stérile (TIS)…
Par exemple, le ministère de l’Agriculture a autorisé des lâchers du parasitoïde Ganaspis brasiliensis sur des parcelles expérimentales. L’INRAE et le CTIFL pilotent ce programme du plan Parsada.
En 2024, vingt lâchers se sont déroulés en trois phases sur plusieurs sites. Après la récolte des fruits, les études se prolongent par un suivi des populations via des piégeages.
À la suite des récents dégâts opérés et inattendus par la Rhagoletis cerasi, la filière souligne également l’importance d’inclure cette lutte dans les programmes de recherches.
L’avenir de la filière cerise se joue maintenant
Aujourd’hui, les producteurs de cerises n’ont aucune perspective pour les prochaines années. Sans alternative à court terme, c’est toute la filière qui est menacée par une perte totale de récolte malgré le plan pluriannuel mis en place par le ministère de l’Agriculture.
« Plutôt que de retirer les molécules avant d’avoir trouvé des solutions, trouvons d’abord des solutions efficaces, pérennes et économiquement viables. C’est au niveau de la recherche qu’il faut mettre la pression, pas au niveau des producteurs ! Dans un contexte global de changements climatiques, l’économie des exploitations est fortement menacée et les ambitions d’obtenir des solutions en toute hâte ne doivent pas faire oublier que la commercialisation de la cerise doit être réalisée avec un prix de vente acceptable par le consommateur. »
Jean-Christophe Neyron, Président, et Alexandra Lacoste, Directrice, de l’AOP Cerises de France
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